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XV de France : Ce qu'il faut retenir de la saison 2020 de l'équipe de France, celle de sa résurrection

L'épilogue, une défaite en finale de la Coupe d'automne des nations contre l'Angleterre en prolongations, est cruel mais il ne saurait faire oublier les belles pages que les Bleus ont commencé à écrire sous Fabien Galthié. Depuis sa prise de fonction, début 2020, le sélectionneur tricolore a su mettre en place un vrai projet de jeu, lancer des jeunes prometteurs, augmenter les capacités physiques du groupe, bref construire une véritable identité. Et ce n'est peut-être qu'un prologue.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (FRANCK FIFE / AFP)

La saison va s'achever et le rugby tricolore peut enfin se regarder dans une glace. Ces dernières années, il avait plutôt tendance à éviter son reflet. Trop de rougeurs infligées par des défaites infamantes lui déformaient le visage. Mais coach Galthié est arrivé. Expert en relooking, il a su transformer un XV de France souvent moribond en une équipe qui compte à nouveau sur l'échiquier  international. Il était temps. Depuis sa prise de fonction à l'orée du Tournoi 2020, on a l'impression que le rugby tricolore a passé plusieurs vitesses et qu'il est enfin entré dans l'ère du professionnalisme. C'est-à-dire qu'il a comblé une bonne partie de son retard par rapport aux meilleures nations des deux hémisphères. Tout n'est pas encore parfait et il ne s'agirait pas de se prendre pour Narcisse et de tomber dans la première flaque venue à force d'admirer son reflet. Mais les signes manifestes de progrès sont là, évidents. 

• Une équipe qui gagne

Tout commence par là. Les résultats. Le XV de France aurait beau produire un jeu de rêve et afficher un état d'esprit irréprochable, s'il ne gagnait pas on en serait toujours au même point, le point mort. Mais les Bleus ont réappris, patiemment, à gagner. Pas toujours brillamment, comme lors de cette dernière victoire en Ecosse par exemple, mais ils savent plier les matchs et préserver un avantage. Gérer un temps fort comme un temps faible. Ce sont là les bases du jeu mais le XV de France les avait oubliées ces dernières années. A l'heure de l'exercice strictement comptable, il n'y a que deux défaites dans la colonne débit. Un bond en avant incroyable dans la mesure où, depuis 9 ans, le bilan était constamment négatif. Ces deux défaites sont donc d'autant plus faciles à isoler : une face à l'Ecosse lors du dernier Tournoi, où rien n'avait fonctionné, et celle de ce dimanche, si dure, contre l'Angleterre. Dure mais aussi terriblement porteuse de promesses puisque pendant plus de 80 minutes, une équipe de France remaniée et privée de nombreux cadres a fait mieux que rivaliser avec les vice-champions du monde. 

Des vice-champions du monde que les Bleus avaient battus (24-17) pour leur entrée en lice dans le Tournoi et pour le baptême du feu de leur nouveau sélectionneur. Un signe précurseur, déjà. La suite n'a fait que poursuivre l'embellie avec des victoires contre toutes les autres nations qui ne portent pas un chardon lors d'un Tournoi disputé en deux temps, crise sanitaire oblige. Avec au passage et pour faire bonne mesure, un succès au pays de Galles où le coq n'avait plus chanté depuis 2010. Après cette épreuve où les Bleus ont retrouvé une deuxième place qui les fuyait depuis 2011, ils sont donc passés tout près de remporter cette Coupe d'automne des nations. Et, à quelques secondes près, il auraient même pu empocher leur premier titre depuis 2010. Ce n'est pas encore 100 ans de solitude mais la décennie s'achève sans trophée, une statistique que Fabien Galthié et ses dirigeants ne peuvent ignorer. Et laisser perdurer. 

• Un projet de jeu qui se dessine

Après les atermoiements de ces dernières saisons (jeu d'occupation ou off-loads à tout va ?), le XV de France tient enfin sa ligne directrice. Intuitif mais cadré, pragmatique sans être restrictif, le jeu des Bleus colle parfaitement à son époque. Et surtout, le sélectionneur s'est donné les moyens de ses ambitions en remettant ses joueurs au niveau sur le plan physique. Que l'on veuille ou non, cela reste la base de ce sport. Galthié l'a bien compris et, avec son staff, il a lourdement insisté sur le travail de résistance et d'intensité qui fait que, dorénavant, la France n'implose plus en vol à 20 minutes de la fin des matchs. 

Le gros chantier qui se profile à l'orée 2021 c'est encore cette indiscipline chronique qui coûte si cher aux Tricolores. Ces derniers ont payé le prix fort pas plus tard que face à l'Angleterre ce dimanche. Mais la base est là, saine et solide. La preuve que les joueurs adhèrent pleinement à ce projet est qu'ils ont beau céder leur place à d'autres, pour des raisons de blessures ou d'arrangements entre "amis" de la FFR et de la LNR, l'identité de jeu, elle, demeure. Et c'est sans doute ça, le fait de ne pas dépendre de quelques individualités, qui est le plus rassurant pour l'avenir.

Fabien Galthié entouré de ses joueurs du XV de France (FRANCK FIFE / AFP)

• Des leaders qui s'affirment

On a assez dit que cette équipe manquait de caractère pour souligner son état d'esprit remarquable depuis quelque temps. Le nouveau capitaine, Charles Ollivon, n'est absolument pas étranger à cette mue, sa modestie dut-elle en souffrir. C'est bien là l'un des coups de génie du sélectionneur que d'avoir confié le brassard au troisième ligne. Aimé et respecté de tous, il est irréprochable sur le pré et fédère dans son sillage la jeune garde. Parmi elle, difficile de ne pas citer ici Antoine Dupont (élu meilleur joueur du Tournoi, une grande première pour un Français depuis que ce prix a été créé en 2004) et Romain Ntamack. Les deux joueurs ont crevé l'écran et ont verrouillé la charnière pour de nombreuses années. Dans leur foulée, c'est toute la génération des doubles champion du monde juniors (2018 et 2019), dont on a tant attendu l'éclosion, qui bourgeonne et qui pousse à la porte du XV de France. En bon jardinier, Galthié les fait rentrer au compte-gouttes afin de ne pas en bouleverser l'équilibre encore fragile. Mais ils ne demandent qu'à grandir, à l'image de tout ce XV de France. 

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