Castres espère une consécration
Un rugby de sous-préfecture
Neuvième budget du Top 14 (15,6 millions d'euros), le CO, soutenu financièrement par son mécène Pierre Fabre (laboratoires pharmaceutiques), endossera volontiers le costume de David, dans la chaude ambiance de Saint-Denis; face au Goliath RCT (21,8 M EUR de budget) et à son armada d'internationaux.
Cette finale aura tout d'une opposition proche du cliché, celle des mercenaires contre les valeurs, de la retenue conter le blinh-bling. Le président Pierre-Yves Revol ne dit pas autre chose: "On n'a pas le même potentiel que les grands clubs issus des métropoles, nous sommes dans une sous-préfecture enclavée, nous n'avons pas les mêmes atouts, c'est indéniable. Mais dans un système où le professionnalisme a changé le visage du rugby, ces valeurs trouvent encore du sens. "Je ne sais pas si c'est rassurant, dit-il, mais ça peut en tout cas motiver certains clubs à qui l'on montre qui'il est possible de rivaliser avec des petits moyens".
Le CO avec ses moyens
Battu la saison dernière en demi-finale par Toulouse -une défaite que le groupe "avait encore en travers de la gorge" , d'après le 3e ligne Yannick Caballero-, le CO semble même en tirer une motivation particulière dans sa quête d'un quatrième titre de champion (après 1949, 1950 et 1993). "On est le Petit Poucet et on veut toujours montrer, par notre caractère, notre vaillance, que l'on mérite notre place", explique le centre Romain Cabannes: "J'ai l'impression que l'on n'est jamais aussi performant que quand on craint une équipe".
"On est une petite ville (42.000 habitants), on est au fin fond du Tarn, tranquilles, jamais personne n'a parlé de nous mais on s'en fiche, on fait notre aventure. On est les irréductibles face aux grosses écuries comme Toulon, Toulouse ou Clermont, il faut oser le dire. On n'a pas de grandes stars, mais on se bat avec nos armes. Qu'on soit arrivé là prouve qu'on est pas mal quand même!", appuie Caballero.
La dernière du duo Labit-Travers
"Quand on avait dit qu'on visait le titre, la finale, il y a beaucoup de monde qui ne nous a pas crus.... Si on est en finale ça veut dire que rugbystiquement on doit tenir la route", poursuit le co-entraîneur Laurent Labit, titré comme joueur il y a 20 ans.
"Vouloir aller au Stade de France cela faisait rire, le faire ça fait taire", ajoute Labit, citant mot pour mot, comme son compère Laurent Travers, cette phrase de Claude Onesta, l'entraîneur des champions olympiques de handball. Castres , qui a franchi un cap cette année après avoir échoué trois fois en phase finale depuis l'arrivée du duo de techniciens à l'été 2009 (barrage en 2010 et 2011, demi-finale en 2012), se présentera donc sans pression samedi face à Toulon, comme en demi-finale face à Clermont.
"On sait que tout va changer l'an prochain et ça fait quelques mois que l'on ne se pose plus de questions. Cela nous a enlevé de la pression", ajoute Romain Cabannes, l'une des valeurs sures du club tarnais, en référence au départ annoncé depuis des mois des deux entraîneurs au Racing-Métro. Exit un duo donc, et arrivée d'un triumvirat, formé de Matthias Rolland, actuel 2e ligne du club et futur manager, Serge Milhas et David Darricarrère (entraîneurs). Ce sera donc l'occasion d'offrir aux partants une sortie exceptionnelle saluée par un titre, le premier qu'ils pourront inscrire à leur palmarès.
Car, paradoxalement, si les deux hommes sont reconnus par leurs pairs depuis leurs débuts d'entraîneurs à Montauban, pour leur science tactique et les qualités humaines de leur duo très complémentaire, ils courent après leur premier titre. Leurs joueurs ont bénéficié de cet élan puisque plusieurs d'entre eux ont été appelés dans le XV de France. Sans doute le groupe castrais voudra-t-il leur permettre d'asseoir cette reconnaissance avec un Bouclier de Brennus.
Le CO a déjà prouvé qu'il avait de sérieux arguments à opposer au RCT, qu'il a battu cette saison à Castres et contre qui il n'a perdu qu'une seule fois lors des cinq dernières confrontations, pour deux nuls et deux victoires. Reste à savoir si les Castrais ne seront pas paralysés par l'enjeu d'une première finale depuis 1995, soldée par une défaite 31-16 contre Toulouse. "Il faut qu'on soit capable de prendre la mesure de l'événement. Ensuite, c'est le mental qui fait la différence. Il faudra que l'on ait envie plus que l'adversaire ce jour-là, en appliquant la même recette. C'est celui qui gagnera le combat qui gagnera le titre", assure Labit, qui espère clore en beauté ses quatre années sur le banc tarnais.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.