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L'Australie ridiculise le XV de France

Rivalisant en première période (13-13 à la pause), l'équipe de France s'est totalement désagrégée ensuite face à l'Australie lors du dernier test-match de novembre. Les Wallabies se sont imposés 59-16 (7 essais à un), infligeant aux Bleus le plus gros revers à domicile de leur histoire. A 10 mois de la Coupe du monde, le constat est accablant pour la vitrine du rugby français.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 12min
 

Très inquiétant ! Après deux victoires peu convaincantes contre les Fidji (34-12) et  l'Argentine, les Français ont subi leur cinquième défaite consécutive contre les  Wallabies. La plus large de l'ère Lièvremont ouverte en 2008. Un cuisant échec, sur un score encore plus lourd que le 52-10 infligé par les Springboks en 1997 au Parc des Princes. Une déroute qui ne laisse rien présager de bon à moins d'un an du Mondial néo-zélandais dont les favoris seront de nouveau les nations de l'hémisphère Sud. Dominés en première période mais encore en course en tout début de seconde mi-temps grâce à une mêlée fermée à la hauteur, totalement dépassés ensuite par les fulgurances australiennes, les Français ont "mangé cher" durant les trente dernières minutes. Ce soir, tandis que les Wallabies sautaient dans tous les sens et sur tous les ballons, les Coqs avaient les pieds dans la mer...

Les Wallabies ont d'ailleurs démarré pied au plancher, trouvant la faille dès la quatrième minute en plein cœur de la défense tricolore. Sur une touche à 30 mètres de la ligne bleue, le demi-de-mêlée Will Genia donnait le ballon à Berrick Barnes qui adressait une superbe passe à son ailier James O'Connor qui perçait plein champ avant de servir son centre Adam Ashley-Cooper qui filait entre les perches. Le jeune O'Connor transformait (0-7). Les Français réagissaient immédiatement et la mêlée française mettait en difficulté le pack aussie. Monsieur Lawrence, l'arbitre néo-zélandais de la rencontre, accordait une pénalité aux Bleus que Morgan Parra se faisait une joie de convertir (3-7, 9e). Mais les Bleus se mettaient de nouveau à la faute sur une offensive australienne. Heureusement, le prodige O'Connor manquait la cible alors qu'il était en bonne position. Bis repetita dans la minute suivante où les hommes de Marc Lièvremont se trouvaient de nouveau hors-jeu: O'Connor ne manquait pas cette occasion (3-10, 14e). L'Australie, capable de mettre énormément d'intensité dans le jeu, étouffait les velléités françaises. Tranchants, sûrs de leurs forces, les Wallabies dominaient clairement les débats sur ce premier quart d'heure. Parra manquait également une pénalité (sur le poteau) à la 18e minute suite à une faute au sol adverse. Trois points qui auraient fait du bien aux Bleus…

L'équipe de France commençait toutefois à trouver des intervalles au sein de la défense acharnée des Jaune et Vert. Un placage haut de Berrick Barnes était sanctionné par l'arbitre et Parra redonnait des couleurs aux Tricolores (6-10, 20e). Mais les Bleus retombaient dans leurs travers dès que les Wallabies accéléraient. Monsieur Lawrence accordait une nouvelle pénalité aux visiteurs et avertissait le capitaine Thierry Dusautoir des fautes au sol à répétition. O'Connor, lui, enquillait (6-13, 25e). Alors, comme pour se rassurer sur leur point fort, les Français mettaient la pression devant. Le pack enchaînait un bon maul déroulant que l'Australie stoppait illicitement. L'arbitre accordait une pénalité que les Bleus décidaient de transformer en mêlée. Trois fois, les Australiens l'écroulaient. Ils étaient avertis par l'arbitre. La quatrième fois, Monsieur Lawrence accordait logiquement un essai de pénalité –transformé par Parra à bout portant (13-13, 31e). Il sortait également le carton jaune pour le pilier droit Ben Alexander qui avait souffert le martyre face à Thomas Domingo. Comme au printemps dernier lors du Grand Chelem, le XV de France pouvait compter sur son huit de devant. Surtout contre les hommes de Robbie Deans guères réputés dans ce secteur. Malheureusement pour la France, le talonneur William Servat sortait pour blessure, remplacé par Guilhem Guirado (36e). Sur l'action suivante, Drew Mitchell échouait en coin à un mètre de l'en but français après une nouvelle offensive éclaire d'une équipe d'Australie décidément fidèle à sa réputation d'équipe joueuse malgré son handicap numérique. Et comme les Français commettaient quelques fautes de main, les Australiens campaient dans les 40 mètres adverses. 

Les Bleus sans réaction

Une question demeurait: après l'entame de match ratée, comment l'équipe de France allait-elle aborder la seconde période ? Toujours à 15 contre 14 pour encore quelques instants, les Tricolores en profitaient pour mettre la pression devant, dans l'axe, là où les Wallabies se mettent le plus volontiers à la faute. Ce qui arriva très vite sur l'un des premiers rucks. Parra donnait l'avantage aux siens dès 40 m face aux poteaux (16-13, 42e). Mais ce sont les Wallabies qui reprenaient aussitôt le contrôle du match. Dusautoir sauvait deux fois les Bleus sur deux placages déterminants près de la ligne mais l'action suivante était la bonne pour l'Australie qui décidait d'accélérer les débats. En cinq minutes, les Aussies marquaient deux essais transformés de toute beauté avec la bénédiction des Français, auteurs de nombreux placages manqués. Le premier après une percée d'Adam Ashley-Cooper: arrêté par Fulgence Ouedraogo devant l'en-but, le brillant centre australien parvenait à libérer son ballon pour ses avants, et le pilier Benn Robinson concluait en force. Le second suite à une percée plein champ d'Ashley-Cooper, intenable, qui échappait à la défense bleue pour créer un énième point de fixation près de la ligne: Genia sortait le ballon, feintait la passe et aplatissait finalement seul entre deux avants impuissants (16-27, 53e). Dans la foulée, Fabrice Estebanez suppléait Yannick Jauzion, fatigué. A l'heure de jeu, James O'Connor passait une nouvelle pénalité (16-30, 61e).

