6 Nations : comment Cyril Baille a bousculé la hiérarchie des piliers gauche
Il est l’un des symboles du renouveau du XV de France. Si, depuis le début de son mandat, Fabien Galthié n’a pas fait bouger d’un iota sa charnière, le nouveau sélectionneur des Bleus s’est également attelé à instaurer de la continuité chez ses avants, tout en bousculant une hiérarchie qui semblait établie. Comment imaginer, il y a quelques mois, que Jefferson Poirot serait supplanté à son poste ? Qu’un gamin de 26 ans à l’expérience moindre allait passer devant celui qui était vice-capitaine des Bleus lors du Mondial ? Pas grand monde. Si ce n’est le patron du XV de France et le principal intéressé. Son nom : Cyril Baille.
Habile en main, pousseur en mêlée
Pour Benjamin Kayser, ancien talonneur du XV de France (37 sélections) et consultant de France Télévisions, le pilier du Stade Toulousain a "très calmement saisi sa chance. Il a fait un match extraordinaire contre l’Angleterre et s’impose progressivement." Il faut dire que le champion de France compile les qualités : très bon ballon en main, Cyril Baille s’affirme également comme "un redoutable pousseur en mêlée", même si le pack français est le plus sanctionné depuis le début du Tournoi des VI Nations, et malgré les critiques du pays de Galles.
L’ex-joueur de Clermont pointe notamment "une vraie complicité entre Cyril Baille et Julien Marchand (talonneur en Bleus et à Toulouse, ndlr)" pour expliquer la bonne dynamique. Le natif de Pau est également un défenseur acharné. Il a effectué 22 plaquages depuis le début du Tournoi des VI Nations. Un symbole : une séquence défensive face à l’Angleterre au cours de laquelle le XV de la Rose a reculé d’une dizaine de mètres en moins de deux minutes, notamment grâce à l’impressionnante activité de Cyril Baille et Mohamed Haouas qui ont balayé le terrain pour repousser les assauts anglais, peu habituelle pour des piliers.
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Progression freinée par une blessure au tendon
Tenable physiquement pour des piliers ? "Si on leur demande de mettre autant de pression, c’est pour faire avorter les actions avant qu’elles ne soient enclenchées. C’est une stratégie dure et compliquée. Mais c’est ce que le rugby international demande." Une organisation "intéressante et tenable" aux yeux de Benjamin Kayser car les joueurs sont remplacés tôt dans le match : 49 minutes contre l’Angleterre, 58 face à l’Italie.
Samedi, Cyril Baille connaîtra au Principality Stadium sa 20e sélection, pour sa 10e titularisation seulement. Pourtant, celui qui a débuté le rugby à l’arrière avant de glisser en troisième ligne puis au poste de pilier avait connu un début de carrière internationale fulgurant, propulsé titulaire tout au long du Tournoi 2017 par Guy Novès. Mais sa progression a été freinée par une rupture du tendon rotulien en avril 2017. "Après sa blessure, il a été un peu l’appelé surprise pour la Coupe du monde, a fait des rentrées intéressantes et a su s’imposer dès la première occasion", analyse Kayser.
Huit piliers gauche utilisés en quatre ans
Et d’ajouter : "Il est en plein dans la bonne tranche d’âge pour progresser." Parmi les points à travailler pour le Toulousain : la capacité de répétition des tâches à très haute intensité et sa vitesse dans les déplacements. Deux points indispensables pour s'imposer au niveau international. Et conserver un statut de titulaire avec le XV de France, une formation dans laquelle huit piliers gauche différents ont été appelés lors des quatre dernières années (Baille, Poirot, Falgoux, Priso, Bamba, Ben Arous, Chiocci, Pelo).
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