Ronaldo, Ballon d'Or controversé devant Messi et Neuer
Bien sûr, Manuel Neuer aurait fait un très beau vainqueur. Décisif à plusieurs reprises dans la conquête du sacre mondial par l’Allemagne au Brésil (contre l’Algérie, la France et l’Argentine), le grand gardien du Bayern méritait peut-être d’être le premier « dernier rempart » à soulever le trophée depuis Lev Yachine en 1963.
La Coupe du monde pas préjudiciable
Mais il faut croire que la Coupe du monde a perdu de son aura puisque Neuer, comme Xavi ou Iniesta en 2010, n’a pas bénéficié du rendez-vous planétaire pour éliminer la concurrence. Contrairement à Mario Kempes (1978), Paolo Rossi (1982), Ronaldo (2002) ou Fabio Cannavaro (2006)*.
Cristiano Ronaldo, quasiment inexistant au Mondial à cause d’une blessure (un but en trois matches et un leadership inefficace), a profité de la Decima du Real et d’un automne éblouissant pour écarter le concurrence, de taille (Messi n’a rien gagné mais il a été finaliste de la Coupe du monde, et il s’est offert deux records prestigieux, celui du nombre de buts inscrits en Ligue des champions -75 en 92 matches- et en Liga, 295).
Machine à buts
Ronaldo s’est montré prolifique et impressionnant quasiment toute l’année. Doté de qualités physiques exceptionnelles, le Portugais met sa pointe de vitesse au service de sa technique. Frappe, jeu de tête, accélérations foudroyantes, CR7 possède d’énormes qualités intrinsèques, rares dans l’histoire du foot.
Même s’il ne peut être comparé aux plus fin techniciens, Maradona, Zidane ou Messi pour ne citer qu’eux, l’ancien joueur de Manchester United est sans conteste un fuoriclasse. Son troisième Ballon d’Or, qui lui permet de rejoindre au palmarès Cruyff, Platini et Van Basten, le propulse dans le top 10 de l’Histoire, ce qui n’est pas rien, mais toujours derrière le phénomène Messi.
Il profite de la puissance offensive du Real
Etre né deux ans avant l’artiste argentin constitue à la fois le drame et la chance de Cristiano Ronaldo. Le drame parce que, sans Messi, le Madrilène aurait déjà remporté le Ballon d’Or à six reprises (trois fois 2e derrière le Barcelonais, quatre fois en tout). La chance car le Lusitanien a relevé le défi de La Pulga, rivalisant depuis deux ans comme il n’avait pu le faire de 2009 à 2012, passant même devant grâce à des statistiques hallucinantes.
Songez que l’enfant du Sporting a inscrit 61 buts en 60 matches en 2014 soit une moyenne de plus d’un but par match (1,016 exactement) ! Proprement ahurissant même s’il reste encore derrière son grand rival (91 buts en 68 matches sur l’année civile 2012, et 85 en 60 rencontres pour Gerd Muller en 1972, précédent record).
"Je veux être le meilleur joueur de tous les temps"
Vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid, la star portugaise doit son succès à ses nombreux buts et au fait qu’il évolue dans la meilleure équipe du monde, aux côtés de grands talents comme James Rodriguez, Gareth Bale, Karim Benzema, Luka Modric ou encore Toni Kroos. Un peu comme la référence madrilène absolue, Alfredo Di Stefano, l’idole des années 50, qui était entouré de Gento, Kopa ou Puskas.
Il se montre aujourd’hui beaucoup moins individualiste qu’il y a quelques années, s’épanouissant sous la férule de Carlo Ancelotti comme il ne l’avait jamais fait aux ordres de José Mourinho. Capitaine, leader des Merengue et de la Selecçao, Cristiano Ronaldo vit ses meilleures années de footballeur. A bientôt 30 ans (le 5 février), le natif de Funchal continue de viser très haut.
Après avoir supplanté Eusebio dans la légende du Portugal, CR7 entend bien doubler Pelé, Maradona ou… Messi. « Je veux être le meilleur de tous les temps, voilà mon objectif », a-t-il clamé haut et fort. Orgueilleux, Ronaldo possède-t-il vraiment les moyens de ses ambitions ? Il peut bien enlever le Ballon d’Or à cinq reprises, cela ne fera pas de lui le meilleur joueur de tous les temps. Il lui faudra réussir une très grosse performance avec le Portugal pour y prétendre. Il lui reste quatre ou cinq ans pour concrétiser son rêve.
*Curieusement, Cristiano Ronaldo est le seul joueur à être sacré Ballon d’Or alors qu’il n’a pas passé le premier tour du Mondial (Kevin Keegan a lui soulevé le trophée sans avoir été à la Coupe du monde, en 1978).
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