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"On vient échouer sur la ligne, à l'image du match", le Racing va panser ses nouvelles plaies

Le Racing 92 s’est incliné pour la troisième fois de son histoire, en finale de Champions Cup, après 2016 et 2018, face à l’efficace équipe d’Exeter (31-27). Menés par les Anglais suite à une entame de match désastreuse au Ashton Gate Stadium, les joueurs de Laurent Travers vont repartir de Bristol "avec beaucoup de déception et de tristesse", selon les mots du capitaine Henry Chavancy.
Article rédigé par franceinfo
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Les joueurs du Racing sont passés une troisième fois à côté de la Champions Cup sans la soulever (GLYN KIRK / AFP)

Jamais deux sans trois. L’expression est une nouvelle fois avérée, au grand dam de l’effectif et du staff du Racing 92, encore bredouilles à l’issue d’une finale de Champions Cup. Face à une formation d’Exeter au jeu minimaliste, structuré et efficace, les Franciliens se sont inclinés pour la troisième fois en cinq ans, après deux défaites contre les Saracens (2016) puis le Leinster (2018), à Lyon puis à Bilbao.

L'entraîneur du Racing, Laurent Travers, ne cachait d'ailleurs pas son insatisfaction après ce nouvel échec : "Mon sentiment c'est bien sûr une grosse déception pour l'ensemble des joueurs et du staff, pour les partenaires et surtout pour notre président qui avait fait tout ce qu'il fallait pour nous mettre dans les meilleures dispositions. Et une grosse déception bien sûr par rapport à la physionomie du match."

Courir après le score et un trophée

"On avait vraiment à cœur d’enfin gagner ce trophée", regrettait de son côté Henry Chavancy quelques minutes après le coup de sifflet final, au micro de Cécile Grès. Le capitaine centre se serait bien passé de rejoindre l’ASM Clermont Auvergne, battue trois fois en finale de Coupe d’Europe, elle aussi avec deux ans d'intervalle (2013, 2015, 2017). Lucide, le trois-quart centre avait toutefois conscience que le début de match catastrophique des siens avait conditionné le reste de la rencontre : "On a fait une entame très brouillonne, on a donné des points faciles à l’équipe d’Exeter puis on a couru après le score tout le match."

Menés de 14 points après un gros quart d’heure suite à deux essais de Luke Cowan-Dickie puis Sam Simmonds (14-0), les Franciliens ont tout de même "réussi à revenir, à recoller et on a une opportunité de passer devant dans les dix dernières minutes", précise Chavancy, qui avait sûrement en tête les précédents morceaux de bravoure du club comme ce Brennus remporté au courage à Barcelone contre Toulon en 2016. "Mais on vient échouer sur la ligne, à l’image du match (sourire)"Seulement menés d’un point à la 75e minute (28-27), les Ciels et Blanc ont en effet préféré aller en touche plutôt que de tenter une pénalité. Une décision qu'ils allaient regretter en manquant d'aplatir dans l’en-but anglais malgré le pilonnage sur une défense arc-boutée devant sa ligne. Tout un symbole, résumé par l'entraîneur Travers : "On arrive à gagner la deuxième période, on a la possibilité de gagner le match puisqu'on finit à un point (avant la dernière pénalité de Simmonds, ndlr), sur leur ligne et même dans l'en-but."

Finn Russell, une erreur qui coûte cher

Pour autant, Juan Imhoff, auteur du deuxième des quatre essais du Racing, ne partira pas de l’Ashton Gate avec des remords : "Je ne suis pas sûr que "regret" soit le bon mot. Aujourd’hui, les deux équipes méritaient la victoire. Ça s’est joué joué à des très petits détails." Parmi les petits éléments d’un ensemble qui ont poussé le Racing 92 vers la défaite, une grosse erreur de Fin Russell sur le quatrième et dernier essai d’Exeter. Double passeur décisif ce samedi, l’Écossais a entaché sa prestation d’une passe sautée interceptée par Jack Nowell. L'ailier n’avait plus qu’à fixer la défense du Racing puis décaler Henry Slade, qui conclu dans l'en-but (46e, 26-17 puis 28-17 après transformation).

Les hommes de Laurent Travers venaient alors de réagir, juste après la pause, grâce au deuxième essai de Simon Zebo (43e, 21-17). Le 31e en Coupe d’Europe pour l’Irlandais, qui a inscrit son doublé sur deux offrandes de Russell. Revenu à quatre puis à un point suite à un nouvel essai en puissance de Camille Chat (50e, 28-27), le Racing s’est toutefois incliné. De quatre unités. Un écart d’autant plus difficile à lire pour Russell que le demi d’ouverture a raté une transformation suite à un essai de Zebo (20e), comme Maxime Machenaud (43e), entré à la pause à la place d'un Teddy Iribaren dépassé.

Pour autant, Laurent Travers n'a pas souhaité désigner un coupable : "Les défaites sont toujours liées à des problèmes, à des choses qui peuvent être manquées. Il peut arriver qu'on manque une passe, un jeu au pied. Si on avait gagné, il n'y avait rien à dire. Il est hors de question de dire 'c'est (la faute à) untel ou untel'. Quand l'équipe gagne, c'est l'équipe, quand l'équipe perd, c'est l'équipe. Ce qui a fait notre force c'est notre équipe et ce qui fera notre force, ce sera notre équipe".

Une nouvelle défaite, mais une belle finale

Henry Chavancy ressentait malgré tout "beaucoup de déception, même vraiment beaucoup de tristesse. C’est dur parce qu’on travaille beaucoup et dur. Ce sont des moments qui peuvent marquer une vie et on n’est pas passé à côté mais on n’a pas réussi à le faire." Pour autant, le capitaine du Racing préférait se projeter vers l’avenir, à l’issue de la rencontre, plein de résilience :  "On va repartir au travail, à l’entraînement et puis on espère avoir d’autres opportunités. C’est le sport de haut niveau, se remettre en question constamment. C’est très dur mais c’est comme ça." Son entraîneur, Laurent Travers, a délivré le même message : "Je suis déçu parce que ça aurait été quelque chose de magique et de beau. Mais c'est comme quand on tombe de cheval, il va falloir vite remonter en selle parce qu'on n'est pas en fin de saison."

L'ailier argentin Imhoff a même trouvé le moyen de positiver : "Je garde le beau spectacle qu’on a offert aux gens devant leur télé. Ils ont pu profiter de 80 minutes avec de l’intensité. On a procuré des sourires et des émotions." Cette finale a en effet accouché de huit essais, un record. "J’aurais bien aimé avoir la coupe mais aujourd’hui, avec ce qu’on vit, il y a des choses plus importantes"

Lorsqu’Henry Chavancy aura dit à ses équipiers qu’il est "fier d’eux, d’être leur capitaine, qu’on a travaillé très dur pour en arriver là et si continue on aura d’autres opportunités", ils pourront tous se diriger vers l’avion du retour qui les déposera à l’aéroport militaire de Villacoublay. Et si les têtes seront pour la plupart remplies de chagrin, celle du capitaine restera haute : "Malgré tout, je reste fier du chemin parcouru". Ça ne fait pas soulever des trophées, mais ça permet d'avancer.

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