Angleterre-Fidji : le bal de la Rose
C'est le "D-Day" en Angleterre. Sur ses propres terres, la Rose sera-t-elle éclose ou risque-t-elle de faner prématurément ? Le sol semble fertile mais les mauvaises graines seront nombreuses pour empêcher la pousse de l'Angleterre vers les sommets. A commencer par la pression de tout le Royaume, uni derrière ses "boys" et qui espère un deuxième titre après celui arraché en 2003 par la bande de "Sir" Jonny Wilkinson. Les joueurs anglais eux-mêmes se sont rajouté du poids sur les épaules en déclarant depuis de longs mois qu'ils visaient le titre. Sur le papier, et avec le soutien populaire, ils en ont incontestablement les moyens. Et dans la tête ?
Ne pas se faire submerger par l'émotion
"D'un point de vue émotionnel, ce sera comme des montagnes russes", prédit ainsi le capitaine Chris Robshaw. Le troisième ligne, qui rêve de succéder à Martin Johnson et de soulever la fameuse coupe Webb Ellis sait mieux que quiconque que la gestion de l'émotion sera la clé pour bien rentrer dans la compétition. Au moment où retentira "God Save The Queen", ses coéquipiers seront-ils prêts ? Ce qui est sûr c'est que le tirage au sort ne les a pas forcément épargnés en leur collant les Fidji dans les protège-tibias pour leur premier match.
La réputation du XV au Palmier n'est plus à faire. Parfois géniaux en attaque comme laxistes en défense, ils représentent une équation à plusieurs inconnues pour leurs adversaires. Le talent des joueurs, en revanche, est connu et reconnu. Entre l'ailier Nemani Nadolo, star du Super 15, Waisea et Talebula, qui figurent parmi les meilleurs marqueurs d'essais du Top 14, et le centre Vereniki Goneva, très en vue à Leicester, les "Fidjiens volants" représentent un danger permanent s'ils sont pris à la légère.
La tentation d'une île
Les hommes de Stuart Lancaster se sont entraînés trop dur pour ne pas tomber dans le piège de la suffisance. "Ils seront prêts à nous défier", martèle le sélectionneur anglais. Le XV de la Rose a incontestablement les moyens de répondre au défi physique des Fidjiens. La vraie question sera de savoir s'ils se contentent d'un jeu typiquement "english", basé sur l'engagement, la conquête et le jeu au pied ou bien s'ils poursuivront la révolution entreprise il y a quelques mois et fondée sur la vitesse et l'audace.Lancaster possède les joueurs pour allier pragmatisme et créativité. On attend ainsi beaucoup de la paire Youngs-Ford à la charnière, des flèches Watson et May aux ailes et de l'électrique Joseph au centre. Que des athlètes-artistes chargés de faire rêver toute une nation. En espérant que l'émotion ne leur fasse pas glisser le ballon des mains...
C'est ce qui était arrivé aux Français en 2007 quand, rattrapés par l'enjeu, ils avaient complètement raté leur match d'ouverture face à l'Argentine (12-17). D'autant que, comme pour rajouter un peu plus de danger, les partenaires de George Ford n'ont pas le droit à un joker. Avec des rivaux comme l'Australie et le pays de Galles, il est impératif pour eux, au moment d'affronter les Fidji, de ne pas succomber à la tentation d'une île.
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