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XV de France: champs de ruines ou d'expérimentations face à Guy Novès ?

Après la claque reçue face à la Nouvelle-Zélande en quarts de finale de la Coupe du monde, au terme de 4 années ternes, l'équipe de France se trouve au plus mal. Remise en cause du staff, des joueurs, de la formation, du système, de la Fédération, des clubs, tout y passe. C'est dans ce contexte que Guy Novès, le plus grand palmarès du rugby français, va prendre en mains la sélection, à compter du 1er novembre.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Guy Novès, le nouveau sélectionneur du XV de France (REMY GABALDA / AFP)

Les atouts de Guy Novès

Nommé prochain sélectionneur le 31 mai dernier, Guy Novès va occuper un poste qu'on lui a très souvent proposé, mais qu'il avait toujours refusé jusque-là. A 61 ans, il possède le plus beau palmarès du rugby français: quatre Coupes d'Europe (1996, 2003, 2005, 2010) et deux places de finaliste (2004 et 2008), dix Boucliers de Brennus (1989, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001, 2008, 2011, 2012) et trois places de finaliste (1991, 2003, 2008). Sous sa houlette, il a eu quelques-uns des plus grands joueurs du XV de France: Fabien Pelous, Thierry Dusautoir, Christian Califano, Emile N'Tamack, Frédéric Michalak, William Servat, Vincent Clerc...

Il a la connaissance du haut niveau, de ses contraintes, des joueurs actuels du championnat de France, et peut compter sur un staff unanimement salué pour ses compétences (son ancien adjoint à Toulouse Yannick Bru, seul survivant de l'ère Saint-André, et Jean-Frédéric Dubois, ancien adjoint de Quesada au Stade Français) qui ont, tous deux, évolué sous ses ordres. Ce trio ne perdra donc pas de temps pour se connaître. Et tout le monde, joueurs comme membres du staff, sait quelle philosophie de jeu Guy Novès va appliquer. Du jeu à la main, debout, avec de l'adaptation permanente et une conquête forte, voilà pour les très grandes lignes. Le "sorcier" toulousain, meneur d'hommes exceptionnel, pourra aussi s'appuyer sur la très large revue d'effectifs réalisé durant quatre ans par son prédecesseur (près de 90 joueurs). Et sur une génération montante de qualité (Plisson, Lopez, Tolofua, Ben Arous, Taofifenua, Jedrasiak, Camara, Bruni, Galan, Pélissié, Thomas, Fickou, Germain, Palis...), qu'il aura la charge de mener au plus haut niveau international. Cela tombe bien, la formation a toujours fait partie de son ADN.

A la tête du plus grand club français, il a souvent critiqué les désirs des sélectionneurs français, lorsque ceux-ci voulaient prendre les joueurs plus longtemps. Désormais de l'autre côté de la barrière, il va devoir trouver la voie pour améliorer le quotidien de ses troupes sans pour autant braquer les clubs.

Les obstacles face à Guy Novès

Comme souvent, la défaite a tout emporté. Au sein de l'équipe, quelques-uns ont reconnu que ces quatre années passées n'avaient pas été idylliques: "Cela fait trois ans et demi qu'on est dans le dur, qu'on doute", a dit Pascal Papé. Certains vont prendre leur retraite internationale, comme le Parisien, Michalak ou Mas, les autres vont devoir se reconstruire. Et le jeu de l'équipe de France est à rebâtir. Dans l'entourage, Serge Blanco, vice-président de la FFR, a traversé cette Coupe du monde comme un fantôme surtout après la défaite, avec un statut méconnu dans le groupe France depuis un an. A la Fédération, c'est "silenzio stampa", comme on dit en Italie. A la Ligue, c'est pareil. Seuls les anciens parlent, avec certains dirigeants de clubs. Toutes les instances ont beaucoup perdu dans cette défaite.

La guerre entre clubs, qui payent et fournissent les internationaux, et la Fédération, qui gère les amateurs et l'équipe nationale, est plus vive que jamais. Au coeur: le nombre de matches joués par les internationaux, le cadre du Top 14 qui en fait le championnat le plus difficile mais le moins offensif et spectaculaire, le recours aux joueurs étrangers qui empêche ou retarde l'éclosion des Français, la formation technique qui ne semble pas donner les mêmes armes que dans l'hémisphère Sud, le retard physique qu'une bonne préparation de trois mois ne permet plus de combler ni même de créer des différences contre les nations mineures (Roumanie, Canada...).

Les dossiers ne manquent pas. Certains en appellent à une révolution, pour mettre enfin l'équipe de France au centre du rugby français, comme partout dans le reste du monde. Seulement la puissance économique du rugby hexagonal vient bien du Top 14. Et Guy Novès va devoir débuter son mandat avec les mêmes contraintes que ses prédecesseurs. Les fenêtres de mise à disposition des internationaux sont déjà connues conventionnées. Contrairement aux deux précédentes années, aucun stage ne précèdera le début du Tournoi des 6 Nations, qui sera l'occasion d'un doublon (lors de France-Ecosse les 12-13 mars). Et en juin, le nouveau sélectionneur devra s'envoler pour l'Argentine sans les demi-finalistes du Top 14, afin de défier les Pumas lors de deux tests-matches. Bref, de novembre à juin, à moins d'un tremblement de terre, le nouveau sélectionneur devra faire comme les autres: gérer les rares moments avec des joueurs qui ne seront peut-être pas ses premiers choix. Ensuite ? C'est un grand mystère.

Vidéo: L'analyse de Fabien Galthié

VIDEO. La débâcle du XV tricolore, l'analyse de Matthieu Lartot et Fabien Galthié

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