Hélène Ezanno, tête chercheuse des Bleues
Si toutes les joueuses du XV de France sont amatrices, Hélène Ezanno, bientôt 30 ans, se distingue de ses coéquipières par son métier: chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à Lille, sur le diabète, après une thèse sur les acides gras saturés. Avoir trouvé ce poste de chercheuse dans le Nord lui a permis de continuer à concilier son métier et sa passion pour le rugby, qu'elle pratique au Lille MRCV, l'un des huit clubs de Première division.
Elle a découvert ce sport par hasard à 23 ans, au sein de son école d'ingénieurs à Beauvais, qui organisait un tournoi universitaire, Les Ovalies. "Je participais à l'organisation, j'ai trouvé (le rugby) sympa et je m'y suis donc initiée. Ensuite je suis revenue à Rennes (elle est originaire de Lorient, ndlr), où j'ai découvert la pratique en club", raconte-t-elle. "Je ne connaissais pas du tout cette discipline! Moi, je faisais du canoë-kayak. De plus, mes parents ne sont pas très sportifs et je n'avais pas d'amis dans ce sport. Au premier entraînement je ne savais même pas que les numéros allaient de 1 à 15 et à quoi cela correspondait, même si j'avais suivi la Coupe du monde précédente", ajoute-t-elle. Quelques mois après le Mondial-2010, que les Bleues ont achevé à la quatrième place, Ezanno connaissait lors du Tournoi des Six nations 2011 la première de ses 31 sélections.
"Un choix de vie"
Il ne lui est cependant pas évident, comme pour ses coéquipières, de concilier métier et rugby, d'autant que les confrontations en Championnat imposent de longs trajets en train ou en car, et que les rassemblements avec le XV de France sont allés croissant dans la perspective de la Coupe du monde. "Cette année, on nous a demandé plus de 90 jours de disponibilité pour le XV de France entre le Tournoi (remporté par la France, Grand Chelem à la clé, ndlr), les stages etc. Cela peut faire peur à l'employeur, mais il est conciliant, souligne-t-elle. Et pendant ma thèse, j'ai eu la chance de tomber sur des chefs de laboratoire et un directeur de thèse, un ancien boxeur, qui acceptaient mon sport et la pratique à haut niveau. C'est important".
De plus, elle bénéficie depuis cette année d'une convention d'insertion professionnelle: "la Fédération et la Région (Nord-Pas de Calais) donnent une compensation financière à l'employeur au prorata du nombre de sélections qu'est susceptible d'avoir la joueuse pendant l'année, ce qui m'assure un salaire constant malgré mes nombreux jours d'absence", explique-t-elle encore. "C'est un choix de vie qui est bien rythmé mais qui me satisfait, car une fois que le rugby sera fini j'aurai assuré une carrière professionnelle. Et comme on est amatrice, on n'est pas guidée par l'argent, les sponsors. C'est peut être un peu plus 'frais', on ne vit pas uniquement pour le rugby, on pense aussi à autre chose. Même si, d'un point de vue purement sportif, on se dit que pour pouvoir rivaliser avec les meilleures il faudrait s'entraîner toute la journée", conclut-elle. Rivaliser avec les meilleures nations, Ezanno en aura l'occasion dès vendredi.
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