Roland-Garros - Diane Parry : "A mon âge, c'est assez dingue"
Comment avez-vous vécu ces qualifications ?
Diane Parry : C’est sûr qu’on ne vit pas ça tous les jours, c’était énorme. Voir l’ambiance qu’il y avait pendant mon match, toutes ces personnes qui étaient venues voir mon match et qui étaient revenues le lendemain. Franchement c’était assez énorme. Et même être dans cette ambiance, Roland c’est toujours particulier. C’est hyper cool.
Avec un peu de recul, racontez-nous cette rencontre, l’avant-match…
DP : Sur le match d’avant, il y a eu abandon. Il fallait directement se mettre dans le match, pas trop le temps de rester dans les vestiaires, de laisser le match se jouer normalement, d’aller tranquillement s’échauffer. J’ai pu m’échauffer avant, mais ce n’est pas la même chose quand il y a un abandon avant. Mais je suis bien rentré dans le match. Fett était un peu stressée au début, je pense. Le premier set a été très accrochée et je m’en suis sortie. Le deuxième set, toute la pression et le stress du tie break d’avant sont retombés et physiquement, j’ai eu un coup de mou. Du coup le deuxième set a été rapide, elle a haussé son niveau de jeu. Et le troisième set, j’ai essayé de tout donner en étant fatiguée, car je n’ai pas l’habitude ce genre de match. Mais c’était vraiment un bon match.
Vous vous attendiez à un résultat comme ça face à Jana Fett ?
DP : Non. J’étais là pour donner le maximum et voir ce que je pouvais faire contre ce genre de filles. Et c’est passé. Je ne m’y attendais pas. Je ne savais pas ce que ça allait donner, parce que je n’avais joué de fille de ce classement. Finalement, c’est passé donc très contente.
Jana Fett vous a dit quelques mots après ce match ?
DP : Elle m’a dit « bravo, bon match ». En général, quand on a perdu, on n’a pas trop envie de dire des mots à l’adversaire ou la complimenter. Juste le minimum « bravo, bien joué ». Ça va très vite aussi.
Avoir 2000 personnes autour de soi, quelles émotions ressent-on ?
DP : Au début, ça faisait plaisir, mais je tentais de rester concentrée parce que ça peut partir vite. J’entendais mais je voulais rester dans ma bulle. J’aime bien quand il y a du monde qui regarde le match. En plus jouer sur ce nouveau court, rempli, ça me fait plaisir. Et il y a avait mes frères, et toute ma famille. J’ai vraiment adoré et j’avais hâte de jouer le tour suivant. C’est la première fois que je jouais devant autant de monde.
A 15 ans, comment avez-vous su gérer la pression de jouer un tel match sur les courts de RG ?
DP : L’année dernière, je l’avais déjà fait en double seniors, mais ce n’est pas la même chose. J’ai essayé de rester le plus concentrée, de ne pas me poser trop de questions, de me dire que je devais faire bien. Je devais juste donner le meilleur de moi-même. Il y avait un peu de stress avant le match. Mais sur le terrain, c’est que du plaisir. On ne va pas dire que c’était facile de rester concentrée, mais je n’ai pas eu trop de mal.
Vous avez été éliminée par Rebecca Sramkova (7-6, 6-0). Une déception ?
Le premier set, c’était comme la veille, je jouais bien. J’aurais ou le prendre au tie break. Mais le deuxième, physiquement mais aussi mentalement, j’avais du mal à remettre. C’était dur. Déçue d’avoir perdu mais pas de regrets.
Julie Coin, ancienne 60èmejoueuse mondiale, est votre entraineuse. Elle a disputé plusieurs tournois du Grand Chelem. Comment elle vous a aidé à préparer ces qualifications à Roland-Garros ?
Elle m’a raconté les erreurs qu’elle a pu faire pour ne pas les reproduire. Elle m’a dit que je n’ai rien à perdre, que je dois sortir du terrain. Pas besoin de stresser plus que ça. Me conditionner pour rentrer dans ces matches
Vous n’êtes une fille qui ne stresse pas beaucoup. Est-ce qu’il y en avait un peu plus ce premier match ?
