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6 Nations : France - Angleterre, les cinq oppositions clés du Crunch

Le Crunch entre la France et l'Angleterre (en direct sur France Télévisions à 16h) est un énorme choc attendu. Entre une équipe anglaise vice-championne du monde il y a 3 mois, et une française qui n'a plus été dans le Top 2 du Tournoi des 6 Nations depuis 2011, la victoire pourrait se jouer autour de cinq secteurs de jeu, cinq oppositions.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
  (LAURENT LAIRYS / LAURENT LAIRYS)

L'arrière : deux novices sous pression

Si Eddie Jones a passé sa semaine à pointer du doigt le manque d'expérience des Bleus, il n'a pas hésité à imiter le staff de l'équipe de France en titularisant un novice à l'arrière. George Furbank, de Northampton, va ainsi découvrir les matches internationaux au Stade de France à 23 ans. Comme Anthony Bouthier, 27 ans, l'arrière de Montpellier, a découvert le Top 14 en août dernier, alors qu'il était encore maçon voici cinq ans. Aujourd'hui, il a disputé 17 matches dans l'élite, dont 14 comme titulaires, avec 6 essais au compteur. Doté d'un bon jeu au pied, il sait qu'il sera mis à l'épreuve par le trio Youngs - Ford - Farrell, rois des coups de pied de déplacement. Son homologue anglais, très séduisant avec les Saints, devra, lui, couper les espaces dans lesquels voudront s'engouffrer les feu-follets tricolores, comme Teddy Thomas, Gaël Fickou, Virimi Vakatawa et autres... Bouthier. Dans son camp, on s'est employé à louer son "calme sous la pression", dixit Eddie Jones ou sa bonne lecture du jeu. "Il est très confiant", a aussi insisté le capitaine Owen Farrell. Les deux hommes vont vivre un sacré baptême du feu. 

Les piliers : la suprématie en mêlée en jeu

Deux premières lignes diamétralement opposées. D'un côté, Joe Marler, 29 ans et 68 sélections, opposé à Mohamed Haouas, 25 ans et aucun match en Bleu. De l'autre, Kyle Sinckler, 26 ans et 31 sélections contre Cyril Baille, 26 ans et 17 capes. Ne cherchez pas, l'expérience penche totalement en faveur des Anglais car les deux petites sélections du talonneur Julien Marchand ne rééquilibrent pas les débats face aux 45 de son homologue Jamie George. C'est pourtant ici que va commencer le combat promis par Eddie Jones aux jeunes Bleus, dans ces duels de piliers qui feront naître des bons ballons ou des pénalités contre leur équipe.

Marler, le pilier gauche des Harlequins (114 kg), est un fameux joueur, aux pratiques pas toujours réglementaires, à la gouaille qui n'a d'égale que sa combativité, à l'expérience incroyable dans un secteur de jeu où elle pèse très lourd. Son vis-à-vis français va passer un énorme test. Haouas a connu le rugby tardivement (15 ans), mais ses performances à Montpellier depuis trois ans ont séduit le staff tricolore. Ses 125 kg sont un argument de poids pour stabiliser l'édifice dans l'épreuve de force de la mêlée, et son abattage dans le jeu déployé est régulièrement salué.

De l'autre côté du pack, Kyle Sinckler est devenu un redoutable adversaire tout au long de la dernière Coupe du monde. Lui-aussi joue aux Harlequins. Son remplacement, au bout de trois minutes de jeu, avait changé la face de la finale du Mondial face aux Springboks. Chaque camp a identifié cette opposition comme l'une des clés de la rencontre. Face à lui, le Toulousain Baille, qu'il connaît depuis les -20 ans, est revenu de deux blessures pour disputer la Coupe du monde 2019 en tant que remplaçant. Habitué au jeu déployé au Stade, c'est aussi un bon technicien de la mêlée. Aux joueurs français de répondre présent dans le combat, en faisant preuve d'expérience pour ne pas répondre aux provocations qui ne manqueront pas dans ces épreuves obscures.

