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Le Racing 92 invite la technologie sur le pré

Au Racing 92, les colosses de 100kg sont suivis par des capteurs de 40g qui calculent tout : vitesse, distance parcourue, rythme cardiaque ou encore risque de blessure. Ces mouchards placés sur les joueurs évaluent leurs performances tout en s’assurant de leur intégrité physique. Francetv sport s’est intéressé de plus près à cette technologie qui révolutionne le sport.
Article rédigé par franceinfo
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Invisibles sous le maillot des joueurs, les capteurs disent tout de leurs efforts. (FRANCK FIFE / AFP)

Sur le terrain d’entraînement du Racing 92, le cas d'un demi-d’ouverture inquiète. La veille, le joueur a fait part à ses entraîneurs d’une gêne à la cheville. Depuis la salle de repos située au bord du pré, Laurent Debrousse, préparateur physique du club, n’a besoin que d’un regard vers son ordinateur pour s’apercevoir que le problème du joueur est réel : son déséquilibre jambe gauche/jambe droite est trop marqué ce qui est révélateur d’un risque de blessure. Un œil sur le terrain et l’autre sur son écran, le préparateur physique voit tout… même ce qui ne se voit pas. Magie ? Non, technologie.

Mouchard intégré

Au Plessis-Robinson, au centre d’entraînement du Racing 92, tous les joueurs sont équipés d’une brassière « intelligente » dernier cri. Au niveau du buste, des électrodes en fil d’argent permettent de mesurer les rythmes cardiaques, respiratoires et la dépense énergétique. Dans le dos, un petit capteur renfermant un GPS et une centrale inertielle fournit des informations sur la position, la vitesse, l’accélération ou encore la rotation de chaque athlète. Au total, 154 indicateurs sont recueillis en temps réel mais seulement une poignée sont utilisés au quotidien par le staff technique des Franciliens : la distance parcourue, le nombre d’accélérations, le nombre de sprints, le nombre de chocs, le déséquilibre jambe gauche/jambe droite et la vitesse.

Derrière ce petit bijou technologique se cache l’entreprise française Mac-Lloyd, créée en 2013. Si elle fait encore office de jeune pousse derrière les géants Catapult (Australie) et Statsport (Irlande du Nord), elle équipe déjà vingt clubs professionnels de football, rugby, basket ou encore handball. "Le but de ces capteurs est avant tout d’améliorer la performance des sportifs et d’éviter les blessures, explique Emmanuel de la Tour, co-fondateur de la start-up créée en 2013. Cette technologie a changé la manière de travailler, aujourd’hui les performances sont mesurées de manière technique et scientifique et chaque athlète peut avoir un suivi très personnalisé."

Accepter le progrès

Au départ pourtant, cette avancée technologique n’a pas reçu un accueil très favorable du côté des entraîneurs comme des joueurs. "Les coaches étaient frileux car ils craignaient que la technologie ne contredise leur discours, qu’elle les pousse à se remettre en question, explique Laurent Debrousse arrivé au Racing en 2009 pour entamer la transition technologique. Les joueurs, eux, avaient peur du flicage et étaient gênés par la taille des boitiers, il a fallu amener tout ça par la pédagogie." Aujourd’hui, ces capteurs sont devenus des outils de travail à part entière et il n’est pas rare qu’au cours d’un entraînement un joueur de retour de blessure vienne voir ce que disent ses stats. "Ce dispositif nous sert avant tout à faire de la prévention et les joueurs l’ont bien compris, on peut donner un feedback à leur ressenti et c’est toujours appréciable."

Pas question cependant pour les entraîneurs du Racing de se laisser perturber par cet afflux d’information pendant les matchs. Si les joueurs portent bien leur boitier, les informations ne sont pas transmises sur le banc et ne sont étudiées qu’a posteriori.

Le suivi des joueurs en temps réel sur l'ordinateur du préparateur physique.

Tracker les performances des athlètes, n’est pas nouveau : à en croire Alexandre Marles, spécialiste nouvelles technologies pour le sport professionnel et précurseur en France de l’usage de la technologie dans le sport, les données de tracking existent depuis 1998. Longtemps en retard dans ce domaine, les clubs français ont progressivement intégrés ces outils à leur quotidien à la faveur de technologies plus performantes et de capteurs moins encombrants. Sur cette saison de Top 14 une seule équipe – le SUA – n’était pas équipée de ce type de capteurs.

Maitriser le sommeil

Pour Alexandre Marles, ancien préparateur physique de l’OL, du PSG et de l’équipe de France de football, l’usage de ces instruments est primordial : "Le corps du joueur est semblable au moteur d’une Formule 1, il faut l’optimiser sur toute l’année pour qu’il soit plus performant. Plus on a d’informations, mieux c’est." Et l’homme voit aujourd’hui plus loin : "Pour le moment on ne maîtrise que le temps passé avec les joueurs sur le terrain, ce qui est peu. Avoir des trackers continu serait intéressant mais pose forcément problème puisqu’on touche à la sphère privée." Dans ses rêves, un tracker de sommeil : "L’alimentation et le sommeil sont prépondérants à 90% pour la récupération. Maîtriser le cycle de sommeil des joueurs permettrait d’améliorer leurs performances." Reste à les convaincre de l’intérêt d’une telle démarche.

Au Racing 92, si l’usage de la technologie est largement entré dans les mœurs, Gilbert Gascou, responsable préparateur physique du club, n’en oublie pas l’importance d’autres facteurs : "La technologie n’est pas un outil incontournable et unique. Pour bien l’utiliser, il ne faut pas oublier qu’elle doit aller de pair avec l’observation des coaches et le ressenti des joueurs." Sur le terrain d’entraînement, le cas du demi-d’ouverture blessé a mis tout le monde d’accord. Après dix minutes d’échauffement, le joueur a rejoint la salle de soins.

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