Accusations de viol visant deux joueurs du XV de France : l'avocate de la plaignante dénonce une violence "terrible" subie par sa cliente
La plaignante qui accuse deux rugbymen français de viol en Argentine a subi une "violence terrible", a dénoncé son avocate, Natacha Romano, mercredi 10 juillet auprès de l'AFP. "La violence basée sur le genre est extrêmement grave, la dégradation est extrême (…). La violence ici a été terrible", a-t-elle déclaré.
Le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou, 21 ans, ont quitté Buenos Aires dans la journée pour être transférés à Mendoza, à 1 100 kilomètres de la capitale, dans l'ouest du pays, où ils doivent faire face à la justice.
Leur avocat nie les accusations. Oscar Jegou et Hugo Auradou ont "confirmé avoir eu dans la nuit une relation sexuelle avec la jeune femme mais (…) fermement nié toute forme de violence", selon un communiqué mardi de la Fédération française de rugby (FFR).
Les joueurs du XV de France ont été placés en garde à vue après leur arrestation lundi dans le cadre de l'enquête ouverte pour violences sexuelles. En droit argentin, cela peut caractériser des faits allant de l'agression sexuelle jusqu'au viol aggravé, qui pourraient être passibles de vingt ans de prison.
Coup de poing, griffures, morsures
"Il s'agirait d'un abus sexuel gravement atroce, avec rapport sexuel, avec la participation de deux personnes, avec violence, pour les deux", a dit à l'AFP Natacha Romano, évoquant une agression "avec accès charnel", la définition judiciaire du viol en Argentine.
Selon l'avocate, sa cliente est rentrée à l'hôtel avec l'un des joueurs, "identifié comme Hugo". Toujours d'après son récit, "il l'attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d'un coup de poing, dont l'hématome est visible sur le visage de la victime. Il l'étouffe, au point qu'elle a l'impression de se sentir partir."
Elle affirme qu'Oscar Jegou, arrivé une heure plus tard dans la chambre, a commis "les mêmes actes de violence et d'abus sexuel". "Ensuite, cet individu part prendre un bain, et Hugo continue à se servir d'elle, en lui donnant différents coups. C'est-à-dire qu'elle [a des traces] de morsures, des griffures, des coups sur les seins, les jambes et les côtes marquées dans le dos", détaille l'avocate, qui affirme que la victime a tenté de s'échapper "au moins cinq fois", en vain.
Des "incohérences" selon le président de la FFR
Le président de la FFR Florian Grill, qui a rencontré les deux joueurs à Buenos Aires mardi, a déclaré à l'AFP qu'il souhaitait que "la justice aille vite", pointant "des incohérences".
"Nous sommes allés voir, aujourd'hui [mercredi] à Mendoza, un bras droit de la procureure et la personne en charge du dossier : l'avocat a pu exposer plusieurs points qui questionnent sur la déclaration initiale et qui vont mettre en cause plusieurs déclarations", a-t-il ajouté.
De leur côté, les joueurs réfutent la version de la victime, et affirment qu'il y a eu une relation sexuelle avec la jeune femme, mais que l'acte était consenti. "Des témoins l'ont vue sortir [de l'hôtel], les caméras l'ont vue sortir, il n'y a pas de traces de coups, apparemment, selon les enregistrements. Elle prétend avoir été battue, les caméras disent qu'elle ne l'a pas été", a affirmé Rafael Cuneo Libarona, l'avocat des rugbymen.
L'agression présumée a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeaient joueurs et staff français, après la victoire (28-13) du XV de France face aux Pumas.
"Un moment très difficile à vivre"
Selon la procureure générale de Mendoza, Daniela Chaler, "la déposition [de la plaignante] était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l'heure, aux conclusions médico-légales". "Les lésions sont compatibles avec le récit de la victime, mais pas nécessairement exclusivement issues d'une agression sexuelle", avait ajouté à la radio LV10 la magistrate qui a demandé le placement en détention provisoire des deux joueurs.
"Si l'enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime", avait écrit sur X Amélie Oudéa-Castéra, la ministre française des Sports, après la révélation de l'affaire qui a plongé le XV de France dans la tourmente.
"Ça a été une journée très difficile, très, très dure. Un moment très difficile à vivre", a de son côté dit le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié mardi. Victorieux de l'Uruguay (43-28), le XV de France doit à nouveau défier les Pumas samedi à Buenos Aires.
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