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Top 14 : La relégation guette Brive, l'économie locale s'inquiète

Brive se déplace ce samedi sur la pelouse du Stade Français (20h45) dans un match crucial pour le maintien. Les Brivistes, 14e et bon derniers, comptent 6 points de retard sur leur adversaire du soir et premier non relégable (12e). A deux journées de la fin, l'alerte générale a été décrétée en Corrèze. Sportivement, une deuxième rétrogradation, en six ans, plane au dessus du club. Mais au delà du terrain, c'est tout le tissu économique local qui pourrait être impacté par la chute du CAB.
Article rédigé par Maxime Gil
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Une deuxième finale. Voilà comment Brive aborde son déplacement au Stade Français. La première ? C’était il y a quinze jours, à Oyonnax. Un rendez-vous qui a viré au fiasco (défaite 40-17), les Corréziens récupérant le fauteuil de lanterne rouge à la place des Haut-Bugistes. Ce déplacement à Charles-Mathon est resté en travers de la gorge de Thomas Laranjeira : « Contre Oyonnax, on s’est menti. On s’est dit des choses que l’on n’a pas respectées ». A l’heure de défier le Stade Français, le trois-quarts polyvalent du CAB et ses coéquipiers n’ont « plus le choix ! ».

Au point que le joueur de 25 ans parle de la rencontre dans la Capitale comme le match « certainement le plus important de notre carrière. » Avec seulement deux victoires en 2018 (sur 10 matches joués !), Brive est en mauvaise posture. Qu’elle semble loin cette série de 5 matches, fin 2017, où les hommes de Didier Casadeï et Jean-Baptiste Péjoine avaient récolté 15 points sur 25 possibles (3 victoires, 1 nul) et comptaient 10 points d’avance sur Oyonnax, alors dernier du Top 14.

Un maintien pour l'intérêt collectif

Aujourd’hui, la tendance s’est inversée et c’est Brive qui cravache pour tenter de doubler l’USO. « Il faut repasser en mode maintien », clame celui qui peut jouer 10, 12 ou 15. Comptablement, rien n’est encore acté pour la descente en ProD2. Mais une défaite sur la pelouse de Jean-Bouin, combinée à une victoire d’Oyonnax sur son terrain contre Lyon, condamnerait les Brivistes à la relégation. En Corrèze, le spectre de la deuxième division hante les travées du stade Amédée-Domenech : « Il faut se rappeler ce que signifie une descente en ProD2 pour le club, la ville, les supporters et tous les gens qui travaillent à Brive. »

Le CAB a connu l’étage inférieur en 2012-2013. Dans le groupe actuel, ils sont dix à avoir fait partie de l'aventure. Un mal pour un bien pour Thomas Laranjeira qui avait alors vécu sa première saison en professionnel. Mais si cela peut profiter aux jeunes, une nouvelle descente aurait des conséquences bien au-delà du club.

"Il faut pas se voiler la face. C'est le rugby qui fait parler de la ville tous les jours, ce qui ne serait plus le cas en Pro D2. Il est donc dans l'intérêt de la collectivité que le club se maintienne", martèle Jean Santos, l'adjoint aux sports de la commune qui verse au club environ 650.000 euros chaque saison. Avant le match à la vie à la mort au Stade Français, l'ensemble de la ville et du tissu économique retient son souffle. Car "les conséquences pour le commerce local et départemental seraient très importantes. Le CAB, c'est 150-160.000 personnes qui viennent au stade chaque année", poursuit l'élu briviste.

Le CAB, élément moteur de la ville

En 2016, une étude d'impact réalisée par la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la Corrèze avait estimé à 53 millions d'euros les retombées globales induites par la présence du club en Top 14, pour la ville, l'agglomération et le département. Et autant dire qu'en Pro D2 avec un stade moins rempli, des joueurs moins cotés et des affiches beaucoup moins prestigieuses le jeudi soir, les sommes en jeu ne seraient pas les mêmes.

Propriétaire d'un hôtel, le plus proche du stade, David Pereira juge l'impact d'une éventuelle relégation "catastrophique" pour l'économie locale."Quand j'ai acheté l'hôtel, on était en Pro D2 (le club y a fait un aller-retour en 2012-2013, ndlr). On a vécu la remontée, on a pu faire le comparatif et c'est indéniable. Un club comme le CAB en Pro D2 demain, c'est des matches le jeudi, des équipes comme Angoulême, Nevers, dont les supporters ne suivent pas les déplacements et ne consomment pas", détaille-t-il.

Au vue de la méforme actuelle des Brivistes, l’inquiétude est grandissante : " On va perdre combien ? S'il n'y a pas de match, les gens sortent beaucoup moins. On n'est pas une grande ville. On a besoin d'un événement pour faire sortir les Brivistes. Et c'est le CAB qui est l'élément déclencheur pour amener de l'activité", souligne l'hôtelier.

Si on met un pied dans la glaise, on va y rester un moment

Les moyens financiers de Simon Gilham, le président du club, diminueraient aussi en cas de relégation. Lorsque Brive était tombé en Pro D2, le budget avait perdu près de 3 millions d’euros (passant de 13.65M à 10,73M). "Chez les chefs d'entreprises, certains disent qu'ils vont certainement donner un peu moins. Ça veut dire moins de budget et si on met un pied dans la glaise, on va y rester un moment", craint David Pereira.

Autant dire que l’importance du match de samedi est capitale pour Brive. Si un maintien direct peut encore être décroché, le CAB peut aussi viser la 13e place, synonyme de barrage contre le finaliste de Pro D2, le vainqueur obtenant sa place en Top 14 pour la saison suivante. « C’est bien beau de faire des réunions mais maintenant, il faut agir » annonce Thomas Laranjeira. Place aux actes.

Avec AFP

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