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Robert Ménard : "Une offre de rachat du club de Béziers par les Emiratis est espérée à la fin de la semaine"

Réélu récemment maire de Béziers, l'ancien journaliste Robert Ménard est particulièrement attentif à la reprise du club de rugby de sa ville par des investisseurs émiratis. Il s'est confié à France tv sport sur l'origine de ce projet et son rôle dans cette reprise avant d'évoquer le calendrier d'un rachat qui pourrait être bouclé avant la fin du mois.
Article rédigé par Emmanuel Rupied
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PASCAL GUYOT / AFP)

Depuis quelques semaines, en coulisses des investisseurs étrangers s'activent pour racheter le club de rugby de Béziers. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Robert Ménard : "
Je connais depuis longtemps Yannick Pons qui est un viticulteur biterrois. Il a été contacté il y a quelques temps par des personnes en provenance des Émirats arabes unis qui étaient intéressées par racheter des vignes. Il leur a parlé de rugby et de Béziers puis ils ont souhaité me rencontrer. Ils ont été mis au courant des difficultés financières du club comme beaucoup en France et mon travail est de mettre en lien les uns avec les autres. C'est donc ce que j'ai fait. Sans préjuger de savoir si c'était bien ou pas".

Comment avez-vous ressenti cette arrivée surprise de la part d'investisseurs ?
RM :
"Quand j'ai vu ces gens arriver dans mon bureau, je me suis dit que c'était un cadeau du ciel. C'est le père noël à Béziers !"

Vous vous êtes cependant montré très réticent dans la presse ces derniers temps à ce sujet...
RM :
"Les actionnaires actuels ont mis beaucoup d'argent et je les remercie mais ils en ont assez. Il faut trouver donc quelqu’un d'autre. Je suis écartelé entre deux attitudes. La première c'est que j'aurais aimé que les gens fortunés de Béziers, et il y en a comme partout, mettent la main à la poche ensemble pour aider ce club historique qui est l'un des plus titrés de l'histoire du rugby avec Toulouse (11 titres de champion de France ndlr.). Le rugby à Béziers fait partie de l'âme de la ville. Comme cette situation n'arrivait pas, je me devais d'adopter une autre position. Je ne pouvais pas dire non à ces arrivants. Je veux juste que l'histoire, la tradition reste".

Peu d'informations ont filtré au sujet de ces investisseurs. Qui sont-ils ?
RM :
"Je les ai rencontrés mais je n'ai pas plus d'informations comme Christophe Dominici n'en a pas plus. Tout ce que je peux dire c'est qu'ils sont très gentils. (Rires). Mais le problème n'est pas là. Une fois les comptes auditionnés, une lettre d'intention sera adressée au club puis le processus sera mis en marche. Il sera alors temps de demander des garanties bancaires et savoir d'où vient cet argent. Ce sont des questions que l'on peut se poser légitimement".

Il y a une certaine opacité autour de ces investisseurs...
RM :
"Il n'y a pas d'opacité. La DNACG, le gendarme financier du rugby français, devra donner son feu vert quoiqu'il arrive. La ville donne 1 million d'euros par an au club et possède le stade donc ce n'est pas négligeable. Je suis donc impliqué dans ce projet. Et je n'oublie pas les erreurs passées de la part de concurrents. Regardez Narbonne qui était un immense club, aujourd'hui il a été rétrogradé et figure désormais en Fédérale 1. L'histoire de Narbonne, ce sont des Australiens qui sont venus et ont fait miroiter des choses au club avant de les laisser dans une situation terrible. C'est tout ça que je veux éviter. Mais on a besoin d'argent sinon on ne peut pas espérer le maintien de notre équipe".

La présence de Christophe Dominici, ancien international français, comme intermédiaire vous a-t-elle rassuré ?
RM :
"Christophe Dominici a marqué le rugby comme joueur et encadrant. Il a évoqué des noms ronflants et ça fait rêver. L'argent est très important pour réussir et ils en ont. Maintenant dans le domaine sportif, l'aspect financier ne fait pas tout. Je reçois de nombreux supporters chez moi actuellement et tout le monde rêve de voir Béziers remonter. La présence de Thierry Braillard (conseiller des investisseurs et ancien secrétaire d’État aux Sports ndlr.) m'a aussi rassuré comme les gens au club. Tout le monde sait qui il est. Et puis, il y a quelque chose qui est assez cocasse c'est qu'il avait fait voter à l'époque le feu vert obligatoire de la DNACG pour qu'un club soit repris. Il connait parfaitement ses dossiers".

Les tensions se sont faites aussi ressentir au sujet de l'audit des comptes du club. Qu'en est-il aujourd'hui ?
RM :
"La bonne nouvelle c'est qu'on a remis les choses dans l'ordre. On a commencé par confier le dossier à des avocats ce qui permet de dépassionner les choses. Le club a fourni les document aux acheteurs pour l'audit des comptes internes. Ils vont se poser et attendre tranquillement l’étude de ces chiffres. On attend désormais une proposition concrète".

"Pour ce qui est de la dette, en mettant bout à bout tout ce qu'il y a à payer, cela représente 3,5 millions d'euros."

La situation du club est actuellement compliquée. Nos collègues de France 3 Occitanie ont évoqué un déficit d'environ 5 millions d'euros, Pouvez-vous nous confirmer ce chiffre ?
RM :
"Vous perdez de l'argent dans le rugby professionnel. Chaque année, il faut injecter un à deux millions pour suivre. J'attends les audits pour savoir ce qu'il en est actuellement. On n'en est pas à cinq millions de dettes, c'est un peu moins que ça. Le coronavirus a paradoxalement amélioré la situation. Le plan garanti par l'état a été accordé au club et il va finir la saison dans une situation financière correcte. A moyen terme, l'ASBH perd chaque année 1 million d'euros environ. C'est un fait donc il faut injecter de l'argent. Pour ce qui est de la dette, en mettant bout à bout tout ce qu'il y a à payer, cela représente 3,5 millions d'euros. Mais il y a certaines de ces dettes échelonnées sur des années".

Quel est le calendrier dans les jours prochains pour une éventuelle reprise ?
RM :
"J'attends une proposition de rachat à la fin de cette semaine voire en début de semaine prochaine. Tout dépendra des comptes. J'espère qu'il n'y aura pas de problèmes. Ils essayent d'aller le plus vite possible car si on veut embaucher des gens et confirmer des contrats, il faut le faire rapidement. Il faut que la proposition des Émiratis arrive à la fin de la semaine".

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