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6 Nations: Ntamack, Jalibert, Carbonel, l'ouverture aux surdoués dans le XV de France

En appelant pour couvrir le poste de demi d'ouverture trois joueurs âgés de 20 à 21 ans, le nouvel encadrement du XV de France a confié les clés du jeu français à des surdoués, mais peu (ou pas) expérimentés au niveau international. Point commun des trois hommes: leur volonté de jouer et de faire jouer.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Louis Carbonel, 20 ans, aucune sélection en équipe de France A. Matthieu Jalibert, 21 ans depuis trois mois, une sélection pendant 30 minutes en équipe de France A. Romain Ntamack, 20 ans, 12 sélections. Depuis ce mercredi 8 janvier 2020, ces trois hommes ont les clés du camion bleu, au point de départ d'une course menant jusqu'à la Coupe du monde 2023.

Ne cherchez pas ailleurs, aucune ligne de l'équipe de France "new generation" ne possède trois hommes aussi jeunes. A un poste de demi d'ouverture soumis à la pression du jeu et des féroces défenseurs adverses, placer trois jeunes peut ressembler à un risque. Avec ces trois-là, les risques sont limités. Car les trois hommes sont titulaires dans leur club qui joue les premiers rôles en France comme en Europe. Et c'est oublier qu'Owen Farrell a connu sa première sélection avec l'Angleterre à 21 ans, que Jonny Wilkinson a fait ses premiers pas dans le XV de la Rose à 18 ans, ou encore que la Nouvelle-Zélande a incorporé un certain Dan Carter alors qu'il n'avait que 21 ans lors de la Coupe du monde 2003 (il avait joué plutôt au poste de centre). Comparer ces trois monstres aux jeunes Bleus n'est pas usurpé.

Ntamack, un statut déjà affirmé

Romain Ntamack, le plus capé des trois (12 sélections), a en effet connu le même début de carrière internationale que le meilleur demi d'ouverture de l'histoire. Lors de ses débuts, au Stade de France contre le pays de Galles le 1er février 2019, il portait le N.13 dans le dos. Et c'est avec le 10 qu'il a traversé la Coupe du monde 2019. Trois-quarts centre ou ouvreur, le fils d'Emile Ntamack navigue entre les deux postes, y compris dans son club du Stade toulousain. Mais il est toujours là.

Car ce talent précoce, doté d'une technique exceptionnelle, a presque toujours joué en étant surclassé, notamment chez les Bleuets: équipe de France des moins de 17 ans, doublement surclassé en équipe de France des moins de 20 ans avec laquelle il est devenu champion du monde à 18 ans, plus jeune joueur français à disputer une Coupe du monde... Champion de France avec Toulouse, demi-finaliste de la dernière Coupe d'Europe, quart de finaliste du Mondial 2019, c'est un cadre avant l'heure. Son calme, sa sérénité, son coup d’œil et sa bonne défense, lui ont ouvert toutes les portes jusque-là.

Jalibert, l'éclosion retardée

Il a fêté ses 21 ans au mois de novembre dernier. Pourtant, Mathieu Jalibert fait presque figure d'ancien dans ce groupe, lui qui a fêté sa première sélection en Bleu le 3 février 2018, à 19 ans et demi, et 11 matches de Top 14. C'est aussi sa dernière. Car après 30 minutes de jeu, l'ouvreur de Bordeaux-Bègles s'écroulait sur la pelouse contre l'Irlande, genou en bandoulière. Pas d'opération, six mois d'absence, une rechute et cette fois, il ne coupe pas à l'opération. C'est pratiquement une saison blanche pour le jeune joueur, quart de finaliste de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 2017. 

Depuis son retour, en janvier 2019, tout a changé. Cette saison, il impressionne. Si l'UBB occupe la 1re place du Top 14, elle le doit beaucoup à son N.10. Septième meilleur réalisateur du championnat de France avec 97 points marqués dont 4 essais, il brille de mille feux. Stratège, sûr au pied, il alimente l'une des plus prolifiques attaques de France (367 points marqués et 4 bonus offensifs conquis). 

Carbonel, le talent couvé

Vous ne connaissez pas Louis Carbonel ? Ce n'est pas si étonnant que ça, car tout a été fait pour qu'il passe sous les radars. Couvé des regards, couvé tout simplement pour mieux le laisser éclore.

Avec Romain Ntamack, leur itinéraire se ressemble. Les deux jouent leur premier match du Top 14 à 18 ans. En 2018, à la Coupe du monde des moins de 20 ans, le Toulonnais déplace le Toulousain au centre pour conquérir la couronne mondiale. A la fin de cette année, ils sont encore associés dans cette configuration avec les Barbarians face aux Tonga. L'année suivante, pendant que Ntamack débute chez les A, Carbonel reste avec les moins de 20 ans pour un deuxième sacre planétaire. Et quand il devient champion de France espoirs à l'issue de la saison 2019, Ntamack soulève le Bouclier de Brennus. Choix subi mais pleinement compris. Et depuis le début de la saison, c'est lui qui mène le jeu du RCT. Là aussi, Toulon profite pleinement de sa vitesse de course, de ses choix, de son talent, pour occuper la 3e place du Top 14. Le renouveau varois, c'est aussi lui. Dans moins d'un mois, il fêtera ses 21 ans, deux jours après le France-Angleterre. Désormais dans le groupe, il peut commencer à prendre la lumière. 

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