2007 : comment s’est décidé et déroulé le face-à-face pendant le haka
Les yeux dans les Blacks
Au fil des ans, les Bleus se sont spécialisés dans les happenings anti-hakas. Le plus réussi est sans doute celui de 2007. Largement outsiders, comme toujours, les Français décident de marquer les esprits. Les hymnes sont terminés, les Néo-Zélandais se placent en arc de cercle. Habituellement leurs adversaires observent, sagement, à distance. Ce jour-là, dans le Millenium Stadium de Cardiff, les Français décident de s’avancer tout près, de faire face aux All Blacks et ils s’organisent pour constituer un drapeau tricolore. Seul hic, ils inversent l’ordre des couleurs, le drapeau est rouge blanc bleu. Cédric Heymans s’en amuse aujourd’hui : "Dans l’organisation, on s’est trompés mais bon, ça fait quand même une jolie histoire."
"J’ai cru au pire"
Ce choix, c’est celui des joueurs entre eux. Ils ont décidé que cette fois, même avant la partie, les Blacks ne dicteraient pas le rythme de la rencontre. "A partir du moment où les hymnes sont terminés, normalement on donne le coup d’envoi. Tandis qu’avec les Blacks, on ne démarre que lorsqu’ils l’ont décidé. Et l’idée est partie comme ça : Pourquoi on les laisserait donner le top départ de ce quart de finale ? Donc on va les accompagner."
L’image est forte, les Blacks transcendés par leur chant rituel face à des Français surmotivés. Certains sourient, d’un sourire carnassier, d’autres essaient simplement d’impressionner leur vis-à-vis, personne ne baisse les yeux. Le défi commence là. Et le 2e ligne Jérôme Thion se souvient d’avoir décelé quelque chose dans le regard des Néo-zélandais : "Ils étaient surpris. Ils dominaient tout le temps ce moment-là et là ils étaient dominés dans l’engagement et l’investissement du haka, tout simplement. Derrière, on n’avait pas le choix, c’était quitte ou double (rires). Soit on se déchirait et on en prenait 40, soit on gagnait le match."
Sur le bord du terrain, Bernard Laporte découvre la surprise concoctée par ses joueurs. L’entraîneur du XV de France n’était pas dans la confidence : "C’est un truc qu’ils avaient préparé entre eux. C’était bien même si à un moment, j’ai cru au pire. Je me suis dit que ça allait dégénérer avant le coup d’envoi."
"On était vraiment tout prêts"
C’est une véritable provocation qu’il faut assumer ensuite et Cédric Heymans ne cache pas aujourd’hui qu’il n’était pas complètement serein pendant cet intense face à face.Volontaire, déterminé, il y a aussi un sentiment moins rassurant qui le titille : "La peur ! Parce que c’est bien ce qu’on a fait mais il faut l’assumer derrière. Moi, je prends un joueur droit dans les yeux et emportés par la tension et la fougue, quand je revois les images maintenant, je me dis qu’on était vraiment tout prêts."
Les Français s’imposent ensuite et tout le monde se souvient de cette réponse audacieuse au Haka. On en viendrait presque à dire que cette provocation leur a donné la victoire, ce que tous les joueurs réfutent. Et Cédric Heymans ne perd pas de vue l’essentiel : "C’est beau et c’est bien parce que l’on a gagné, il ne faut pas l’oublier."
4 ans plus tard, en finale cette fois, sous l’impulsion de Dimitri Yachvili, les Bleus décident de former un V en se tenant la main pendant le Haka. Une belle image là encore mais les Français perdent ce soir-là.
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