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Le Stade Toulousain, géant du rugby français en danger ?

Alors que la DNACG a annoncé qu'une majorité des clubs professionnels serait au bord du gouffre économique, l'annonce de l'arrêt du Top 14 semble de plus en plus probable. La dernière tendance voudrait qu'aucun champion ne soit désigné. Parmi ces clubs en danger, le Stade Toulousain s'apprête à faire face à des conséquences économiques sans précédents tout en ne sachant pas vraiment dans quelle direction regarder.
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (FR?D?RIC SCHEIBER / HANS LUCAS)

"Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet". Lundi soir, Emmanuel Macron a balayé les sujets dans son allocution au peuple français, à part peut-être celui du sport. Les propos du Président de la République ont toutefois résonné pour le monde du sport tricolore avec cette possible date de reprise. Surtout, avec cette crise sanitaire qui se prolonge, il a ramené certains clubs à leurs doutes pour l'avenir, notamment en Top 14. Plusieurs sont en danger selon la DNACG, le gendarme financier du rugby. D’après les informations de L’Équipe, ils seraient au nombre de sept dans l’élite, et parmi eux, un symbole du rugby français, le Stade Toulousain.

Le Stade espère que "la fenêtre s'entrouvre"

Si le championnat n’a pas encore été officiellement arrêté, la menace d’une saison blanche plane toujours. Et la décision sera sûrement rendue ce mercredi, à la suite de l’assemblée générale qui doit se tenir entre les présidents de la LNR et Provale, le syndicat des joueurs. Et le Stade Toulousain, l’un des clubs majeurs de l'histoire du rugby français, pourrait être confronté à une situation inédite.

"On nourrit à la fois de l’inquiétude, tous les jours qui passent nous rapprochent d’une fin de saison, et de l’envie que l’on essaye de ne pas voir utopique, explique le président du club Didier Lacroix. Le rôle du Stade Toulousain c’est de divertir, de faire sourire les gens. On a envie d’avoir ce parfum des phases finales qui arrive avec le printemps, pour autant il faudra encore une fois faire attention sur ce que l’on pourra faire, mais si une fenêtre s’entrouvre, il faut la prendre et rejouer au rugby."

Une crise sanitaire devenue économique et sportive

Pour Didier Lacroix, il est encore "beaucoup trop tôt" pour envisager sur les pertes liées à une saison stoppée prématurément, la pire des situations. Il ne désespère pas d'ailleurs l'idée de continuer la saison à huis clos, "on verra aussi si on peut remettre du public autour ou si cela sera uniquement pour les téléspectateurs". Pas de chiffres donc mais des mots qui laisse présumer l'angoisse du président Haut-Garonnais quant à l'arrêt du Top 14 avant son terme.

L'absence de phase finale serait un manque à gagner considérable pour le champion de France en titre, à plus d'un titre. Si une reprise sans spectateurs reste une possibilité, elle ne serait pas sans conséquence. La billetterie est un point sensible de l’économie du club. Avec deux stades à leur disposition, les Toulousains se verraient privés de revenus importants si la saison reprend finalement à huis clos. Didier Lacroix avait d’ailleurs estimé les pertes liées à la billetterie à hauteur de 3 millions plus 1 million sur le seul quart de finale de coupe d’Europe... Une Coupe d'Europe cruciale dans le budget du club, mais qui pourrait lui échapper si la saison se stoppait net. Déjà pénalisé en début de saison par la présence de ses internationaux à la Coupe du monde, le Stade est pour le moment classé 7e du Top 14, à une unité de Clermont. Un point qui le priverait de la grande Chammpions Cup si on en restait là.

Pour le club le plus titré dans l’histoire de la compétition, le coup serait rude tant sportivement qu'économiquement. "Ça va dépendre de la fin de ce Championnat... Est-ce qu’on pourra rejouer ou non ? Sous quels critères ? Les positions clivantes des uns et des autres doivent êtres mises de côté pour laisser place à la concertation, à la discussion" surenchérit Lacroix.

Coupe d'Europe ou non, les finances du Stade Toulousain vont de toute manière subir de plein fouet les effets du coronavirus. Si Didier Lacroix ne donne pas de montant exact des pertes à venir, la frustration se fait sentir. Car l’économie du sport va mal et les Rouges-et-Noirs ne font pas exception. Nike, Airbus, Peugeot, trois des plus gros partenaires du club de la ville rose, sont aussi touchés puisque leurs activités sont à l’arrêt. Avec un soutien à hauteur de 2 millions d’euros par saison, l’équilibre financier du club pourrait devenir précaire si le géant de l’aéronautique décide de revoir cet apport à la baisse. Sans oublier non plus, les fameux droits télés, moins important que dans d’autres sports, mais tout de même à hauteur de 97 millions d’euros en moyenne à se partager entre clubs chaque année.

"Pas favorable à la baisse du salaire des joueurs"

Pour compenser cet impact sur ces pertes en sponsoring, billetterie ou droits télés, de nombreux clubs ont été contraints d’alléger leur masse salariale en rugby comme dans d'autres sports. Cette solution ne semble pas être la priorité de l’homme fort du Stade Toulousain, qui refuse l’idée d’impacter ses joueurs pour le moment. "Je ne suis pas favorable à la baisse du salaire des joueurs comme eux-mêmes qui ne sont pas favorables à leur propre baisse. Il faut savoir comment vont-être impacter les clubs de rugby ? Comment vont-être impactés la billetterie, les partenariats et les droits télés ? Va-t-il y avoir des conséquences ? Le premier poste de charges, c’est le salaire des joueurs, mais l’ensemble de la réflexion doit aller dans le sens de ce qui sera bien pour le Stade Toulousain".

Si dans son audit de ce lundi, le président de la DNACG, Dominique Debreyer a placé le Stade Toulousain sur sa liste de clubs en danger qui "ne pourront pas présenter un budget qui leur permettrait une autorisation d’engagement pour l’année prochaine", Didier Lacroix ne veut pas pour autant tirer la sonnette d’alarme : "Je pense que le rôle du président est d’avoir une inquiétude mesurée. Il va falloir construire cet après ensemble". Cet optimisme sera-t-il pour autant suffisant face à la froide réalité des chiffres ? Le couperet pourrait donc tomber rapidement.

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