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Tournoi des Six Nations : les quatre choses que l'équipe de France devra améliorer en Irlande

Avoir inscrit cinquante points à une équipe, ce qui ne lui était plus arrivé depuis France-Samoa en 2016, n'offre pas à l'équipe de France des garanties sur l'avenir. Après ce week-end ensoleillé et radieux à Rome, les Bleus vont mettre le cap sur l'enfer vert de Dublin, où les attendent des Irlandais qui n'ont plus perdu contre eux à domicile depuis 2011.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min

• La discipline : des progrès mais peut et doit mieux faire

Équipe la plus pénalisée du Tournoi des Six Nations 2020, la France a pris le taureau par les cornes. Jérôme Garcès, ancien arbitre international, a intégré en 2021 le staff pour remédier à cette indiscipline. À l'arrivée, un bilan de neuf pénalités contre l'Italie, dont cinq dans les 21 premières minutes, au moment où la pression transalpine était la plus forte.

"C'est toujours difficile de trouver l'équilibre entre l'engagement, la férocité, et le contrôle", avoue Fabien Galthié, le sélectionneur. "C'est très infime. Ces progrès vont aller de manière exponentielle", assure-t-il. Principale satisfaction : "Nous avons baissé notre ratio de 50% dans une zone qui était importante pour nous", souligne-t-il. La France a été pénalisée, mais loin des zones de marque donc. "Mais il y a aussi des points d'amélioration, sur des points stratégiques très simples, par exemple la mêlée où on peut faire mieux. C'était plus un problème de discipline que de force collective".

L'équilibre est d'autant plus difficile à obtenir que depuis un an et l'arrivée du staff de Galthié, les Bleus ont placé le curseur très haut dans ce secteur. Avec Shaun Edwards, responsable de la défense, aux commandes, ils ont fait des récupérations de ballon leurs premières armes offensives, comme l'ont constaté les Italiens samedi 6 février.

Mais attention, en Irlande, la pression, même sans public, sera plus forte. En octobre dernier, malgré une victoire à Paris contre le XV du Trèfle (35-27), les Français avaient été pénalisés à 14 reprises, soit deux fois plus que leurs adversaires. Samedi face à l'Écosse (6-11), l'Angleterre a creusé sa tombe à domicile en étant pénalisée à 16 reprises...

• La concentration : gare aux petits relâchements

Charles Ollivon, le capitaine, l'a affirmé en Italie : "Ce que je retiens, c'est la concentration et la constance pendant 80 minutes". Mais les 20 premières minutes de la rencontre, pas totalement maîtrisées, et la fin du match avec un essai encaissé sont autant d'alertes relevées par le staff du XV de France avant de voyager à Dublin. "On aurait pu continuer à accélérer notre rugby, et on s'est trompé", regrettait Fabien Galthié. "On l'a payé par cet essai", notait-il avant de conclure : "On a de la matière". En langage d'entraîneur, cela signifie qu'il y a encore du travail...

Un voyage en Irlande n'a rien à voir avec un déplacement à Rome, au-delà même de la météo. Depuis 2011, aucune équipe de France n'a gagné un match sur ces terres-là. Une seule formation s'y est d'ailleurs imposé lors des 22 derniers matches joués à domicile (l'Angleterre en 2019). Gagner à l'Aviva Stadium sera donc un exploit, qui passe par une attention de tous les instants.

"On n'a pas le droit de se relâcher", avertit Ollivon, le troisième-ligne du RCT. "On sait que les matches du Tournoi se jouent sur des détails. Se relâcher 5-10 minutes, ce n'est pas possible à ce niveau-là." Et si chacun louait le réalisme tricolore à Rome, que Raphaël Ibanez, le manageur, rappelait que dans un Tournoi "chaque point compte", le sélectionneur a déjà prévenu que les progrès dans ce secteur seront à juger lors "des prochains rendez-vous". À commencer par ce dimanche et ce deuxième déplacement consécutif.

• La défense : attention à bien réviser les leçons

On l'a dit, la défense est devenue l'une des armes du XV de France. Mais l'Italie a montré quelques failles dans l'armure. La percée de Juan Ignacio Brex, repris à 15 mètres de l'en-but par Gabin Villière et Brice Dulin, a surpris la défense bleue sur un crochet intérieur alors qu'elle glissait vers l'extérieur. Dans les 20 premières minutes, les Transalpins ont également fait reculer leurs adversaires grâce à quelques "pick and go" d'école, dans l'axe.

"L'adversaire a proposé du jeu avec des courses négatives au bord des rucks qui nous a posé des problèmes", a constaté Fabien Galthié. Une zone autour de laquelle le XV du Trèfle adore mener des combats, même si elle sera privée d'un de ses "warriors" et véritable poison, Peter O'Mahony, exclu dès la 15e minute contre le pays de Galles. Consumer des défenseurs ici permet d'avoir des espaces au large, ou, surtout, de bénéficier de pénalités pour un buteur de classe internationale comme Jonathan Sexton, bourreau des rêves français en 2018 au Stade de France sur son drop de l'ultime seconde.

Mais l'ouvreur irlandais a quitté les siens en fin de match dimanche pour une énième commotion, ce qui pourrait bien lui coûter sa place contre les Bleus. En novembre dernier, les Irlandais avaient gagné 98% de leurs rucks contre la France (110/112). Et dimanche 7 février, à Cardiff, ils ont encore apposé leur marque de fabrique aux Gallois, même réduits à 14.

Il ne faut pas oublier non plus l'essai de Ioane, invalidé par la vidéo pour un en-avant à la 36e minute, qui aurait pu relancer l'Italie, et celui en fin de match de Sperandio. À chaque fois, des exploits individuels, mais autant de petites alertes pour l'intraitable et bouillant Shaun Edwards.

• Appréciation générale : des notes globales à améliorer

Depuis 2016, aucune équipe de France n'avait atteint la barre des 50 points inscrits. Pourtant, derrière ce large succès en Italie, se cachent quelques potentiels soucis pour Dublin. Les Bleus n'ont eu que 43% la possession du ballon, et n'ont passé que qu'un peu plus de 15 minutes en attaque, contre presque 21 aux Transalpins. Face à la furia irlandaise, de telles statistiques pourraient bien coûter cher, comme les 10 pertes de balle concédées.

"Il va falloir aller plus loin dans tous les secteurs", avertit Charles Ollivon. "On en veut encore plus. On doit être plus rigoureux. Il faut qu'on monte le curseur dans tous les secteurs", pour ce "match capital". "C'est un gros morceau qui nous attend", conclut-il. "Il y a des points d'amélioration qu'on a notés et qu'on va travailler", synthétise Galthié.

À Cardiff dimanche malgré une infériorité numérique dès le premier quart-d'heure, le XV du Trèfle a montré toute son abnégation et sa capacité à rivaliser. A 14 contre 15, les hommes d'Andy Farrell ont tout de même fini à plus de 60% de possession. Ils auront donc un esprit de revanche après ce faux-départ, contre la France qui n'a gagné que deux de leurs dix derniers duels.

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