Les Français, abattus, accusaient le coup. Usés par les percussions et le rythme mis par les Wallabies dans ce vrai test-match (contrairement à ceux disputés face aux Fidji et aux Argentins sous la pluie), les joueurs du trio Lièvremont-Retière-Ntamack semblaient impuissants dès que le jeu s'emballait. Hormis les phases statiques et les mauls, les Bleus subissaient les impacts. La vitesse de jeu adverse faisait la différence bien trop souvent. Nouvel exemple à la 67e minute avec un nouvel essai des trois quarts australiens qui déroulaient leur rugby pour le plus grand plaisir des supporters du Stade de France, admiratifs. Mitchell concluait en coin un beau travail de Beale, l'arrière océanien aux semelles de vent. O'Connor transformait (16-37). Le cap des 40 points était atteint à huit minutes du terme sur une nouvelle pénalité d'O'Connor. Le score était lourd mais conforme aux évènements. Et ce n'était pas fini. Drew Mitchell inscrivait son deuxième essai personnel, le cinquième pour son équipe (16-47 après la transformation). Et comme il était dit que les Français boiraient le calice jusqu'à la lie, Rocky Elsom y allait de son "touchdown" à quatre minutes de la fin. Avant que le jeune O'Connor, bien servi par Beale, ne corse encore l'addition dans les arrêts de jeu: 16-59, quelle débâcle !

Réactions

Thierry Dusautoir (capitaine du XV de France, sur  France 2): "On a été complètement dépassés en deuxième mi-temps, on a été  inexistants. On prend deux essais en début de deuxième période qui leur  permettent de faire le break, ils ont ensuite pu accélérer. Nous, on s'est  désuni, on leur laisse des espaces et prendre les extérieurs. On lâche  complètement. On a échoué, on n'a pas été à la hauteur, point."

Morgan Parra (demi de mêlée du XV de France):  "C'est une humiliation complète. Même si on a subi en première mi-temps on a su  tenir, avoir une grosse solidarité. Et puis en l'espace de quelques minutes ont  prend une rafale. On n'a pas d'excuses, il va falloir travailler."

Julien Pierre (2e ligne du XV de France): "Ils ont pratiqué un rugby  extraordinaire en deuxième mi-temps. Nous on a commencé à les regarder jouer, à  reculer sur tous les impacts, à ne plus plaquer. Contre une équipe comme ça, ça  ne pardonne pas. Ca fait très mal, ça va être dur de se remettre de ça. On avait  peur qu'ils mettent leur jeu en place. Dès qu'ils ont commencé à faire ça, on  s'est peut-être crispés. C'est un naufrage collectif."

Damien Traille (ouvreur du XV de France): "On a  craqué psychologiquement, mentalement, physiquement face à une équipe  d'Australie qui est, il faut le reconnaître, largement au-dessus de nous. On a  pris un, deux essais, on n'a pas su se remobiliser et avoir un peu plus de  fierté pour éviter un score aussi lourd. En 30 minutes, on prend 45 points,  c'est difficile à accepter. Il va falloir trouver des explications."
      
Julien Bonnaire (3e ligne du XV de France): "Ils (les Australiens) ont très  bien joué. On a tendu le bâton pour se faire battre, on était souvent en  sous-nombre. On a fait trop d'erreurs pour espérer quelque chose. Il y a du  travail. Ce groupe a plus de potentiel que ce qu'il a montré ce soir."

Robbie Deans (entraîneur de l'Australie):  "Les gars avaient manifestement envie de bien finir cette tournée, qui avait  bien débuté et s'est bien terminée malgré quelques frustrations dans  l'intervalle. Tout ce que nous avions travaillé à l'entraînement a été bien  appliqué ce soir. Dans la finition, notamment. Mais c'est facile de finir quand  on fait le travail dans les zones de contact. Nous avons bien conservé la balle,  nous n'avons pas eu besoin de beaucoup d'espaces pour franchir la ligne. Tout  cela a conduit à une très bonne finition. En rugby, dans les matches  internationaux, la barrière de quatorze points (d'avance) est à l'évidence  déterminante. Dès que nous l'avons franchie, le match n'était plus le même et  nous avons conservé notre état d'esprit. Après ce résultat, je ne pense pas que  ce soit le meilleur moment (pour parler du XV de France). Ce sont les vainqueurs  des Six nations et ils n'étaient à l'évidence pas dans le coup ce soir. Ils vont  certainement rebondir."
      
Rocky Elsom (capitaine de l'Australie): "Le plus important est que notre  ouvreur a joué dans le bon tempo. On savait qu'il fallait conserver la balle,  être patient et bien choisir les coups pour attaquer et assurer la finition.  Quand on a marqué ces deux essais (en début de seconde période), on a senti les  Français abattus, on a senti le goût du sang, on a continué d'attaquer et on a  marqué de nouveau."

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