Cet article date de plus de treize ans.

Les All Blacks la méritent

On ne gagne pas la Coupe du monde en trois mois, n'en déplaise à ceux qui ne jurent que par la préparation physique poussée pour rivaliser avec les ténors de l'hémisphère Sud. Pendant que la Nouvelle-Zélande peaufinait son jeu depuis l'échec de 2007, les Bleus naviguaient entre deux eaux. De 2008 à cet été, Marc Lièvremont a tâté sans trouver d'équipe type ni de style. Rédhibitoire à l'heure de disputer une finale mondiale.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Ma'a Nonu plonge dans l'en-but (WILLIAM WEST / AFP)

Le constat est accablant pour l'équipe de France. Aucun pays n'a remporté la Coupe du monde par hasard ! Entendons-nous bien. On ne dit pas que les Bleus vont automatiquement perdre dimanche à Auckland, mais les chances françaises restent minimes pour plusieurs raisons. D'abord, les All Blacks ont dominé le XV de France en poule (37-17) sans donner l'impression de forcer. Ensuite, les hommes de Graham Henry sont les seuls à ne pas avoir connu l'échec depuis le début de la compétition, et tous les anciens champions du monde sont restés invaincus durant l'épreuve. Enfin et surtout, les Néo-Zélandais se sont préparés depuis quatre ans pour cet évènement, le plus grand jamais organisé dans le "pays du long nuage blanc". 

Après la défaite inattendue de Cardiff en quarts de finale de l'édition précédente (20-18 contre la France), les Blacks ont repris leur marche en avant pour ne laisser que des miettes à leurs rivaux. Le sélectionneur national compte seulement 9 revers sur les 54 derniers matches joués par ses ouailles, soit presque 85% de victoires ! Sur la lancée de quatre premières années déjà très bonnes (entre 2003 et 2007), la Nouvelle-Zélande a continué d'élaborer son projet de jeu: libérations de ballons rapides, jeu dans la défense avec passages de bras, mêlée conquérante, enchaînements avants, trois-quarts sur un rythme ne laissant jamais l'adversaire respiré, balayage du terrain sur toute la largeur afin d'étirer au maximum la défense d'en face afin de profiter des intervalles et de s'engouffrer dans les brèches…etc. Rien n'a été laissé au hasard.

Un aboutissement, une consécration

L'équipe de France, au contraire, a tout connu depuis l'arrivée du nouveau staff fin 2007. Deux premières années pavées de bonnes intentions (de jeu) avec des promesses d'un style chatoyant, ouvert, libre et sans contrainte du résultat. Un an moins ambitieux entre les tournois des six Nations 2009 et 2010, avec à la clef le moins beau Grand Chelem de toute l'histoire du rugby tricolore (personne ne se risquerait à revoir le succès décisif 12-10 contre l'Angleterre, sans essai). Puis le temps des doutes avec des échecs retentissants en Afrique du Sud puis en Argentine avant la déroute de l'automne 2010 face aux Wallabies (59-16 tout de même). Avant les soubresauts de ce Mondial et les deux revers concédés aux Blacks et aux Tonguiens qui méritaient davantage que nos Bleus la qualification. 

Ce ne sont pas les deux "performances" réussies face aux Anglais et aux Gallois qui vont replacer d'un coup la France à hauteur de son hôte. Surtout que nos Coqs seraient déjà rentrés à la maison sans la victoire canadienne contre les Tonga et sans l'exploit irlandais face aux Wallabies qui a permis aux Bleus d'éviter d'affronter les pays du Sud, plus dangereux pour nos joueurs. Certes, pour une équipe qui s'est inclinée en Italie en mars, le curseur est reparti à la hausse. Mais prétendre vouloir soulever la coupe William-Webb-Ellis sur trois matches "à la muerte", sans référence, et en misant sur le fameux triptyque défense, conquête, jeu au pied, est une illusion. Ce "hold-up" incroyable tiendrait du miracle. Les supporters les plus chevronnés du XV de France y croient peut-être. Pas les grands observateurs de l'ovalie. Voilà pourquoi même sans Dan Carter, les All Blacks devraient remporter dimanche leur deuxième Coupe du monde. Implacablement.

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