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Manu Tuilagi, une épine dans la famille

Cadet d'une famille d'internationaux samoans, Manu Tuilagi a décidé de représenter le XV de la Rose, après avoir séjourné suffisamment longtemps en Angleterre, où il est arrivé à l'âge de 13 ans. Comme ses frères Henry, Feretti, Anitele'a et Alesana (sélectionné pour ce Mondial), il est une force de la nature mais il se positionne au centre de la ligne de trois-quarts. Deux sélections, deux essais, et voilà un pays amoureux d'un homme qui retrouve son Pacifique.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Vingt ans, 1.85m, 115kg, une puissance et des appuis. Manu Tuilagi pourrait bien être la grande révélation de cette Coupe du monde. Samoan d'origine, précédé dans le rugby par quatre frères qui ont tous été internationaux pour leur pays, il a décidé de suivre le même chemin, en prenant la direction de l'Angleterre dès 13 ans, et d'en revêtir le maillot sept ans après. "Cela n'a pas été une décision difficile", explique-t-il. "J'ai grandi ici et c'est ici que j'ai appris à jouer au rugby. J'ai joué pour l'équipe d'Angleterre des moins de 16 ans, des moins de 18 ans et des moins de 20 ans et quand vous jouez pour ces sélections de jeunes, ensuite vous voulez bien sûr atteindre le sommet". Et les sommets, il est en passe de les gravir à vitesse grand V. Une saison dans le club de Leicester, une pré-sélection dans le groupe des 45 Anglais appelés à préparer le Mondial, un premier match contre le Pays de Galles avec un essai en prime, rebelote à Dublin contre l'Irlande, et le voilà avec son ticket pour la Nouvelle-Zélande en poche. Rikki Flutey, pourtant bien installé au coeur de la ligne de trois-quarts du XV de la Rose, en a été quitte pour rester au pays. 

C'est donc à quelques encablures de sa terre natale que Manu Tuilagi va peut-être prendre son envol planétaire. Ses partenaires en sont presque convaincus, à commencer par Jonny Wilkinson, qui a vu passer quelques "monstres" du rugby mondial avant lui: "Il a tout pour devenir un modèle pour les jeunes joueurs", s'enthousiasme l'ouvreur du RCT. "Il a la puissance, la vitesse mais aussi une incroyable vision du jeu et sa concentration est fantastique. Il a un talent fou. Je m'y attendais un peu avant le match. Je n'ai pas été déçu. Je tiens à souligner le plaisir, le vrai plaisir, que j'ai eu à jouer avec lui. J'ai senti l'excitation monter rien qu'à le regarder dans les yeux avant le match." Et d'aller même encore plus loin pour oser la comparaison flatteuse: "Quand quelqu'un a la capacité à lui seul de changer le cours d'un match, vous savez que c'est quelqu'un de spécial. Ca me rappelle un peu Sonny Bill Williams à Toulon". Mais si Brian Smith, chargé des arrières de la sélection anflaise, juge "un peu prématurée" cette comparaison, Mike Tindall, vice-capitaine et qui s'y entend dans le domaine de la force de pénétration, avoue avoir été bluffé par sa "puissance brute".

Tindall étant inamovible pour un poste au centre, il devra faire son trou aux dépens de Shontayne Hape, l'ancien joueur du XIII titulaire lors du Grand Chelem 2011 aux côtés de celui qui a intégré la famille royale en juillet dernier. Un défi qu'il est prêt à relever, mais que son inexpérience pourrait pénaliser. Un an après avoir failli être expulsé d'Angleterre pour n'y être rentré qu'avec un simple visa valable six mois, et n'être resté qu'après une intense campagne publique, Manu Tuilagi pourrait bien devenir le héros du royaume. La dérogation délivrée par les autorités anglaises serait alors ô combien profitable pour les champions du monde 2003.

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