Collazo a trouvé ses marques
En début de saison, le monde du rugby ne donnait guère crédit au promu rochelais pour se maintenir dans l'élite. Force est de constater qu'une nouvelle fois, après Bordeaux-Bègles en 2011, Oyonnax en 2013, l'équipe de Collazo, qui reçoit vendredi (20H45) le Stade Français en ouverture de la 22e journée, est bien partie pour contredire ces pronostics.
A bientôt 41 ans, l'ancien pilier international (une sélection en 2000), qui a façonné son groupe, l'a cornaqué pendant trois ans dans l'ombre de la Pro D2, récolte aujourd'hui les fruits de son travail, de son expertise. Collazo a toujours eu "un intérêt pour le très haut niveau", qu'il a côtoyé comme joueur à Paris, Toulouse (double champion d'Europe) et Gloucester (vainqueur du Challenge européen). Certains le qualifieront de bougon, bouillonnant à l'intérieur, un brin parano avec ses huis-clos récurrents -- "j'en ai connu dans tous les clubs où je suis allé, ça ne me choque pas" -- mais son investissement -- "il arrive le premier et c'est souvent lui qui éteint la lumière le soir venu", confirme le concierge du Stade Marcel-Deflandre -- et l'attachement à l'humain semblent être les ciments de sa réussite aujourd'hui. "Cela ne m'étonne pas de le voir où il est avec La Rochelle, observe Florent Bonnefoy, qui était co-entraîneur avec lui des Espoirs du Racing Métro 92 en 2010-2011. C'est quelqu'un de très rigoureux et de passionné par ce qu'il fait. Il y a aussi beaucoup de complicité entre Patrice et ses joueurs". "Il faut respecter les hommes, confirme Patrice Collazo. Si un joueur de 18 ans est bon, il doit jouer. De même, j'apprends à connaître l'homme que je fais signer. Pour moi, ce n'est pas qu'un Fidjien ou un Australien".
Il transcende ses joueurs
Son Stade, qui n'a perdu qu'une fois cette saison à domicile contre l'UBB, a pris une revanche éclatante il y a dix jours sur le pré girondin et pourrait s'affirmer, vu sa forme actuelle (4 victoires, 1 nul), comme un trouble-fête surprise du printemps. En sept mois de Top 14, Collazo, secondé par son ancien coéquipier et ailier de Toulouse Xavier Garbajosa, en charge des lignes arrières, a ainsi transformé le jeu des siens, le bonifiant en réglant notamment les soucis d'indiscipline (23 cartons jaunes, record du Top 14) qui l'empêchaient de voyager correctement, ainsi que le curseur de l'engagement, aujourd'hui à la hauteur de ses attentes. "Patrice est prêt à pardonner beaucoup de choses hormis l'investissement individuel et le respect du cadre collectif", poursuit Florent Bonnefoy. Autre qualité du natif de la Seyne-sur-Mer (Var), sa capacité à faire passer un message, à transcender ses joueurs, à faire confiance: "On voit aujourd'hui la différence avec les matches précédents où l'on sortait du cadre défini par les coaches", analyse le 3e ligne Kévin Gourdon, sûrement la révélation de la belle saison maritime. Sa récompense, en plus d'un maintien qui se dessine, c'est aussi d'avoir vu deux de ses avants sélectionnés en Bleu lors du dernier Tournoi des six nations: le pilier d'origine samoane Uini Atonio, son capitaine depuis deux saisons, qu'il a été déniché lors d'un tournoi à Hong Kong en 2011, puis le troisième ligne Loann Goujon, ancien de Clermont, qu'il a relancé.
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