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La France a-t-elle besoin de tant de stades flambant neufs ?

Stade Jean-Bouin à Paris, Pierre-Mauroy à Lille, MMArena au Mans, nouveaux stades en construction à Nice, Lyon ou Bordeaux... La France aurait-elle la folie des grands stades? Les projets se lancent à coups de centaines de millions d'euros. Ce qui, en période de crise, suscite de nombreuses critiques.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Charles Platiau Reuters)

Ce vendredi soir à Paris, à l'occasion de la 3e journée du Top 14 de Rugby, le Stade français accueille Biarritz dans un stade Jean-Bouin totalement rénové et agrandi. Oeuvre de l'architecte Rudy Ricciotti, le projet a été financé par des fonds publics. La Ville de Paris avance un coût global de 157 millions d'euros, quand l'opposition UMP parle elle de près de 200 millions.

Ces chiffres font polémique en période de crise. Plusieurs associations ou partis politiques s'opposent à ce projet. C'est le cas d'Europe écologie-les Verts (EELV) qui dénonce la multiplication des enceintes sportives à l'heure du Grand paris et des restrictions budgétaires.

"Alors que Jean-Bouin, Charléty, le Stade de France sont là, les projets de Grand stade de rugby dans l'Essonne et d'Arena92 à Nanterre, pour plusieurs centaines de millions d'euros chacun, risquent de plomber encore les finances des collectivités."

L'enveloppe consacrée à la construction du Grand stade de rugby dans l'Essonne, projet porté par la Fédération française de rugby (FFR), est estimée à 575 millions d'euros. L'Etat, la région Ile-de-France et les collectivités locales seront mis à contribution pour les travaux d'aménagement (axes routiers, transports, etc.).

La construction de ce nouveau stade vient concurrencer le Stade de France (SDF), toujours sans club résident, ce qui coûte à l'Etat 12 millions d'euros par an au titre d'indemnités versées au gestionnaire du lieu. L'avenir du SDF, qui a vu le sacre des Bleus, lors de la coupe du monde 1998 pourrait d'ailleurs être menacé par cette inflation de nouveaux stades, une inflation qui inquiète Jean Vuillermoz, adjoint au maire de Paris chargé des Sports.

Il n'y a pas qu'en Ile-de-France que ces nouvelles constructions inquiètent. A Bordeaux, le projet de Grand stade coûtera aux finances publiques 75 millions d'euros. Pour Pierre Hurmic, chef de file des écologistes bordelais et opposant au projet, ce n'est pas le rôle des collectivités publiques de supporter de tels coûts.

Un point de vue que ne partage pas Stéphane Pottier, chargé du développement d'infrastructures sportives pour une filiale de Lagardère. Alors qu'approche l'Euro 2016 de football, qui se déroulera en France, le parc des stades est selon lui vieillissant, et les investissements publics nécessaires pour le rénover.

A long terme, cela générerait, selon Stéphane Pottier, des retombées intéressantes pour les collectivités locales. Mais construire un nouveau stade est aussi une prise de risque. Au Mans, le flambant neuf MMArena pourrait se retrouver être une charge supplémentaire pour la municipalité. En fonction de l'avenir sportif du club, toujours aussi incertain, elle devra assumer les loyers du stade.

A Strasbourg, un projet de nouveau stade avait lui aussi été lancé peu avant la rétrogradation du Racing club de Strasbourg en CFA2 en 2011. Mais les mauvais résultats sportifs et les difficultés financières du club alsacien avait incité le maire de la ville, Roland Ries, et les partenaires à revoir leurs ambitions à la baisse: ils avaient abandonné purement et simplement le projet.

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