Toulon respire, le Stade Français s'enfonce
Ce choc, tronqué par les absences, entre les Parisiens, champions de France en titre, et les Varois, triples champions d'Europe, aura finalement accouché d'une prestation minuscule et, à aucun moment, on n'a flairé l'air des sommets qu'il promettait. Mais dans une période troublée pour le RCT, privé d'une vingtaine de joueurs en raison de la Coupe du monde et jusque-là en panne sèche dans le jeu, ce résultat aura le mérite de redonner un peu le sourire au président Mourad Boudjellal. Ce dernier, inquiet du triste aspect de ses troupes, semblait vouloir réorganiser l'encadrement de son équipe, après avoir exploré une piste très médiatisée auprès de Fabien Galthié. Cela attendra sûrement un peu, à la faveur de ce succès à l'extérieur qui compense ainsi la défaite à Mayol contre le Racing 92 fin août (27-22).
Ce revers est en revanche pesant pour les Parisiens qui traînent la patte au classement (12e) et devront se déplacer à Montpellier le week-end prochain pour espérer sauver les meubles avant une longue coupure d'un mois, pour laisser place aux sélections. Longtemps au coude à coude avec Toulon (13-13), ils ont été privés du moindre point au classement sur un essai à quatre minutes de la fin de l'arrière du RCT Lachlan Turner, à l'issue d'une très longue séquence bien maîtrisée. Auparavant, à l'image de l'éclairage défaillant qui a privé les acteurs et spectateurs d'un partie du spectacle, les deux équipes n'ont été que l'ombre d'elles-mêmes.
Brouillon de rugby
Ainsi, le Stade Français a payé une indiscipline chronique dans le jeu au sol, avec 8 pénalités concédées dans ce secteur. Et on n'a rien vu de ce RCT habituellement si conquérant et si dominateur dans les duels. Si les deux formations se sont si longtemps neutralisées, c'est principalement en raison de leur maladresse. Chacune a égaré une douzaine de points au pied, sans compter les ballons perdus ou tombés, à l'image de ces 8 en-avants toulonnais. Bref, ce n'est pas tant ce brouillon de rugby qu'il faudra retenir que l'élan qu'il redonne à Toulon, désormais 8e au classement. Et le coup d'arrêt qu'il représente pour une équipe parisienne soudainement dans la difficulté.
Déclarations :
Bernard Laporte, entraîneur de Toulon: "Il n'y a aucune satisfaction ou soulagement particuliers d'avoir gagné. La route est longue. L'an dernier, on avait fini premiers en perdant à Castres et au Stade Français... J'avais dit simplement qu'on n'allait pas laisser un difficile héritage aux 20 joueurs qui n'étaient pas là (en raison du Mondial, ndlr) et qu'il fallait récupérer ces quatre points perdus à domicile contre le Racing (lors de la 1re journée, ndlr). Je suis fier de leur rébellion, de leur réaction. C'est le 3e match seulement, on n'allait pas s'exciter non plus. J'ai dit qu'on allait se concentrer sur nous et c'est ce que les joueurs ont fait, ils ont eu une réaction d'orgueil."
Gonzalo Quesada, entraîneur du Stade Français: "Je crois qu'il y a pas mal de choses à analyser. Il faut d'abord féliciter Toulon qui, comme on l'avait imaginé, avait pas mal de raisons de venir très déterminé. Nous, on a fait trop de fautes individuelles que l'on ne voit pas souvent. Mine de rien, on a fait un match correct dans le combat, à la conquête, mais on n'a pas su s'adapter à l'arbitrage du jeu au sol. On a eu un coup d'arrêt à Brive (le week-end précédent, ndlr), on a eu un coup d'arrêt ici mais ce n'est pas une catastrophe. On joue dans les conditions que l'on a, on fait ce qu'on peut... Je ne mettrai pas d'adjectif pour ne pas blesser quiconque. Je tiens en tout cas à rendre hommage aux petits jeunes qui nous ont dépannés, à Paul Alo-Emile qui est arrivé il y a une semaine et qui a joué presque tout le match... On sait que la préparation ne sera pas optimale d'ici à samedi prochain (contre Montpellier, ndlr) non plus."
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