Le miracle ou l'avion ?
Disons-le tout de go: battre l'Angleterre constituerait pour l'équipe de France un pur exploit par rapport aux prestations livrées depuis l'entame de ce Mondial. A la différence des Néo-Zélandais, un tantinet suffisants en 1999 (43-21) et en 2007 (20-18) lors de deux des plus grandes performances jamais accomplies par les Bleus, le XV de la Rose ne surestime jamais un adversaire comme l'équipe de France. Pour les All Whites, le "Crunch" reste un must qu'il convient de ne pas galvauder. Victorieux des Français en demi-finales des deux dernières éditions (24-7 en 2003 à Sydney et 14-9 en 2007 au Stade de France), les sujets de Sa Majesté n'ont pas brillé loin s'en faut- lors du premier tour en Nouvelle-Zélande. Deux succès aisés contre la Roumanie et la Géorgie n'ont pas chassé les doutes nés des victoires étriquées face aux Argentins (13-9) et aux Ecossais (16-12). La Rose n'est pas fanée mais elle pique moins fort.
Brelan d'As à l'arrière
Maintenant, les atouts des hommes de Martin Johnson demeurent: conquête féroce, rigueur en touche et dans le jeu au pied, trident offensif hors normes avec Cueto-Ashton-Foden pour des relances de folie, sans oublier l'intelligence et la maîtrise de talents tels que Flood ou Wilkinson, malgré son mauvais pourcentage de réussite depuis le début de la Coupe du monde. Le staff anglais, prévoyant un combat de tous les instants pour la ligne d'avantage, a choisi de mettre cinq avants sur le banc, et d'installer Nick Easter dans le couloir, histoire d'offrir de la puissance dans l'axe, là où Marc Lièvremont a décidé de titulariser un 8 plus coureur (Harinordoquy) que pénétrant (Lakafia ou Picamoles, sur le banc de touche).
L'équipe de France semble toutefois outillée pour ce duel entre Européens, véritable classique de l'épreuve (trois succès anglais pour un tricolore, lors de la petite finale de 1995 à Pretoria, depuis 1987). Le retour de Nicolas Mas en pilier droit, après trois semaines d'arrêt, devrait faire le plus grand bien au pack bleu qu'on a connu plus incisif. La deuxième ligne Nallet-Papé, le talonneur William Servat et le capitaine Thierry Dusautoir vont clairement devoir élever le niveau de leur jeu pour terrasser l'Anglais.
Vexés et revanchards
Sinon, ce sera Waterloo et le retour au pays la queue basse. Si la France reste toujours à portée d'un exploit inattendu, peu d'observateurs l'en croient cette fois capable. Pour retrouver le dernier carré de l'épreuve, comme à chaque fois sauf en 1991 (l'Angleterre, déjà, au Parc des Princes, 19-10), il faudra que les soldats bleus aient l'il torve et l'écume aux lèvres. La lucidité des demis (Yachvili-Parra) et la dextérité des trois-quarts (Mermoz, Clerc et Médard notamment) ne seront pas de trop dans ces joutes où chaque ballon gratté, chaque mètre gagné, chaque adversaire châtié, feront la différence.
L'entame de match sera une fois de plus déterminante et les Anglais ne pourront cette fois compter sur une erreur de Traille comme en 2007 (le Biarrot avait laissé le ballon rebondir et l'Angleterre avait marqué d'entrée grâce à l'opportuniste Lewsey). Mais ils miseront de nouveau sur une discipline de fer et profiteront des moindres largesses françaises pour nous concasser et enquiller les points. Désireux de se racheter de leurs deux humiliations consécutives (37-17 contre les All Blacks puis 19-14 face aux Tonga), les coqs sont parés pour le combat et ils se sont promis de ne rien lâcher durant 80 minutes. Dès fois, ça suffit pour déjouer les pronostics. Même contre la perfide Albion.
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