XV de France : Et maintenant ?
Sans doute est-il toujours prématuré de tirer des enseignements à chaud, et serait-il de bon ton de hurler avec les loups contre le XV de France et ses résultats calamiteux de cet automne ? Car tout se mesure évidemment à l'aune de ces résultats, et cette fois-ci ne fera pas exception dans les commentaires et les expertises. Sans doute aussi que l'on va remettre en cause l'encadrement, ou la préparation d'une équipe que l'on attendait de voir sur trois tests sérieux.
Et si certains indulgents pouvaient considérer que, dans cette situation, il était impossible pour les Bleus de battre la Nouvelle-Zélande, et même que, dans des circonstances favorables, le score aurait pu s'inverser face aux Springboks, il sera un peu plus difficile de justifier ce nul face à une nation japonaise qui ne dispose ni de la même histoire que la France, ni de la même culture rugbystique, ni des mêmes acquis techniques...
Et pourtant, c'est bien la technique qui a failli du côté tricolore. Les ballons tombés et perdus, les passes en-avant...La technique mais aussi le mental, l'incapacité à prendre le meilleur devant, alors nous avons des joueurs qui évoluent dans le meilleur championnat au monde. Les avants français ont été tenus en échec dans leurs phases de conquête, par des Japonais qui leur rendaient 50 kg et qui manquaient de taille.
Réapprendre à jouer
Les Français disent pourtant beaucoup travailler à Marcoussis. Mais travailler dans quel sens ? Soulever de la fonte n'a jamais aider à trouver des intervalles. Et même sur le travail physique foncier, il y a indiscutablement un hiatus entre ce qui est recherché et ce qui est obtenu, au vu de la prestation de joueurs délités dans les mauls, et visiblement à bout. Cela était tellement criant notamment dans la vitesse d'exécution. Des Français lents et empruntés face à des Japonais toniques et virevoltants....Qui ont choisi le jeu vers le large et la vitesse du ballon. Ce que l'on appelait à une époque pas si lointaine le "french flair". Lequel a changé de nez.
Vingt années d'obsession défensive où les initiatives étaient taboues, sous les ères Laporte, Saint-André ou Liévremont, où les Français ont surtout appris à déjouer, ont fait que les nouveaux internationaux -dans un melting-pot de joueurs essayés à tous les postes- ne savent plus attaquer de façons fluides, et choisir les options les plus efficaces. Et que dire aussi de l'intelligence situationnelle, ce qu'on appelle l'intelligence de jeu. La capacité à varier le jeu, au lieu d'insister sur des phases qui ne fonctionnent pas et de rendre systématiquement le ballon à l'adversaire.
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Ce sont de petits détails, de petites fautes, qui en appellent de plus grosses, et qui forment ensemble tous les déchets techniques que l'on a vus durant ces trois matches de l'automne. Redonner leurs chances aux joueurs français issus de la formation, plutôt que de leur préférer dans les clubs, des pointures internationales de l'hémisphère sud, serait peut-être déjà une première pierre à l'édifice. Réapprendre le jeu également, les bases techniques, Les Français ne comprennent pas pourquoi ils n'y arrivent pas, malgré leurs intentions. Tout simplement parce qu'il manque du sens à leur jeu. De la technique, mais aussi du style, de l'offensive et ce qui fait la sève du rugby, sans doute un peu de folie aussi.
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