Top 14 : Hastoy, Bielle-Biarrey, Woki... Ces quatre joueurs qui jouent gros en demi-finales afin de disputer la Coupe du monde 2023
À trois mois du début de la Coupe du monde, les demi-finales de Top 14 (Toulouse-Racing 92 vendredi 9 juin à 21h, La Rochelle-Bordeaux-Bègles samedi 10 juin à 17h) à Saint-Sébastien (Espagne), revêtent un enjeu particulier pour une poignée de joueurs. "Certains vont vouloir se mettre en évidence pour être sélectionnés", indique Imanol Harinordoquy, 82 sélections entre 2002 et 2012 et consultant pour France Télévisions. Alors que 23 joueurs - non-participants aux demies - sont en stage à Marcoussis, ces rencontres couperets peuvent s'avérer décisives, en vue de la première liste élargie de 42 sélectionnés, dévoilée le 21 juin prochain par le sélectionneur Fabien Galthié.
Le duel : Hastoy attend l'ouverture face à Jalibert
C’est l’une des grandes histoires de ces demi-finales. Le match La Rochelle-UBB oppose deux ouvreurs en concurrence directe pour le Mondial, Antoine Hastoy (26 ans) et Matthieu Jalibert (24 ans). En jeu ? La place de "second ouvreur" dans la hiérarchie des Bleus, derrière Romain Ntamack. Le Bordelo-Béglais (23 sélections), brillant en barrage à Lyon, part avec une longueur d’avance sur son homologue rochelais (2 capes), mais son physique précaire ces derniers mois reste une interrogation.
Arrivé de Pau à l’intersaison, Hastoy s’est fondu dans l’animation rochelaise, qu’il anime avec brio. "C’est pourtant dur de s’intégrer dans un groupe fraîchement champion d’Europe", pose Dimitri Yachvili, consultant rugby pour France Télévisions. Mieux, le Béarnais, pourtant sans expérience majeure de phase finale auparavant, a été un des acteurs du doublé rochelais en Champions Cup. "Il a mené le jeu et pris la responsabilité du but en finale, c’est tout sauf évident", salue Yachvili. Régulièrement convoqué pour des rassemblements chez les Bleus mais rarement aligné, Hastoy a les atouts pour renverser la hiérarchie.
L’ovni : Bielle-Biarrey est déjà prêt
Facilement reconnaissable avec son casque rouge et sa bouille juvénile, Louis Bielle-Biarrey (Bordeaux-Bègles) ne cache plus son objectif. "Je n’ai jamais été aussi proche" du Mondial, a-t-il confié jeudi à L’Equipe à propos de ce qui était pourtant encore "du domaine du rêve" il y a peu. Mais le jeune ailier ou arrière (il aura 20 ans le 19 juin), lancé dans le grand bain en janvier 2022 et désormais titulaire régulier à l’UBB, a le profil parfait de "l’ovni" cher à Galthié.
Même s’il ne compte aucune sélection, il est, à l’instar d’Hastoy, habitué des allées et venues à Marcoussis pour des stages de préparation. Preuve de son intérêt pour le joueur, la Fédération l’a laissé à la disposition des Bleus, alors qu’il devait participer au Mondial U20. "Disputer une Coupe du monde sans avoir joué de matchs internationaux est risqué, mais ça s’est déjà vu", note Dimitri Yachvili. Les premières phases finales de sa jeune carrière pourraient lever les derniers doutes.
Le revenant : Woki n’a plus le temps
Au sein d’une équipe du Racing 92 longtemps balbutiante, Cameron Woki (20 sélections) a connu une saison contrastée. "Un peu en dedans par rapport à ses objectifs" après son arrivée l’été dernier, comme l’a concédé son entraîneur Didier Casadeï au Parisien [article réservé aux abonnés] en mars, il a subi une blessure au scaphoïde en janvier l'empêchant de participer au Tournoi. Titulaire au poste de numéro 4 chez les Bleus jusque-là, Woki s’est fait supplanter par l’émergence d’un Thibaut Flament, bluffant.
De retour fin mars, il a été l’un des artisans de la fin de saison canon du Racing, qualifié de justesse pour les phases finales, et a disputé le barrage contre le Stade français (victoire 33-20) dans son intégralité. Désormais utilisé comme… troisième ligne chez les Ciel et Blanc, son poste de prédilection avant que Fabien Galthié ne l'installe en deuxième ligne, Woki va tenter de se montrer dans un match décisif.
L’interrogation : Meafou, l’espoir face à l'imbroglio juridique
Fabien Galthié veut le "capturer". Le colosse toulousain Emmanuel Meafou (2,03 m, 140 kg) présente un profil de deuxième ligne surpuissant très recherché au niveau international. Indéboulonnable au Stade toulousain, il pourrait vite le devenir chez les Bleus. Mais le staff du XV de France se heurte, pour l’heure, a un imbroglio juridique. Meafou, de nationalité australienne, évolue en France depuis décembre 2018 et est sélectionnable, selon les règles de World Rugby, au bout de cinq ans, en décembre 2023 donc. Soit trois mois trop tard pour disputer le Mondial.
Mais la règle a changé en janvier 2022 : auparavant, trois ans sur le sol d'un pays suffisaient. Emmanuel Meafou a donc été sélectionnable en décembre 2021 avant de ne plus l’être un mois plus tard. Or, dans un cas similaire, la Nouvelle-Zélande a obtenu gain de cause pour sélectionner un joueur tongien, Folau Fakatava, en juillet 2022. Les avocats de la FFR espèrent que cette jurisprudence les aide à capturer Meafou. En attendant, Galthié a pris les devants en conviant le joueur au gabarit gargantuesque à Marcoussis en mars et scrutera de près sa prestation vendredi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.