Quel avenir pour le sport après le Covid ? Denis Troch, coach et préparateur mental, nous répond
Quel sera l'impact de la crise sanitaire dans le monde du sport ?
Denis Troch : "Il faudra se réadapter. Les problématiques seront de gérer tous les réflexes que l'on avait avant le confinement. C'est-à-dire se congratuler, traîner dans le vestiaire, être à proximité des autres. Ces situations habituelles doivent changer."
Comment appréhender ces changements ?
DT : "Il y a eu des prises de conscience pendant et après le confinement. Elles vont nous permettre de s'approprier des nouvelles choses. Il y a des situations beaucoup plus profondes qui vont nous permettre de gérer l'avenir différemment. Certaines personnes ont souffert pendant le confinement, elles mettront plus de temps à changer ou à bouger."
"Des surprises à attendre, de nouveaux records"
Quelles seront les conséquences directes sur le monde sportif ?
DT : "Je pense qu'il y aura des surprises dans les différentes disciplines. Par exemple, des nouveaux records. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura du changement. Je ne sais pas dans quel sens, ça dépendra des sports. Certaines choses seront revisitées."
Comment les préparations post-covid doivent-être abordées ?
DT : "Je pense que la période post-covid va bousculer certains groupes qui avaient une bonne cohésion. Des joueurs auront été malades, d'autres auront eu un proche touché. À la sortie de cette crise, il faudra faire attention à toutes les émotions qui vont circuler dans les groupes, les entreprises et les équipes. On le saura dans 6 mois."
Comment peut-on gérer ce stress ?
DT : "Comme on le faisait avant. Mais aujourd'hui, c'est encore plus nécessaire. Il faut décrire ses émotions, les identifier, les associer à quelque chose de particulier. Ça aide à ce que l'émotion ne circule pas dans notre tête toute la journée. Si on gère nos émotions, on arrive à bien se connaître, à gérer les interférences. On peut vraiment tirer le maximum de son potentiel."
"On ne peut pas doublement sanctionner des gens qui n'y sont pour rien"
De quelle façon gère-t-on le stress en sport individuel et en sport collectif ?
DT : "La différence est toujours la même entre un sportif seul et une équipe centrée sur le collégial. L'individu a besoin de repères extérieurs pour ne pas se perdre. Il aura toujours besoin de se rendre compte où il en est et vers quoi il veut tendre. Un groupe s'auto-alimente et donne la possibilité à chaque personne de grandir et de donner de la puissance à l'équipe. On se sert de la dynamique des autres pour avancer."
Était-ce une décision sage de ne pas reprendre les championnats ?
DT : "Je ne sais pas. Par contre, il est important de connaitre les répercussions d'une telle décision. Elle a été prise pour la bonne cause, c'est-à-dire protéger les joueurs. Mais on ne peut pas doublement sanctionner des gens qui n'y sont pour rien. Je pense à tous ces clubs rétrogradés qui encaissent la crise du Covid de plein fouet."
Que pensez-vous du maintien du Tour de France ?
DT : "C'est une situation particulière. Aucun coureur n'a connu un tel événement. Reprendre la compétition à huis clos sera spécial mais les cyclistes sont dans cette même dynamique. Les coureurs du Tour de France sont capables de chercher une source de motivation et donner du plaisir aux autres."
Comment gérer les craintes en plus du stress ?
DT : "C'est essentiel. On ne commence pas une compétition sans avoir des doutes. Si on n'a pas de craintes avant, on les a pendant ! Il n'y a rien de pire que ça. On le voit dans des équipes, une personne peut transmettre des ondes toxiques aux autres."
Est-ce que le sport peut se réinventer ?
DT : "Il peut se retrouver ! C'est-à-dire, retrouver ses valeurs, son âme, cette justesse, ces intuitions innovantes et créatrices qui existent dans le monde du sport. Ce dernier doit sortir grandi de ces événements. On donne la possibilité aux sportifs de se sublimer."
A paraître le 11 juin aux Editions Solar : "Devenez champion de votre monde"
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