Six Nations : l'Angleterre couronnée, la France retrouvée, le pays de Galles décevant... ce qu'il faut retenir d'un atypique Tournoi
• La France a retrouvé foi en son XV
Au sortir d’une Coupe du monde prometteuse, terminée dans la douleur en 1/4 de finale face au pays de Galles, le XV de France abordait le Tournoi des 6 nations avec un tout nouveau visage. Exit Jacques Brunel, le sélectionneur, et Guilhem Guirado, le capitaine, place à Fabien Galthié et Charles Ollivon. Grâce à plusieurs nouveaux, comme Anthony Bouthier ou Arthur Vincent, c’est un collectif, chose qui manquait cruellement depuis bien longtemps, qui a vu le jour sous le contrôle de l’ancien demi de mêlée. Interrogé par Midi Olympique au mois de juin, Raphaël Ibanez, manager général du XV de France, reconnaissait les progrès des siens. "D’une façon générale, on a le sentiment qu’un élan a été créé. Cela dit, l’équipe est jeune et possède encore de nombreux points d’améliorations. Nous retenons ce match en Écosse qui doit nous aider à devenir meilleurs." Et justement, la défaite en Écosse, qui coûte aux Bleus le gain du Tournoi, servira à coup sûr dans le futur.
Pour briller et remporter 4 matches dans cette édition, Fabien Galthié s’est largement appuyé sur son nouveau capitaine, Charles Ollivon. Homme à tout faire, le troisième ligne, formé à l’Aviron bayonnais avant d’exploser à Toulon, s’est révélé comme le véritable patron du groupe France. Auteur d’un doublé dès la première rencontre du tournoi, face au XV de la Rose, Ollivon a démarré son mandat de la plus belles des manières. Mieux, en 5 matches, il comptabilise 4 essais et une importance de tous les instants. À défaut de remporter la compétition, le XV de France s’est trouvé un leader autour duquel construire.
Autre secteur fort du XV de France, la charnière. Si, durant plusieurs années, la France s’est cherchée un demi d’ouverture digne de ce nom, Camille Lopez ayant assuré l’intérim, Romain Ntamack, et Matthieu Jalibert son suppléant attitré, semble être la solution. À ses côtés, Antoine Dupont n’en finit plus d’impressionner. Le XV de France obtient, avec sa deuxième place, son meilleur résultat dans le Tournoi depuis 9 ans. Bien que particulière, l’édition 2020 du Tournoi des 6 nations a prouvé que l’effet Fabien Galthié était réel. Pourra-t-il durer, notamment lors du Tournoi 2021 qui approche à grand pas ? C'est ce que le rugby français espère.
• Le pragmatisme anglais a (encore) frappé
Sans jamais vraiment convaincre, hormis lors de la victoire face à l’Irlande (24-12) à Twickenham, le XV de la Rose a encore frappé. Par une victoire bonifiée en Italie (34-5), et quelques heures à attendre le résultat du match opposant la France à l’Irlande, les hommes d’Eddie Jones empochent leur 39e Tournoi des 6 nations, le premier depuis 2017, et dépassent ainsi le pays de Galles bloqué à 38 succès. Comme souvent, le duo composé d’Owen Farrell et de George Ford, deux ouvreurs qui cohabitent dans le XV de départ anglais, a joué un rôle prépondérant. Avec 48 points, Owen Farrell est le 3e meilleur marqueur du Tournoi, tandis que l’altruiste George Ford a délivré 4 passes qui ont mené un coéquipier à l’essai.
Aux commandes d’un effectif de grand talent, sans doute le meilleur d’Europe, Eddie Jones, sélectionneur australien du XV de la Rose, a trouvé la recette gagnante. En s’appuyant sur ses joueurs cadres dans les moments cruciaux, comme face à l’Italie avec la prestation majuscule de Ben Youngs qui fêtait sa 100e sélection, Jones et les siens ont remis les pendules à l’heure. Surtout, en 2021, les Anglais auront à coeur de prendre une revanche attendue, face à l’équipe de France à Twickenham.
• L’Écosse de Greg Townsend confirme
Capable de coups d’éclats retentissants, à l’image d’une magnifique victoire face à l’Angleterre dans le Tournoi en 2018, les Écossais ont, cette fois, confirmé sur la durée. Accrocheur, le XV du chardon a dû s’incliner face à l’Irlande (19-12), sans Finn Russell alors en froid avec son sélectionneur, puis face à l’Angleterre (6-13), à Murrayfield, au terme d’un magnifique combat. Mais, malgré ses deux défaites, cruelles, les coéquipiers de Stuart Hogg, excellent arrière récent champion d’Europe avec Exeter, terminent 4e avec 14 points. Une compétition réussie.
Surtout, ce succès est l’oeuvre d’un homme : Greg Townsend. Un sélectionneur arrivé en 2017, après un passage remarqué à Glasgow, club qu’il a mené jusqu’en 1/4 de finale de Coupe d’Europe, qui ne cesse de faire progresser sa nation. Pourtant, en se passant de Finn Russell, pour raisons personnelles, et de Jonny Gray, lors de la convaincante victoire face à la France, Townsend aurait pu se mettre à dos de nombreux observateurs écossais. Il n’en est rien, bien au contraire. L’ancien joueur de Castres a enchaîné les choix osés, comme celui de se passer de Huw Jones, étincelant lors des précédentes, pour faire confiance à Chris Harris, encore excellent dans la victoire face aux Gallois. En progrès constants depuis plusieurs années, l’Écosse a pris une nouvelle dimension cette année. Bis repetita en 2021 ?
• Le pays de Galles, immense déception du Tournoi
Qui aurait pu croire à une telle désillusion ? Surtout après avoir humilié l’Italie (42-0) en ouverture. Mais, en devenant incapable de remporter un match accroché à l’image de la défaite (23-27) face à la France, les Gallois ne sont pas parvenus à remporter un autre succès. Lauréat du Tournoi des 6 nations 2019, en réalisant le Grand Chelem s’il vous plait, le pays de Galles achève l’édition 2020 à la 5e place. Le pire résultat du XV du Poireau depuis 2007. Un an après sa prise de fonction, en remplacement de l’inamovible Warren Gatland, Wayne Pivac est, déjà, sous le feu des critiques.
Mais, pour sa défense, Pivac a expliqué que le Tournoi 2020 ne représentait qu’une étape dans le long chemin qui mènerait les siens jusqu’à la Coupe du monde 2023, qui se disputera en France. "Nous sommes tous au courant de notre bilan. On reste déterminé à atteindre notre but : bien figurer à la prochaine Coupe du monde. C’est un long chemin, il y aura beaucoup de pression (...) mais j’aime répondre à la pression." Autour de l’emblématique capitaine Alun-Wyn Jones, qui disputait face à l’Écosse son 149e match international, et d’autres joueurs phares de l’ère Gatland nés dans les années 1980 comme Leigh Halfpenny ou Dan Biggar, Pivac a tenté de glisser quelques jeunes comme le très remarqué troisième ligne Shane Lewis-Hughes. Heureusement, le réservoir gallois semble riche en talent. Le tout pour le sélectionneur néo-zélandais du pays de Galles sera de trouver le bon dosage entre les anciens et les plus jeunes. Gatland y était parvenu, remportant 3 Grand Chelems, à Pivac de trouver la recette gagnante.
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