Clermont, la fin d’une époque
Les heures de gloire de Clermont son peut-être en train de s’achever en ce printemps 2014 de tous les dangers alors qu’il aurait pu être celui de toutes les récompenses pour le club français le plus régulier au niveau européen ces trois dernières saisons.
Une débâcle "difficile à expliquer"
Le souvenir de Twickenham restera un des plus amers: les Auvergnats y ont subi la plus lourde défaite de l'histoire dans une demi-finale de Coupe d'Europe, dix-huit ans après le 30-3 infligé par Toulouse à Swansea en 1995-96. Leurs 46 points et six essais encaissés constituent également une triste première à ce stade de la compétition.
"C'est difficile à expliquer", a lâché l'entraîneur Vern Cotter* en confiant un "sentiment bizarre" laissé par ce dernier match européen avec l'ASM. "Toute l'année, on se prépare pour gagner les matches donc perdre, c'est toujours une déception. Il ne s'agit pas que de moi. Les objectifs, on les fixe ensemble. La Coupe d'Europe, c'est terminé pour moi mais les matches européens vont continuer pour Clermont. On a de la chance, il nous reste le Top 14. La saison n'est pas finie, on ne part pas en vacances. Lundi, on sera au stade pour repartir."
Toulon encore dans les têtes
Les Clermontois doivent en effet reporter tous leur espoirs sur le championnat pour terminer en beauté l'aventure qui se conclura à l'issue de la saison avec, outre le départ de l'entraîneur, ceux de plusieurs joueurs qui ont marqué l’histoire du club (Hines, Sivivatu, Vosloo, King...).
Mais le souvenir cuisant de 2013 reste vivace dans l’esprit des supporters clermontois, qui n’ont pas oublié que leurs héros malheureux de la finale de H Cup perdue contre Toulon (16-15) avaient ensuite lâché en demi-finale du Top 14 contre Castres (défaite 25-9 à Nantes).
Bilan médiocre à l'extérieur
Les désillusions s'enchaînent pour les Auvergnats: après leur demi-finale perdue face au Leinster en 2012 (19-14), leur revers d'un point en finale l'an dernier, l’échec face aux Saracens, impitoyables bourreaux, vient rappeler la fragilité mentale d’une équipe intraitable à domicile (76 matches sans défaite à Marcel-Michelin) mais plus friable ailleurs (défaite en H Cup sur le terrain du Racing-Métro, 10 défaites en Top 14 à Oyonnax, Paris, Montpellier, Toulon, Toulouse, Bayonne, Grenoble, Bordeaux, Brive ou au Racing).
Les Clermontois peuvent-ils craquer totalement après Twickenham ? "Je n'ai pas de boule de cristal, a confié Vern Cotter. Mais ce n'est pas la même chose. Là, on a un match à la maison contre Perpignan la semaine prochaine (lors de la dernière journée de Top 14, ndlr), un autre derrière (un barrage). Je n'ai pas le même sentiment dans le vestiaire, je n'ai pas l'impression qu'on vit cette défaite de la même façon que l'an dernier. Je sais que mes joueurs n'aiment pas perdre et qu'ils vont faire le maximum pour préparer les autres matches."
Fin de saison pas évidente
Un discours de façade qui s’apparente à de la méthode Coué mais qui ne trompe personne. Le sacre continental, que Clermont méritait probablement en 2012 ou 2013 au vu de son parcours, a finalement constitué un rendez-vous manqué. Un peu comme une fille qui vous pose un lapin alors que vous pensez conclure. Tandis que la phase finale du Top 14 s'annonce une des plus serrées de l'histoire, les Clermontois n'ont que peu de marge de manoeuvre pour se relancer, d'autant qu'ils devront certainement passer par un match de barrage qu'ils souhaitaient éviter. Il leur reste au mieux quatre matchs pour offrir aux supporters et aux partants un nouveau Bouclier de Brennus, quatre ans après. Histoire d’achever en beauté ce chapitre merveilleux de l’histoire des Jaune et Bleu.
*Entraineur de Clermont depuis 2006, Vern Cotter a remporté le Challenge européen dès sa première saison, en 2007 (22-16 contre Bath). Il a perdu une finale de Coupe d’Europe en 2013 (16-15 contre Toulon) et trois finales du championnat de France (23-18 en 2007 contre le Stade Français, 26-20 en 2008 contre Toulouse et 22-13 en 2009 face à Perpignan) avant de soulever le Bouclier de Brennus en 2010 après le succès des siens devant l’Usap (19-6). Le seul remporté par l’ASMCA en plus de 110 ans d’histoire.
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