Yannick Nyanga : le flanker du Racing 92 retrouve le Stade Toulousain
Détonateur réputé dans le rugby français, international à 46 reprises (6 essais) avec le XV de France, Yannick Nyanga n'a plus grand-chose à prouver sur un terrain. Sa carrière parle pour lui. Pourtant, le flanker tricolore, malgré ses 32 printemps, le revendique : "J'ai l'impression de me bonifier au fil des saisons." Preuve de sa motivation et de son ambition toujours d'actualité, après dix ans passés au Stade Toulousain et trois boucliers de Brennus décrochés (2008, 2011 et 2012), le natif de Kinshasa (RD Congo), formé à Béziers, a décidé de rebondir l'an passé. Et c'est ainsi qu'il a rejoint son pote Dimitri Szarzewski dans la capitale, pour enfiler la tunique du Racing 92.
"Il faut avoir de la colère"
Coup d'essai, coup de maître : fin juin au Camp Nou de Barcelone, il a activement participé à l'exploit du club parisien, vainqueur de la finale du Top 14, aux dépens du RC Toulon (29-21), pourtant tenant du titre. Au terme d'une prestation de premier plan, Nyanga a ajouté un quatrième sacre à son palmarès richement doté. "Une équipe devient d'abord forte de l'intérieur, quand tout le monde a compris que rien ne peut être plus grand que le groupe", résume un Yannick Nyanga qui, aujourd'hui, prépare ses diplômes d'entraîneur, en vue d'une reconversion de technicien dans le ballon ovale.
L'homme, discret dans la vie, peut-il revenir en bleu, surtout avec un Guy Noves, son ancien coach, à la tête du XV de France. Lui n'y croit pas trop, même s'il n'a rien annoncé quant à son avenir international : "Je ne me vois pas faire une conférence de presse pour dire : "J'arrête !". Aujourd'hui, je mise sur le Racing, je ne pense même pas au reste." Avant de conclure sur ce sujet : "Il faut savoir mettre ses états d'âme de côté !" Personne ne pourra remettre en cause l'appétit d'un Nyanga pas encore rassasié et toujours emballé par l'odeur de la compétition : "Avant chaque match, il faut avoir de la colère, de la peur aussi. Cela aide à la motivation. Quand on n'a ni l'un, ni l'autre, ça devient délicat."
Accident de la circulation et délit de fuite
Ses dernières retrouvailles avec le son ancien club, le Stade Toulousain, en avril dernier (défaite au Stadium 3-14) lui a laissé un souvenir mitigé. Tout avait bien commencé, Yannick Nyanga avait été applaudi par son ancien public : "J'ai passé dix ans ici, c'est une histoire spéciale. Cela m'a fait bizarre de revenir sous de nouvelles couleurs. Mais, même avec une autre tunique, les gens ne m'ont pas oublié. Je ne les remercierai jamais assez..."
L'émotion à fleur de peau, le Troisième ligne aile a moins goûté à cette entorse de la cheville subie durant la rencontre. Ni surtout à l'incident qui, en mai dernier, l'a choqué quelques jours plus tard. Forfait pour un match contre Pau, Nyanga vient à Colombes en simple spectateur. A quelques encablures du stade Yves-du-Manoir, le flanker du Racing 92 est victime d'un accident de la circulation. Rien de grave physiquement. Sauf que, à l'intérieur du véhicule responsable du crash, les occupants prennent, à sa grande surprise, la fuite. Plus de peur que de mal...
"J'ai souffert du racisme"
Heureusement, début juin, Yannick reprendra l'entraînement collectif, avant de vivre le magnifique épilogue catalan. Véritable écorché vif, mais grand sensible devant l'éternel, Yannick Nyanga profite aujourd'hui de ce que le rugby lui a apporté. Fier aussi, avec pas mal de principes et suffisamment de philosophie, d'avoir fait tomber certains préjugés raciaux : "J'ai souffert par le passé du racisme mais comme n'importe quel noir, n'importe quel gros, n'importe quel Chinois ou Arabe... Le racisme, il faut le combattre. Mais je pense que c'est souvent de l'ignorance." Gêné en début de saison par une fracture du gros orteil au pied droit, le Racingmen a loupé le premier match de la saison à Bordeaux-Bègles. Son retour est précieux, car son expérience n'a pas de prix.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.