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William Servat, des adieux en fanfare

Deux fois champion de France, triple champion d’Europe et nanti de 44 sélections en équipe de France, William Servat attaquait le dernier match de sa carrière avec un vrai défi en tête : quitter la scène rugbystique sur un ultime Bouclier de Brennus. Pari réussi pour l'un des plus grands "talons" de l'histoire du rugby tricolore qui a eu l'honneur de soulever le Bouclier de Brennus avec son capitaine Thierry Dusautoir.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

En 1992, face à pareil défi, le Biarrot Serge Blanco s’était pris les pieds dans le tapis, victime d’un Rugby Club Toulonnais qui enlevait là son troisième titre de champion de France. Vingt ans plus tard, Servat avait donc l’honneur de fouler une dernière fois la mythique pelouse du Stade de France pour le dernier grand rendez-vous de sa carrière de joueur, avant de prendre en mains l’entraînement des avants du Stade Toulousain dès cet été, aux côtés de Guy Novès et Jean-Baptiste Elissalde, en remplacement de son ancien compère du talonnage rouge et noir, Yannick Bru (en partance pour le XV de France). Après un échauffement collectif avec ses camarades de jeu et un discours de Bru avec les Stadistes en cercle autour de lui, « la Bûche » est retourné quelques minutes aux vestiaires, le temps de se concentrer avant l’entame de match, toujours prépondérante lors d’une finale. 

Le taulier du pack rouge et noir

William Servat rentrait dans ce match bille en tête. Il réussissait son premier lancé en touche (6e) et enfonçait avec ses compères du pack les avants varois sur la première mêlée du match, deux minutes plus tard. Avec la pluie, le jeu au pied devenait crucial et les phases de combat également. Servat, au cœur des regroupements, ne laissait pas sa part aux chiens. C’était un match de duels et le natif de Saint-Gaudens (34 ans) aime ça.

Au sein de la mêlée toulousaine, Servat malmenait son vis-à-vis, Sébastien Bruno (37 printemps au compteur). En touche, il assurait l’essentiel, trouvant ses sauteurs et respectant parfaitement les annonces de Bouilhou. Dans les rucks, le talonneur rouge et noir déblayait comme à ses plus beaux jours malgré la férocité des Provençaux. Et sur un dernier effort de son pack à quelques minutes de la pause, Toulouse égalisait à 9-9. A quatre reprises, la mêlée stadiste avait emportée son homologue, privée du pilier All Black Carl Hayman, suspendu. Servat regagnait les vestiaires sur ce score de parité, tout restant possible. 

Carton jaune et retour fracassant

Bis repetita en début de seconde période avec un pack toulousain toujours efficace en mêlée mais embêté dans la zone plaqueur-plaqué. A la pointe du combat, Servat profitait du moindre arrêt de jeu pour encourager ses partenaires. A la 52e, Monsieur Poite rappelait à l’ordre les deux talonneurs coupables de s’être chamaillés et distribuait deux cartons jaunes. « La Buche » était contrainte de passer dix minutes au frigo. Il pestait contre lui-même en regagnant le banc de touche, conscient d’avoir fait une erreur. Lorsqu’il revenait en jeu, le score n’avait pas évolué. Servat, dont le prénom était scandé par les supporters de la Ville Rose, poussait alors très fort sur une énième mêlée, permettant à son club de récupérer une nouvelle pénalité dans ce secteur, la sixième de la rencontre. Les Stadistes reprenaient trois longueurs d’avance.

Dans la foulée, le numéro 2 toulousain chargeait plein fer sur Jonny Wilkinson et faisait chavirer de plaisir le virage toulousain. Quelques instants plus tard, le trou était fait (18-12). Mine de rien, le retour de son fer de lance avait reboosté le pack champion de France. Dans les dernières minutes, Servat et ses camarades de devant poursuivaient leur travail de sape. Résistant dans les derniers instants à la furia toulonnaise, le Stade faisait parler sa plus grande expérience, celle acquise par des garçons comme William Servat au fur et à mesure d’une brillante carrière. Félicité par tous ses coéquipiers, le talonneur international peut quitter le pré la tête haute. Et des souvenirs à la pelle pour ses vieux jours. Chapeau Monsieur Servat !

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