France - Nouvelle-Zélande, les 3 clés du match
La rigueur
Le XV du Trèfle a surpris les doubles champions du monde en titre par une rigueur sans faille en conquête, mais aussi en les sevrant de ballons. "L'Irlande leur a mis une très grosse pression en défense avec un rideau hermétique, et au pied", analyse le troisième ligne Damien Chouly. "Ils ont été bons sous les ballons hauts. Quand tu (l'attaquant, après un coup de pied) prends le ballon ou le mec en-dessous, forcément c'est plus difficile de contre-attaquer."
Préférer le jeu de pression au jeu d'occupation afin "de ne jamais rendre le ballon à l'adversaire", c'est aussi ce que préconise son coéquipier Rémi Lamerat. "Ou alors quand on les rend, leur mettre une grosse pression et ne pas les lâcher", estime Chouly. "On sait que dès qu'ils sont en confort, qu'ils ont le moindre petit espace, qu'ils décèlent une faille, on est 'à la poursuite' et c'est minimum trois points." Cela signifie ne pas réitérer les mêmes erreurs que contre l'Australie (23-25), à qui les Français ont "donné beaucoup trop de points", reconnaît Chouly.
Notamment parce qu'ils ont été dominés dans les regroupements, où ils devront faire preuve de beaucoup plus de réactivité au soutien. Et en raison de nombreux plaquages manqués (81% de réussite). Faut-il plaquer à deux, comme les Irlandais? "C'est risqué car on consomme beaucoup de joueurs (dans les rucks)", estime Lamerat, partagé: "Ils arrivent à faire jouer énormément derrière eux. La paire de centres néo-zélandaise est celle qui lâche le plus de ballons après contact, ce qui permet à l'équipe des Blacks d'être toujours dans l'avancée. On n'a pas ciblé le plaquage à deux, mais on l'a dans un coin de la tête."
La constance
Les All Blacks ont pris la bonne habitude de faire plier l'adversaire autour de l'heure de jeu. "On sait que le +cut+ est à la 50e/60e minute", reconnaît Chouly. "Les organismes commencent vraiment à tirer et on a tendance à plus rendre de ballons, sous la fatigue. Et eux les utilisent à bon escient. On est prévenu." Lamerat relativise cette barre symbolique et souligne que contre l'Australie, "on finit beaucoup mieux le match qu'eux".
"Les séquences qu'on a réussi à imposer à la fin à la 3e meilleure nation mondiale sont intéressantes, relève Lamerat. On aimerait être devant ou pas loin à la 60e, mais il faut voir au-delà."
La régularité dans l'agressivité, qui a fait défaut contre les Wallabies, sera primordiale. "On doit être meilleurs, capables de mettre de l'intensité et de l'agressivité pendant 80 minutes", insistent en coeur le sélectionneur Guy Novès et le troisième ligne Louis Picamoles.
La confiance
C'est peut-être le plus grand défi qui attend les Bleus: croire en leur capacité de rivaliser avec une équipe qui les a martyrisés un an plus tôt à Cardiff (62-13). Lamerat, qui va affronter les Blacks pour la première fois, le dit en parfait Occitan: "C'est des joueurs, une équipe, une atmosphère que tout le monde admire. Après, une fois sur le terrain, il faut arrêter de les 'bader' (regarder bouche bée, NDLR), avec tout le respect qu'on a pour eux."
Les Français devront garder confiance dans leur projet de jeu tout en mouvement, sans tomber dans le "hourra rugby " pour autant, prévient le centre. Et ce, même en cas de gros temps si les ogres noirs se goinfrent de ballons de récupération.
"C'est quand on surjoue, et qu'on tente un peu la passe impossible, qu'on donne une munition facile, rappelle Chouly. A nous d'être plus précis, un ballon c'est très précieux (...) Il faudra peut-être alterner un peu plus, mais en tout cas, ne pas se débarrasser du ballon. Mais si on ne tente pas, on ne réussira jamais rien."
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