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Tournoi des six nations : dix raisons de craindre le pire pour le XV de France

Les hommes de Philippe Saint-André débutent par un gros morceau, en rencontrant l'Angleterre au Stade de France ce samedi. Et on ne peut pas dire que les derniers matchs des Bleus aient été rassurants.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Deux supporters désabusés du XV de France lors du match Nouvelle-Zélande-France, à Christchurch (Nouvelle-Zélande), le 15 juin 2013.  (© ANTHONY PHELPS / REUTERS / X01468)

Philippe Saint-André a du mal à dormir. "Le France-Angleterre hante mes nuits. Ce match doit donner le tempo de notre tournoi", a confié le sélectionneur du XV de France de rugby à l'AFP, avant le crunch du samedi 1er février, au Stade de France. Même si les Anglais sont privés de plusieurs joueurs vedettes, même s'ils ont dans les pattes la tournée des Lions Britanniques, même si l'équipe de France réussit bien les années paires, même si les Bleus ne peuvent pas faire pire que l'année dernière, il y a des raisons d'être inquiet. Au moins dix.

1L'équipe de France ne propose que des matchs barbants

Demandez à Yannick Nyanga, le troisième ligne du Stade toulousain, interrogé sur Rugbyrama : "Ces derniers temps, je pense que ça doit être une purge pour ceux qui nous supportent." Mine de rien, le dernier match convaincant du XV de France, c'était contre l'Australie, le 11 novembre 2012. 

L'ancien international anglais Phil Vickery ne reconnaît pas la patte Saint-André dans cette équipe frileuse. Il explique sur ESPN Scrum (en anglais) : "Philippe Saint-André est un bon gars, un meneur d'hommes, et si son équipe pouvait jouer avec l'émotion et la passion qu'il dégageait du temps où il était sur le terrain, elle n'aurait aucun problème."

2La France n'a plus de jeu d'attaque

Lors du Tournoi de l'an passé, les Bleus ont inscrit six essais en cinq matchs, et ont marqué leurs rares essais "sur des ballons de récupération", remarque le talonneur Raphaël Ibanez dans Le Parisien. Comprendre : un ballon qui traîne alors que l'équipe adverse n'est pas replacée. Mais la dernière attaque placée du XV de France remonte à quand ?

3La France n'a pas de joueur d'exception, sauf Wesley Fofana

Le centre clermontois est LE joueur cité par tous les observateurs comme le principal atout du XV de France. Ce qui veut dire à la fois qu'il est la principale menace pour les adversaires, mais aussi qu'il est un peu seul sur le front de l'attaque.

4Problème : Wesley Fofana ne fait pas de passes

Wesley Fofana a marqué le plus bel essai du Tournoi 2013, un rush de 70 mètres à Twickenham, contre les Anglais, en éliminant six adversaires. Un essai à zéro passe dont il est coutumier. Lors du Tournoi 2012, il avait marqué davantage d'essais qu'il n'avait fait de passes. Depuis, sa tendance à garder le ballon n'a pas évolué. En revanche, le marquage strict des adversaires, si.

5La France n'a pas de "colonne vertébrale"

"J’ai du mal à identifier la colonne vertébrale de cette équipe", analyse l'ancien sélectionneur Pierre Berbizier dans Sud Ouest. La colonne vertébrale est formée de joueurs évoluant aux postes 2-8-9-10. Or, tant au poste de talonneur qu'en troisième ligne ou à la charnière, Philippe Saint-André a beaucoup tâtonné, sans que personne ne s'impose à ce poste.


Pour preuve, le nouvel ouvreur choisi pour défier les Anglais s'appelle Jules Plisson. Il a 22 ans, et ce sera sa première sélection.

6Les clubs français sont très forts en Coupe d'Europe (et c'est mauvais signe)

On pourrait se rassurer en regardant les résultats des clubs français face aux équipes anglaises en Coupe d'Europe. Clermont a concassé les Harlequins et Toulouse a nettement dominé les Saracens. Mais... ce n'est pas bon signe. Ainsi, l'Irlande n'a plus brillé dans le Tournoi dès lors que ses clubs ont enchaîné les victoires en Coupe d'Europe, relève le Guardian (article en anglais).

7La France a réussi à se faire refiler l'étiquette de favori

Demandez à l'ex-international anglais Ben Kay sur le Daily Mail (article en anglais) ou à Warren Gatland, l'entraîneur de l'équipe galloise, et même aux bookmakers britanniques : ils voient tous la France finir tout près de la première place. Souci : l'étiquette de favori ne réussit pas aux Français, prompts à trembler sous la pression. Heureusement, Philippe Saint-André a aussitôt relativisé : "Quand vous avez été dernier en 2013, c'est difficile de dire l'année suivante que vous êtes le favori".

8Ce sont les Anglais qui ont le "Monsieur Plus"

Les Anglais ont une arme secrète : Matt Parker, l'homme qui était en charge des "gains marginaux" pour l'équipe cycliste Sky, qui règne sur le Tour de France depuis deux ans. Il a aussi conduit l'équipe olympique britannique de cyclisme sur piste à une véritable moisson de médailles lors des JO de Londres, en 2012. Le job de Matt Parker, c'est de prendre, lors de la préparation des athlètes, des petites mesures qui s'avèrent déterminantes pour améliorer leur performance. Comme de leur faire consommer de l'huile de poisson riche en anti-oxydants pour qu'ils récupèrent plus vite, ou afficher des messages d'encouragement de fans dans les vestiaires du centre d'entraînement du XV de la Rose, rapporte le Guardian (article en anglais)

9Les Français en sont encore à chercher leur "bulbe"

"J'espère qu'on a un peu de bulbe et qu'on va le montrer samedi", espère Yannick Nyanga dans Rugbyrama.


Note aux esprits mal tournés : "bulbe" veut dire "fierté", hein. Et sans fierté, pas grand-chose à espérer contre les Anglais.

10Les matchs "Pam Pam jus de fruits", ça n'existe plus

Interrogé sur l'année catastrophique du XV de France, avec deux victoires en onze matchs, le pilier Yannick Forestier s'est défendu en rappelant que les Bleus s'étaient coltinés quatre fois la Nouvelle-Zélande, puis l'Afrique du Sud. Avec cette expression hors d'âge : "Ce n’était pas des tournées 'Pam Pam, jus de fruits' [une marque de jus de fruits populaire dans les années 1970, comprenez un match facile sans gros enjeu]"Rappelons que la France a aussi perdu contre l'Italie et peiné contre les Tonga, des équipes qui apprécieront sûrement de se voir accoler ce qualificatif fruité. Et que le calendrier de cette année prévoit, en plus du Tournoi des six nations, trois déplacements en Australie...

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