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Tournoi des Six Nations : récupération, préparation, pression... Cinq questions autour d'Angleterre-France

C'est le match que tous les amateurs cochent en premier à la lecture du calendrier du Tournoi des Six Nations. Samedi 13 mars (17h45), le choc entre l'Angleterre et la France aura un goût bien particulier : les deux équipes ne sont pas sur la même dynamique et depuis deux semaines, la Covid-19 a rebattu les cartes.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Matthieu Jalibert à l'échauffement avec le XV de France, le 21 novembre 2020. (ANDY BUCHANAN / AFP)

► Dans quel état le XV de France va-t-il aborder ce match ? 

La question est même double et porte aussi bien sur la condition physique que sur l'état psychique des joueurs après le mélodrame qui s'est récemment joué. L'éclatement de la bulle sanitaire autour des Bleus avant la préparation du match contre l'Écosse, finalement reporté, aura fatalement laissé des traces. En tout cas dans les organismes. Et même si l'encadrement a été déchargé de toute faute après les nombreuses contaminations au Covid-19 dans ses rangs, le mal est peut-être déjà fait. 

Douze joueurs ont contracté la Covid-19 avant le report du match contre l'Écosse, dont huit titulaires. Toute la première ligne - Cyril Baille, Julien Marchand, Mohamed Haouas - a été touchée, ainsi que le demi de mêlée Antoine Dupont, le capitaine et troisième ligne Charles Ollivon, le centre Arthur Vincent, l'ailier Gabin Villière (finalement forfait en raison d'une blessure à la main) et l'arrière Brice Dulin. Comment auront-ils récupéré ? La rapidité de guérison dépend des organismes et se révèle très variable...

Pour l'ailier international argentin du Racing 92 Juan Imhoff, infecté en octobre avec "beaucoup de symptômes", "c'était horrible". "Quand quelqu'un a l'habitude de s'entraîner deux ou trois fois par jour et qu'il doit rester enfermé et ne pas bouger du canapé, c'est sûr que la reprise, c'est très compliqué", a-t-il expliqué lors d'un point presse. De la bonne récupération, physique et mentale, des joueurs touchés tient, en partie, le sort du match... 

► Quelle préparation pour les Bleus ? 

Sous le regard du "cerbère" Didier Retière, promu responsable du respect du protocole sanitaire, les Tricolores ont vu leur bulle doubler d'épaisseur depuis la révélation des premiers cas positifs au coronavirus. Les tests PCR et sanguins ont redoublé et il faut, maintenant plus que jamais, montrer patte blanche pour pénétrer dans l'antre de Marcoussis. C'est pour cette raison qu'Arthur Vincent et Uini Atonio ont été recalés à l'entrée, les deux joueurs présentant encore quelques symptômes synonymes d'une potentielle contagion. 

Reste la question des entraînements. Qui prêtera main forte aux Bleus pour les oppositions à l'entraînement, sachant que selon l'enquête interne menée par la FFR, c'est justement un sparring-partner, en l'occurrence un joueur de l'équipe de France de rugby à 7, qui a introduit le virus chez les quinzistes ? Cela pourrait être des joueurs de moins de vingt ans immunisés, comme l'avait suggéré Bernard Laporte le 5 mars. "Mais si on nous dit qu'il n'y a pas de partenaires d'entraînement, il n'y en aura pas", a-t-il ajouté.

► Jalibert va-t-il prolonger son bail ?

Un fauteuil (d'orchestre) pour deux. Qui de Matthieu Jalibert ou de Romain Ntamack allait diriger la partition des Bleus face à l'Angleterre ? Le premier, en poste depuis cinq matches, céderait-t-il son numéro 10 au second, de retour de blessure et habituel titulaire en 2020 ? Le choix n'était pas évident et s'apparentait à un problème de riche pour Fabien Galthié. Car il faut bien avouer que Jalibert (22 ans, 10 sélections) a pris du galon pendant l'absence du Toulousain, hors course pendant deux mois après une fracture de la mâchoire. 

Rarement pris à défaut dans ses choix de jeu, solide au pied, l'ouvreur de l'UBB a incontestablement marqué des points, et pas seulement entre les poteaux. Il fait aujourd'hui figure d'un véritable "numéro 1 bis" au poste. D'autant que se profile l'Angleterre, certes guère vaillante, mais l'Angleterre quand même. Le sélectionneur des Bleus a certainement pris en compte l'ensemble de ces paramètres et n'a pas osé changer une équipe qui gagne au moment du Crunch .

► Les Bleus ne vont-ils pas se mettre trop de pression ? 

Cela fait plus de dix ans que le XV de France n'a plus remporté un seul trophée. Un bail en forme de bannissement. Depuis ce fameux Grand Chelem de 2010, les Bleus ont soit tutoyé le Graal sans le toucher (finale de la Coupe du monde 2011), soit regardé passivement passer le train de la victoire. Mais cette année l'oeil du tigre a remplacé celui de la vache.

Pour la première fois depuis des lustres, les Tricolores sont en bonne position pour remporter le Tournoi, voire réaliser le Grand Chelem. Et c'est aussi en cela que ce Crunch revêt une importance vitale. Un victoire et les hommes de Galthié, outre la satisfaction d'avoir battu l'ennemi intime, pourront se projeter vers le match à rejouer contre l'Écosse et la finale possible contre le pays de Galles. Une défaite et c'est tout l'élan, comptable et psychologique, qui serait brisé. 

► L'Angleterre va-t-elle choisir le Crunch pour se réveiller ?

Le moment serait mal choisi, avouons-le. On préfère voir ce XV de la Rose amorphe et sans imagination qui sévit depuis le début du Tournoi. Les hommes d'Eddie Jones, qui restent pourtant sur une place de finaliste à la Coupe du monde et une victoire en Coupe d'automne des nations, sont méconnaissables depuis l'ouverture de la compétition. Plombés comme jamais par une indiscipline qui ne leur ressemble pas. Lors de leurs trois premiers matches, les Anglais ont ainsi concédé 41 pénalités. Shocking.

"Je ne vois pas de leaders sur la pelouse capable de reprendre l'équipe en main", regrette Matt Dawson dans les colonnes de la BBC. Et l'ancien demi de mêlée international de poursuivre : "Malgré toute l'expérience de cette équipe, c'est très étrange qu'elle ne possède pas de tauliers quand les choses tournent mal. Je voudrais voir un joueur qui hurle à la face d'un autre d'arrêter de concéder des pénalités mais cela ne se produit jamais". Espérons que les Bleus continuent de profiter de cette atonie.

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