: Reportage Rugbymen français accusés de viol : l'avocate de la plaignante fait le récit d'une nuit d'une "violence démesurée"
Hugo Auradou et Oscar Jegou ont passé une nouvelle nuit en détention à Mendoza, en Argentine, après leur mise en examen pour viol en réunion. Depuis la plainte déposée dimanche 7 juillet, les rugbymen ont été arrêtés, placés en garde à vue, transférés, détenus et mis en examen. Samedi 6 juillet, à 23 heures, une vingtaine de joueurs du XV de France se rendent dans un bar à bière, le Beerlin, après leur victoire contre les Pumas. "Je ne sais pas s’ils étaient très ivres, mais ils ont beaucoup bu, c’est vrai, comme une équipe venue avec toute l’adrénaline qu’on peut avoir après un match", se souvient Andres Cirit, le patron du bar interrogé par franceinfo.
"Aucun d’entre eux n’est tombé ou n’avait des difficultés pour marcher. On m’a dit qu’une personne avait vomi. Mais dans l’ensemble, je n’ai rien vu d’étrange ou de très différent de ce qui se passe normalement dans un bar."
Andres Cirit, le patron du bar où étaient les joueurs du XV de Franceà franceinfo
Vers 1h30 du matin, une partie des joueurs quittent le bar pour aller dans une boîte de nuit à la mode à 20 minutes du centre-ville. C’est là qu'Hugo Auradou rencontre la femme qu’il emmènera à son hôtel quatre heures plus tard. D’après l’avocate de la plaignante, dès leur entrée dans la chambre, le joueur l'a jetée sur le lit, frappée, déshabillée brutalement, étranglée et violée.
Puis Oscar Jegou est entré et l'a à son tour frappée, étouffée et agressée sexuellement avant de s’endormir, toujours selon les dires de Natacha Romano. La victime dit ensuite avoir été victime de viol cinq fois de plus. C’est à 8h30 qu’elle sort de l'hôtel, rentre chez elle et prend deux somnifères, puis porte plainte dans la soirée.
Le consentement au cœur de l'affaire
Les deux joueurs, eux, nient la violence et assurent que la femme était consentante. Pour l'avocate de la plaignante, le consentement est justement la clé dans cette affaire. Les résultats des examens médicaux montrent un niveau de violence élevé.
"Le consentement prend fin avec le non, quel que soit l’endroit, quel que soit le contexte ou quel que soit l’âge, rappelle Natacha Romano. Ma preuve fondamentale, c’est le corps de la victime, car il parle de lui-même. C'est de là que surgissent la crédibilité et la réalité des faits. Dans cette affaire, il y a eu une violence démesurée", dénonce l'avocate.
Il y a eu un dénigrement démesuré, avec une privation de liberté qu’il est important de souligner.
Natacha Romano, avocate de la plaignanteà franceinfo
Les avocats ont sept jours maintenant pour présenter des preuves à charge et à décharge pour obtenir une résidence surveillée. L’avocate de la victime, elle, vise l’incarcération des Français et compte s’appuyer sur les innombrables preuves physiques présentes dans le dossier.
Les joueurs pourraient livrer leurs versions dans les prochains jours
Jusqu’à présent silencieux, les Français pourraient, selon leur avocat argentin, faire une déclaration cette semaine pour donner leur version des faits. Les familles de Hugo Auradou et Oscar Jegou sont arrivés le week-end dernier à Mendoza. Elles pourront rendre visite aux joueurs lundi.
Cette semaine est cruciale pour les joueurs, qui doivent poursuivre leurs examens médicaux et les expertises psychologiques. Les SMS ainsi que les caméras de surveillance de l'hôtel et de la boîte de nuit seront analysées et les premiers témoins seront entendus dès lundi par le parquet.
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