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France-Nouvelle-Zélande : le "french flair" ou la sortie

L'équipe de France de rugby va subir une épreuve de vérité ce samedi face à la meilleure équipe du monde : les mythiques All Blacks. Ce quart de finale de coupe du monde, à Cardiff, sera probablement la rencontre la plus importante des Bleus ces quatre dernières années. Et la lourde défaite contre l'Irlande éclaire d'un sombre jour ce qui pourrait être le dernier acte.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (L'équipe de France à l'issue de son matche perdu contre l'Irlande, ou Dussautoir à la recherche de l'esprit du "french flair"...  © Reuters / Toby Melville)

 24-9. Qui dit mieux ? Qui dit pire ? Le résultat sec et sans pitié du match France-Irlande de dimanche dernier pèse sur le lever de rideau de ce quart de finale de coupe du monde comme l'avertissement d'une Cassandre en crampons. C'est en tout cas un drame rugbistique dans la plus grande tradition de l'équipe de France qui s'annonce, à 21h, heure française, dans le stade de Cardiff. 

A bout du rouleau

Car ce match s'inscrit parfaitement dans un récit classique, dans la tradition presque épique des histoires de rugby. Un cycle de quatre ans, ouvert par quinze hommes en noir, à l'autre bout du terrain. 23 octobre 2011 : dans le champ clos d'Eden Park, à Auckland, les All Blacks jouent leur finale de coupe du monde, sur leur terre. Et ils en sortent victorieux, mais plumés. Après un mondial calamiteux, les Bleus jouent un match de chiens et ne s'inclinent que d'un seul point. 17 octobre 2015 : ce sont à nouveau les Blacks, prêts à refermer le cycle, qui se dressent devant une équipe au bout du rouleau, pour reprendre le titre d'un célèbre roman de Joseph Conrad, où le capitaine d'un navire devient aveugle et le cache à son équipage.

Ce capitaine, il pourrait s'appeler Philippe Saint-André. "Pacha" de l'équipe de France pendant presque toute cette histoire. Une navigation plutôt rude, faite d'apprentissage rugueux, d'erreurs, de doutes. Un des pires mandats d'entraîneurs de toute l'histoire du rugby hexagonal : 20 défaites en 44 matches. Après un mois d'entraînement, les Bleus ont pourtant fait renaître l'espoir de jours meilleurs, avec la série de victoires de cet été et de ce début de coupe du monde. Mais ces bons points n'ont pas dissipés une sensation de flou, qui s'est accentuée durant les matches de groupe et qui a explosé dimanche dernier face à l'Irlande.

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Quels arguments vont pouvoir avancer les Bleus pour faire trébucher la meilleure équipe du monde ? Pour rajouter une treizième ligne sur la liste étriquée des victoires françaises en 55 rencontres entre les deux équipes ? L'attaque ? Moins de deux essais par match en moyenne depuis quatre ans. Les avants ont mis les bouchées doubles lors des derniers entraînements à Newport. Touches et mêlées sous le regard de leur entraîneur, Yannick Bru et de Philippe Saint-André lui-même. La défense reste certes vaillante mais elle ne suffira pas face aux Blacks.

Le mythe du "french flair" à la rescousse

Les mathématiques et l'histoire étant résolument néo-zélandais, les Bleus devront peut-être finalement compter sur l'irrationnel. Récit classique là encore. L'atout des Français, c'est peut-être leur mythe. Ce fameux "french flair" dont la principale force est que son existence demeure incertaine et vaguement menaçante. Des ballons irréels, des passes improbables, des courses folles, un instinct divin des espaces. L'essai du siècle en 1991, par exemple, signé... Philippe Saint-André.

Les Blacks l'ont en tête. Steve Hansen, l'entraîneur kiwi tente de le conjurer en assénant que le jeu étriqué du Top 14 l'a tué. Il a beau dire. En 2007, c'est bien la furia francese qui a eu raison des All Blacks, déjà en quart de finale de coupe du monde et déjà à Cardiff. Du rêve, du mythe ? Peut-être. Sans doute même. Mais concrètement, sur le terrain, ce mythe peut transformer quelques beaux ballons en doute chez l'adversaire. Les Bleus ne seraient pas les premiers Français à s'en remettre aux forces de l'esprit.

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