Des Bleus mûrs pour les Verts ?
Des fourmis dans les jambes. C'est la sensation éprouvée par l'ensemble des joueurs de l'équipe de France à quelques heures de fouler la pelouse bordelaise du Stade Chaban-Delmas face aux Irlandais. "Ça commence à faire long. Ce match on a tous envie de le jouer", résume Lionel Nallet. François Trinh-Duc ne dit pas autre chose que son partenaire : "On a envie de savoir où on en est". La question mérite en effet d'être soulevée car si les Bleus s'entraînent comme des forcenés, rien ne vaut la vérité du terrain. Physiquement, les Français seront au point, c'est certain. Maintenant il reste à traduire ces efforts consentis plusieurs semaines par un match accompli. Les automatismes seront-ils déjà huilés ? "Cette période nous a permis de travailler ensemble sur la durée, de trouver un peu plus de complicité. C'est plus difficile à trouver quand on ne passe qu'une semaine ensemble", argue Thierry Dusautoir.
Reste que la pression monte alors que se profile la Coupe du monde et que les Bleus n'ont pas tellement le droit de se louper pour ce qui sera le seul match devant leur public. Là encore, le capitaine tricolore tente de dédramatiser : "Pour la confiance, ce sera important. On sait que tout ne sera pas parfait et que le vrai coup d'envoi sera contre le Japon mais on va jouer devant nos familles, nos supporteurs. On sent les gens derrière nous, ils ont envie de nous supporter. Ils savent que ça ne va pas être simple en Nouvelle-Zélande mais ils nous poussent et ça nous fait énormément plaisir."
Ça bouchonne devant
Dusautoir sait que ce match face à l'Irlande revêt une importance particulière quant à l'ossature du futur XV de France qui débutera la Coupe du monde face aux Blacks. Même si, là encore, le troisième ligne prévient que le salut passera par un certain turn-over. "Je pense que c'est intéressant pour aller le plus loin possible dans la compétition. On s'en est rendu compte en 2007: on avait aligné quasiment la même équipe en quart et en demie et on a vu les difficultés pour suivre le rythme et être aussi performant qu'en quart de finale. L'objectif des entraîneurs a été de créer deux équipes homogènes aussi performantes". Il n'empêche, certains jouent gros face à l'Irlande, notamment les avants. Ducalcon, Szarzewski et Marconnet formeront une première ligne inédite à laquelle prétendent bien sûr toujours Mas, Poux, Servat, Barcella, Guirado et Domingo, dont la blessure laisse toutefois planer un sérieux doute quant à sa participation au Mondial. Beaucoup d'appelés pour peu d'élus en somme... Luc Ducalcon, malin, relativise sa titularisation. "C'est dans la continuité de la préparation. Tout le monde va avoir du temps de jeu, ce n'est donc pas significatif. (Les entraîneurs) ont leur petite idée mais il ne faut pas trop y penser, se mettre la pression, c'est un coup à passer à côté de son match".
"Ce match n'est amical pour personne." Maxime Mermoz
En dépit de cette phase de construction et de tâtonnement dus aux blessures, le XV de France a peu de marge de manuvre face à une équipe d'Irlande qui se présentera sans son historique paire de centres, D'Arcy-O'Driscoll, et dont l'ouverture a été confiée au métronome Ronan O'Gara, récemment barré par la nouvelle étoile Jonathan Sexton. "C'est une belle équipe qui a empêché l'Angleterre de faire le Grand Chelem cette année. Les Irlandais sont pénibles dans les rucks, très costauds, notamment devant. C'est une bonne entrée en matière qui va nous permettre de rentrer de plain-pied dans le rugby et le combat", analyse Dusautoir.D'où l'importance de ce test qui révélera les forces en présence. "Le résultat est toujours plus important que le contenu. Tu peux faire le meilleur match du monde, si tu perds, c'est qu'il y a forcément un problème", souligne Imanol Harinordoquy. Maxime Mermoz est encore plus tranchent : "Ce match n'est amical pour personne"... Pas de doute, les choses sérieuses ont commencé !
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