Les centres : pied et puissance face à folie et vivacité

Owen Farrell, ouvreur-buteur replacé en premier centre et Manu Tuilagui, puissant deuxième centre de 115kg. Côté anglais, le N.12 est d'abord là pour soulager le demi d'ouverture, George Ford, en prenant à son compte le jeu au pied, ou en envoyant le perforateur Tuilagui creuser des brèches dans les défenses. Sans oublier quelques initiatives que l'homme des Saracens a dans sa besace. C'est une association très solide, à défaut de faire dans la finesse.

Comme de nombreuses équipes, la France place plutôt un perforateur en premier centre, en l'occurrence Virimi Vakatawa, star du Seven anciennement ailier à 15 mais replacé pour le bonheur du Racing 92 au centre, pour laisser en 13 un Gaël Fickou, lui-aussi ancien ailier replacé au centre et désigné capitaine de la défense tricolore, très vif. Les deux hommes ont, chacun dans leur style, une bonne dose de créativité au cœur du jeu. "C'est une menace permanente", dit Simon Amor entraîneur des arrières anglais au sujet du joueur d'origine fidjienne. Et personne en Angleterre n'a oublié l'essai de Fickou qui avait crucifié le XV de la Rose au Stade de France en 2014, en toute fin de match. Cette opposition de styles entre ces trois-quarts centre peut déterminer le vainqueur de la rencontre.

La charnière : tradition contre improvisation

Ben Youngs, le demi de mêlée, et George Ford, le demi d'ouverture, sont des joueurs plutôt académiques. Les deux hommes sont aux affaires depuis un moment (95 capes pour Youngs, 65 pour Ford), et sont également associés en club, à Leicester. C'est dire s'ils se connaissent très bien. Ils se répartissent tous deux le jeu au pied derrière les regroupements, Youngs goûtant de partir au ras dès qu'il voit un petit espace. Cette charnière sait parfaitement réciter ses partitions.

Face à eux, la jeunesse conquérante française, incarnée par Antoine Dupont (23 ans, 20 sélections), associé à Romain Ntamack (20 ans, 12 sélections). Eux-aussi sont coéquipiers en club, à Toulouse. Le N.9 aime lui aussi partir seul, avec une vivacité et des crochets déstabilisants. Son physique en fait presque un 3e ligne de plus. Quant à Ntamack, c'est un chef d'orchestre hors pair, susceptible de franchir la ligne d'avantage aussi bien que de faire jouer autour de lui, en plus d'être un buteur fiable. Hermétique à la pression, le duo est habitué à brûler toutes les étapes, comme ils l'ont montré lors de la dernière Coupe du monde. Il a le jeu de l'équipe de France entre les mains, avec pour point commun le sens de l'improvisation.

La 3e ligne : La clé de voûte de tout

Pour que la charnière organise correctement le jeu, pour que la paire de centres puisse creuser des intervalles, la troisième ligne a un rôle essentiel. Lien entre avants et trois-quarts, c'est dans ce secteur que la domination peut déboucher sur des actions, sur des points. C'est ici que se joue la libération plus ou moins rapide des ballons, ici que se jouent les ballons volés qui font les meilleures phases offensives.

Durant la dernière Coupe du monde, les Anglais ont brillé de mille feux avec le trio Curry - Underhill - Vunipola. Ce dernier, blessé, manque cette fois à l'appel. Curry passe donc au centre de la 3e ligne, alors que Courtney Lawes, généralement 2e ligne, prend sa place de flanker. Lawes, c'est 2m et 115kg, et une belle réputation de décapiteur en défense. Premiers harceleurs sur la charnière adverse, leur mission est d'étouffer l'équipe adverse en exerçant un pressing permanent.

L'Angleterre sait que le jeu désiré par la France passe par des envolées et un soutien rapide de la 3e ligne. Solide, rapide, le trio Grégory Alldritt - Charles Ollivon - François Cros a toutes les caractéristiques pour mener à bien cette mission. Dans leurs clubs respectifs (La Rochelle, Toulon, Toulouse), ils évoluent aux quatre coins du terrain, en défense comme en attaque. Combattants, hommes de devoir, les trois hommes ont en commun une technique et un abattage hors norme.

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