: Reportage Après la mise en examen de Hugo Auradou et Oscar Jegou, la crainte en France de voir l'affaire salir tout le rugby
Dernier test match samedi pour l’équipe de France de rugby, qui termine sa tournée estivale en Amérique du Sud dans la tourmente après plusieurs scandales. Ils affronteront une nouvelle fois l’Argentine à 21 heures. C’est à peu près la même composition sur le terrain que la semaine dernière, mais le contexte a changé.
Vendredi, les deux rugbymen français, Oscar Jegou et Hugo Auradou, ont été mis en examen pour viol aggravé. Eux reconnaissent avoir eu une relation sexuelle avec la plaignante, mais nient toute violence. En début de semaine, c'est le joueur Melvyn Jaminet qui avait fait polémique après avoir prononcé des propos racistes. Des scandales très mal vécus sur le terrain par le rugby français, comme au Havre, en Seine-Maritime, où les joueurs du HAC Rugby regrettent les polémiques. Le malaise est palpable.
Au bord du terrain, les joueurs du HAC Rugby encadrent une dizaine de jeunes de moins de 14 ans pour un stage d'été. Entre deux exercices, impossible de ne pas parler des affaires qui ébranlent leur sport. Mathéo, 23 ans, est un des entraîneurs, et il est un peu abasourdi. "C'est en train de faire du bruit, oui c'est un peu difficile", admet le jeune homme. Difficile à supporter, car il craint de voir l’image du rugby être écornée.
Un mythe mis à mal
À côté de lui, un autre Mathéo, qui joue lui avec l’équipe espoirs. "C'est un sport de voyous pratiqué par des gentlemen qui se mettent dessus sur le terrain, mais pas en dehors. Avec ces histoires-là, on peut se demander si c'est vraiment le cas." Résultat : c'est le mythe du joueur de rugby brute sur le terrain et gentleman le reste du temps qui est mis à mal.
Il est d’autant plus déçu que cette nouvelle génération de joueurs, selon lui, est prometteuse. "Nos U20 sont champions du monde depuis deux ou trois ans, ça casse un peu l'image de la nouvelle génération très forte qu'on pourrait avoir."
"Avec des histoires comme ça, c'est inadmissible de jouer en équipe de France."
Mathéo, joueur de l'équipe espoir du HAC Rugbyà franceinfo
Federico Vidal vient d’Argentine. À 27 ans, il joue dans la première équipe du club havrais, en Fédéral 1, plus haut niveau amateur. Selon lui, le problème est plus structurel. "Il y a beaucoup de machisme. Le principal problème, c'est ça. C'est très triste pour la victime." La culture de la violence joue aussi pour beaucoup selon lui. Avec parfois des après-matchs tendus. Il veut que justice soit faite et que la fédération soit à la hauteur pour que "les joueurs paient vraiment les conséquences".
"On n'est pas tous des monstres !"
Argentin également, Ezequiel Cortez est un joueur pro. Il a côtoyé Hugo Auradou, l’un des deux internationaux accusés de viol en Argentine. "Son père, c'est David Auradou, il a joué ici au Havre." S'il admet des troisièmes mi-temps festives, pour Ezequiel ce n’est pas un problème d’encadrement qui est à l’origine des scandales. "Je ne veux pas non plus balancer tout sur le staff. Il faut un peu de liberté quand on fait ce genre de tournée, couper un peu le sport. On connaît des gars, avec nous, avec le groupe, ils ne boivent pas. Par contre ils ont ces groupes de copains en dehors du rugby avec lesquels ils font ces soirées. Ça n'a rien à voir avec la discipline."
Il ne veut pas que les actes de quelques personnes salissent l’image de son sport. "Il ne faut pas non plus punir tout le reste. Il ne faut pas que tout le monde parle comme si nous les rugbymen, on était tous des monstres." Les rugbymen attendent désormais les conclusions de l'enquête et préfèrent se projeter vers la nouvelle saison.
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