VI Nations : Le long chemin de Paul Willemse
Champion du monde des moins de 20 ans en 2012 avec l'Afrique du Sud, Paul Willemse débarque à l'automne 2014 à Grenoble. "Le lendemain" de son mariage avec celle rencontrée à l'âge de 16 ans en Namibie. Il aurait pu cependant ne jamais débarquer en Isère en provenance du centre de formation des Bulls. D'abord parce que le FCG, initialement, n'avait pas prévu de recruter à son poste. "Nous avions finalisé le recrutement (de la saison 2014-15), mais deux jours avant la fin des mutations, Fabrice Landreau (directeur sportif) m'a dit que nous avions finalement une enveloppe supplémentaire pour un deuxième ligne" raconte Bernard Jackman, alors entraîneur des avants.
A ce premier retournement de situation s'est ajouté un deuxième. Jackman poursuit: "Nous avions deux joueurs dans le viseur, Willemse et (Tomas) Lavanini (devenu international argentin, NDLR). Nous nous étions tourné vers Lavanini, mais entre-temps il avait déjà signé pour le Racing." Willemse découvre en Isère la vie en France et ses us et coutumes. Dont une surprenante façon de se dire bonjour, confie-t-il en français : "J'ai été un peu choqué par la bise. C'est bizarre d'embrasser sur la joue des gens que tu ne connais pas. Même si, chez beaucoup d'Afrikaaners, on s'embrasse sur la bouche."
Il sera également surpris, mais beaucoup plus agréablement, en voyant "pour la première fois une femme marchant seule dans la rue à 10h du soir, et des enfants qui prennent seuls le bus". Inconcevable pour un Afrikaaner en Afrique du Sud, pays où règne une forte insécurité.
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Willemse quittera Grenoble sitôt la saison 2014-2015 terminée, direction Montpellier et sa colonie sud-africaine. En bonne partie parce que sa femme trouvait le temps long en Isère: "C'était un peu compliqué pour elle, et du coup pour moi: elle ne parlait pas français et restait toujours à la maison."
Ce n'est pas le cas dans l'Hérault, où Paul Willemse retrouve, entre autres compatriotes, ses "amis" fréquentés chez les Bulls, Wiaan Liebrenberg (aujourd'hui à La Rochelle), Jacques Du Plessis, Nicolas Van Rensburg et Jan Serfontein. Même quand il a signé au MHR, Willemse ne s'imaginait pas faire sa carrière et sa vie en France, où il souhaitait initialement seulement "passer deux ans pour gagner de l'expérience avant de revenir en Afrique du Sud". Mais la naissance de son fils, en 2017, l'a fait "changer d'avis".
Objectif XV de France
Est arrivée ensuite la perspective d'être sélectionné dans les rangs du XV de France, devenue réalité depuis qu'il a obtenu, en décembre, son passeport français. Willemse en est "très fier", peu importe les voix regrettant l'appel à des joueurs d'origine étrangère. "Je veux qu'on respecte tous les efforts que je fais pour parler la langue, m'intégrer. J'estime que tout le monde peut comprendre ça, mais sinon ce n'est pas grave: je ne peux rien y faire, et faire attention à ça pompe trop d'énergie."
Willemse dit avoir de toute façon déjà été confronté, plus jeune, à la critique: "A 16 ans, je pesais déjà 133 kg pour 5 centimètres de moins (2,01 m actuellement, NDLR). Et certains disaient que je marquais uniquement parce que j'étais plus gros que les autres, et ça ne serait pas la même chose en pros." Monstre de puissance et d'agressivité "se rapprochant de Bakkies Botha" selon Jackman, Willemse souhaite cependant "perdre un peu de gras, 3-4 kilos, pour suivre le rythme des matches internationaux, plus soutenu". "Un grand combat dans (sa) vie", désormais en France.
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