Renault en F1, un retour en questions
- Dans quel état est Lotus F1 ?
L'écurie d'Enstone (Angleterre), qui s'appelait (déjà) Renault F1 en 2005 et 2006, quand Fernando Alonso est devenu champion du monde, vient de vivre deux saisons compliquées: 2014 avec un moteur Renault (8e du championnat du monde) puis 2015 avec un moteur Mercedes (6e), pourtant le meilleur du plateau. Elle va revenir au moteur Renault en 2016, forcément, et aura les moyens de développer son futur châssis, ce qui n'était pas le cas cette année en raison de grosses restrictions budgétaires. "Renault achète une bien meilleure équipe que celle qu'ils avaient vendue" en 2010 à Genii Capital, a réagi Matthew Carter, le directeur général de Lotus, dès les premières fuites de jeudi. "Car Genii a beaucoup investi dans cette équipe, malgré tout ce que les gens ont pu dire. La soufflerie a beaucoup progressé, nous avons un nouveau simulateur", a-t-il souligné. En deux ans de galères et de salaires versés en retard, Lotus a perdu beaucoup de crédit et quelques cerveaux, notamment ceux de l'ingénieur James Allison, parti chez Ferrari, et du Team Principal Eric Boullier, désormais chez McLaren. Le rachat par Renault va permettre de recruter de la matière grise, dans la foulée de Bob Bell, revenu au bercail d'Enstone après un passage remarqué chez Mercedes, puis éphémère chez Manor.
- Quel sera le budget de Renault F1 ?
Renault n'a dévoilé aucun chiffre mais si la marque au losange veut se battre à armes égales avec Mercedes et Ferrari comme à la grande époque, il faudra à terme 300 millions d'euros par an, au minimum. Ne serait-ce que pour payer les 400 salariés de Lotus à Enstone et autant chez Renault Sport F1 à Viry-Châtillon, en banlieue parisienne. Pour remplir les caisses, plusieurs pistes ont été retenues: des sponsors, bien sûr, mais aussi la vente de moteurs Renault V6 à l'écurie Red Bull Racing, confirmée vendredi matin. Ils seront siglés Tag-Heuer et développés, comme ceux de l'écurie-maison, avec l'aide de l'ingénieur autrichien Mario Ilien (Ilmor). Ils rapporteront de l'argent à Renault qui reste donc motoriste de F1, comme Mercedes, Ferrari et Honda. Une autre contribution significative au budget de Renault F1 viendra de la société Formula One Management (FOM) de Bernie Ecclestone. Le PDG de Renault Carlos Ghosn voulait un alignement des revenus commerciaux de la future écurie sur les conditions faites à Mercedes quand la marque à l'étoile est revenue en F1 avec une écurie à part entière, en 2010, après avoir longtemps motorisé McLaren, puis racheté Brawn GP. On ne sait pas encore ce que Carlos Ghosn a obtenu de "Bernie".
- Quels seront les pilotes en 2016 ?
A priori, et sauf grosse surprise en janvier, le Vénézuélien Pastor Maldonado sera conservé et rejoint par le débutant britannique Jolyon Palmer (24 ans) champion 2014 de GP2, qui remplacera Romain Grosjean parti chez les Américains de Haas F1. C'est le maillon faible du nouveau dispositif. Mais ces deux pilotes "payants" apporteront 45 millions d'euros au budget 2016, une manne difficile à refuser pour une saison de transition.
- Quels dirigeants ?
Deux noms sont cités régulièrement: Alain Prost, quadruple champion du monde de F1, actionnaire de l'écurie Renault-DAMS de Formule Electrique, et Frédéric Vasseur, dirigeant de l'écurie ART GP qui domine les catégories GP2 et GP3. Mais "rien n'est fait, aucun rôle n'est défini et aucun organigramme n'est encore prêt", assure un dirigeant actuel de Renault Sport F1.
par Daniel Ortelli
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