Le dernier défi de Julien Bonnaire en Europe
Voici quinze jours, il y avait eu quelques larmes. Après une démonstration incroyable de Clermont contre Northampton dans un stade Marcel-Michelin en feu, Julien Bonnaire n'avait pas caché son émotion après cet ultime match à domicile, en Coupe d'Europe.
"Il y a pas mal de choses qui sont remontées, des souvenirs ici. Et avec l'ambiance qu'il y avait, c'était fabuleux. J'avais envie d'en profiter un maximum. C'est un trait sur ma carrière qui va se tirer, mais je n'aurai que des bons souvenirs. C'est passé super vite", explique Bonnaire, arrivé à l'été 2007 en Auvergne. Ces huit années prendront fin dans deux mois tout au plus avant de prendre la direction de Lyon, où Bonnaire a signé pour deux saisons afin, entre autres raisons, de se rapprocher de Bourgoin-Jallieu (Isère), où il est né et a été formé.
De la "Berjallie", le troisième ligne en sera déjà un peu proche dès samedi à Saint-Étienne, sur cette pelouse de Geoffroy-Guichard déjà foulée il y a cinq ans en demi-finale du Top 14 face à Toulon (35-29 a.p.) sur la route de son seul titre en club. Il espère bien une répétition de l'histoire, afin d'éventuellement finir en beauté sur un titre européen son aventure clermontoise, comme son compagnon de Bourgoin Julien Pierre, qui quittera lui en fin de saison l'ASM pour Pau.
Larmes de joie ou de tristesse samedi ?
Clore le chapitre par de tels matches, "c'est sûr que c'est top. Le quart ici (à Clermont), la demie à 'Sainté' devant 30.000 personnes venues d'ici... C'est tout ce dont on peut rêver pour finir sur une bonne note. Mais pour bien finir avec les copains, pour valider tout le travail qu'on fait depuis des années, on doit se bouger pendant deux fois 80 minutes (demi-finale puis finale éventuelle, le 2 mai à Twickenham, NDLR)", explique Bonnaire. Il ne faut cependant pas compter sur l'ancien "Prince des airs" du XV de France (75 sél.), qui a pris sa retraite internationale il y a trois ans, pour en rajouter auprès de ses coéquipiers. Pas question pour lui de se servir du lever émotionnel que pourrait représenter la fin d'une aventure commune, à en croire le talonneur Benjamin Kayser. "Pendant la semaine, 'Jubon' n'a surtout pas eu envie d'en parler. Ce n'est pas le genre à tirer la couverture à lui. Je sais que (le départ en fin de saison de Bonnaire, Pierre et d'autres) est dans le 'creux du coeur' de chacun dans ce groupe, mais on nous a dit toute l'année dernière que c'était la dernière saison de Vern (Cotter, ancien manager) et qu'il fallait gagner pour lui.... Il ne voulait pas en entendre parler, de la même manière qu'eux ne veulent pas en entendre parler."
"On en parle un peu, c'est normal, c'est la chose du moment, affirme pour sa part le pilier gauche Vincent Debaty. On y pense un peu mais on ne base pas tout là-dessus: on est très motivé, mais pas uniquement pour ça." Surtout pour décrocher samedi un succès qui pourrait de nouveau arracher à Bonnaire quelques larmes.
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