Rugby : "Combattantes", une BD documentaire retrace le parcours sinueux des femmes pour pratiquer librement leur sport
Cette BD revient aux origines du rugby féminin et sur les obstacles que les joueuses ont dû surmonter pour s'adonner librement à leur discipline.
Elles sont des "combattantes". Ces "combattantes", ce sont ces femmes qui ont lutté, en France et ailleurs dans le monde, pour avoir le droit de pratiquer un sport, et de surcroît celui qu'elles affectionnaient : le rugby. Cette histoire est racontée dans la BD documentaire Combattantes. Rugby, une histoire de femmes (Ed. Actes sud, 23 € en librairie) par l'auteure Isabelle Collombat et l'illustratrice Sophie Bouxom.
A elles deux, dans un texte très pédagogique, mais parfois trop succinct, combiné à des dessins réalisés avec talent, elles retracent la lignée de ces "combattantes", dont l'équipe de France féminine de rugby, actuellement engagée dans le Mondial, est l'héritière. Depuis les années 1920, ces pionnières ont combattu pour pouvoir pratiquer ce sport dans des conditions décentes, former des équipes et organiser des compétitions.
Du premier match de barette en 1922, l'ancêtre du rugby, à l'obtention du statut de sportives de haut niveau en 2001, en passant par l'intégration du rugby féminin au sein de la Fédération française de rugby (FFR) en 1989, le chemin a été long. Ces femmes qui ont œuvré pour son développement, dont plusieurs portraits sont à découvrir au fil de la lecture, ont dû progressivement s'affranchir des préjugés de la société patriarcale et de la domination masculine.
Une pratique interdite car jugée "trop dangereuse" et pas "féminine"
Si aujourd'hui les femmes peuvent s'adonner librement à cette discipline sportive, cette liberté n'existait pas dans les années 1970, où les joueuses de rugby se sont vu interdire cette pratique, jugée par les hommes "trop dangereuse", et "pas assez féminine". On y apprend même que le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs de l'époque, Marceau Crespin, déclarait : "Je pense que le rugby, sport de contact exigeant des qualités d'endurance, de robustesse foncière et de virilité, est contre-indiqué pour les jeunes filles et les femmes pour des raisons psychologiquement évidentes... Aussi, je vous demande [lettre adressée aux préfets] de ne pas les aider, ni à plus forte raison de patronner les équipes de rugby féminin."
Alors, les sportives bravent l'interdiction et optent pour la débrouille afin de continuer à jouer de manière illégale. Le système D concerne aussi l'aspect financier, puisque les clubs ne reçoivent à l'époque aucune subvention pour la filière féminine. Ils doivent donc trouver des financements par leurs propres moyens pour payer les licences, les équipement et les déplacements. A tel point que le rugby leur coûte plus qu'il ne leur rapporte. Qu'importe, l'envie est là et leur persévérance permettra de gagner le respect de leurs homoogues masculins et l'engouement de la société afin de créer la première Coupe du monde de rugby féminin, en 1991 (quatre ans après les hommes), et d'entamer une professionnalisation.
L'ouvrage, qui accroche le lecteur dès les premières pages, regorge d'anecdotes. Comme celle où l'on apprend qu'en 1982, date de la naissance de l'équipe de France féminine, les maillots des Bleues n'affichent pas le coq, l'emblème tricolore, pourtant bien visible sur celui des hommes. Il faudra attendre la fin des années 1990 pour que le fameux symbole apparaisse officiellement sur leur tunique.
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