Peut-être un peu plus, mais pas plus que ça. Je suis rentrée le plus détendue possible dans le match. Après il y a eu de la tension avec le tie break du premier, mais au final ça a bien été. C’était de la bonne tension.
Même les jours avant ?
Non franchement, ça s’est passé tranquillement, des bonnes nuits. Je me suis entrainée normalement. Je ne stressais pas du tout.
Vivre un premier match en professionnel à Roland-Garros à 15 ans, c’est un peu fou ?
C’est sûr qu’à mon âge, c’est assez dingue. Surtout en ayant un wild-card qualifications, la fédération m’a fait confiance pour me l’attribuer, et je la remercie, sinon je n’aurais pas pu vivre ce genre de match. C’est fou. En voulant devenir professionnelle, on a toujours envie de jouer sur ce genre de courts, de tournois. J’ai la chance d’avoir un tournoi du Grand Chelem dans mon pays et de bénéficier de wild-card. Et à mon âge… c’est comme un petit rêve.
Parmi vos amies, vous êtes devenue une star.
(Rires) Non, en tout cas je ne me mets pas ça dans la tête. Elles sont contentes pour moi. J’ai reçu beaucoup d’encouragements, de félicitations.
"On va dire qu'on est peu comme chez nous"
Enfant, vous étiez à l’école juste à côté de Roland-Garros…
En face même. J’ai toujours rêvé d’aller jouer en face. Quelques années plus tard j’ai intégré le Centre National d’Entrainement, c’est un petit rêve. J’ai toujours été en face et je voyais Roland. Jouer aujourd’hui sur ces courts, c’est assez fou.
Comme un destin entre RG et vous ?
Je ne sais pas, on pourrait dire ça (rires) ! Roland est le tournoi que j’aimerais gagner plus tard.
Voir Roland-Garros chaque jour depuis que vous êtes petite, ça aide à rester concentrée sur ses objectifs ?
Quand on passe sur terre battue, on vient s’entrainer ici. On va dire que c’est un peu comme chez nous, même si ce n’est pas vraiment ça. Quand il y a le tournoi, ce n’est pas la même chose. Être à côté tout l’année, s’entrainer dessus, ça peut aider. Mais maintenant, j’ai l’habitude, passer devant, rentrer dedans. On ne réfléchit pas trop. Ça parait normal.
Que retenir de cette belle aventure sur ces qualifications ?
Déjà l’expérience. Je pense qu’en deux matches, j’ai pris beaucoup d’expérience d’un coup, par rapport à jouer plusieurs tournois, avec ce contexte. Et aussi ce que j’ai encore à travailler sur mon jeu, techniquement et physiquement. Et voir que je ne suis pas si loin de ces filles-là.
Et des émotions et sensations ?
J’ai trouvé que j’ai bien réussi à gérer l’événement. Je pense que ça va m’aider pour les matches d’après et aussi pour les juniors.
Vous avez déjà gardé quelques souvenirs de ces qualifications ? Des balles, de la terre battue ?
Roland n’est pas encore fini pour moi, il me reste le double en pro et le tournoi junior. Pour l’instant, j’essaye de ne pas trop repenser aux qualifications, au match que j’ai fait. J’y repenserai peut-être quand Roland sera fini. Mais j’ai encore la tête au tournoi.
Quels sont vos objectifs en double seniors et en junior cette année ?
J’ai fait Roland-Garros en double seniors l’année dernière. Là je le fais une autre partenaire (Clara Burel, ndlr.). Donc là pareil : tout donner et voir ce que ça va faire. Passer un tour, deux tours, trois tours. On ne connait pas le résultat. En junior, c’est d’aller le plus loin possible. Mais ça ne va pas être pareil avec ce que j’ai fait. J’ai gagné un peu de confiance, ça va m’aider pour les juniors.
Chez les adversaires juniors, la donne a changé avec votre performance ?
C’est possible. Ça dépend si elles ont vu ce que j’ai fait ou pas. Elles peuvent le prendre « ah j’ai envie de la battre ! » Moi je vais essayer de rester au maximum concentrée.
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