Top 14 : Toulon-Clermont, les deuxième ligne ont la vedette
Ils sont rarement en pleine lumière. Mais pour Toulon-Clermont, choc de la 11e journée de Top 14 dimanche à 21h00, tous les yeux seront tournés vers la deuxième ligne et le duel entre Eben Etzebeth et Sébastien Vahaamahina, aux destins opposés lors de la dernière Coupe du monde. "C'est malheureux, ce qui lui est arrivé." On ne frappe pas un homme à terre et Etzebeth, comme le monde du rugby dans sa globalité, a des mots de réconfort pour "Vahaa", "un très bon joueur" qu'il a "hâte" de croiser. Même s'il souligne par ailleurs, dans un entretien à l'AFP, qu'il n'a "jamais perdu (son) calme comme ça".
"Ça", c'est évidemment le coup de coude infligé en mondovision au Gallois Aaron Wainwright lors du quart de finale du Mondial que le XV de France avait attaqué par le bon bout (19-10) et fini par perdre d'un rien (19-20), forcément pénalisé par le carton rouge infligé au Clermontois. Enfoncé par Bernard Laporte - "tu prives l'équipe de France d'une demi-finale", lui a dit le président de la Fédération dans les vestiaires -, "Vahaa" annonçait le lendemain, au moment d'embarquer dans l'avion qui ramenait les Bleus de Tokyo, sa retraite internationale à seulement 28 ans et après 46 sélections. Suspendu six semaines pour son coup de sang, il effectuera son retour à la compétition dimanche.
"Il a des potes en face"
"Je le trouve dans de très bonnes dispositions", a dit vendredi son entraîneur à l'ASM Franck Azéma, sur lequel le Néo-Calédonien a pu s'appuyer pour tourner la page. "C'était important de débriefer avec lui quand il est rentré, de le laisser individualiser au mieux ses semaines de suspension, d'évacuer toute la +bobologie+ accumulée, de voir comment on pouvait optimiser sa qualité physique, sa préparation, les skills aussi, tout en restant au contact du groupe", a détaillé Azéma à propos du mois et demi d'attente.
Qui prendra donc fin dans le chaudron de Mayol, face à un public réputé chambreur et au meilleur ennemi des Auvergnats de ces dernières années. Pas le meilleur endroit pour se relancer? "Il a des potes en face aussi, il y a du respect par rapport à ça... je pense qu'ils (les supporters toulonnais) reconnaissent ses qualités de rugueux, de combat", objecte Azéma. "Ca lui fera le plus grand bien", assure le pilier gauche Etienne Falgoux.
Sur le chemin de Botha
Rugueux, combatif, des qualités pareillement accolées à Etzebeth (28 ans également, 85 sél.), dernière star signée par le président historique Mourad Boudjellal et qui a débarqué fin novembre sur la rade, auréolé de son titre de champion du monde avec les Springboks. "Faire venir Eben Etzebeth, c'était un rêve toulonnais" pour Boudjellal, en train de passer les clés au nouveau propriétaire Bernard Lemaître après avoir attiré les plus grandes stars de la planète (Umaga, Wilkinson, Ali et S.B. Williams, Habana, Nonu) depuis 2006. Dont un certain... Bakkies Botha, autre deuxième ligne sud-africain de légende auquel Mayol cherche un successeur depuis 2015.
Cornaqué de main de maître par Laporte, Botha a tout raflé avec le RCT, et notamment deux Coupes d'Europe remportées face à... Clermont (2013, 2015). Un exemple à suivre pour Etzebeth. "Le fait que Bakkies Botha ait montré la voie ici, ça donne du sens et ça a dû peser dans sa décision" de venir à Toulon, dit Boujellal. "Bakkies Botha a préparé le chemin pour Eben Etzebeth."
Reste maintenant à faire ses preuves dans un championnat auquel les joueurs de l'hémisphère sud ont des fois du mal à s'adapter. Mais le manager Patrice Collazo n'a plus de doute après avoir vu son joueur "nerveux" pour sa première feuille de match en Challenge européen contre les London Irish. "Ça prouve que même si on est champion du monde et qu'on a gagné beaucoup de choses, on a encore des choses à aller chercher." Dimanche, il sera beaucoup question de nouvelles quêtes en deuxième ligne.
Voir sur Twitter
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.