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Pyeongchang couronnée pour 2018, Annecy abattu

En annonçant qu'une ville avait été élue dès le 1er tour pour les JO-2018, Jacques Rogge, le président du CIO, avait un peu plus plombé la candidature d'Annecy. Face au grand favori Pyeongchang, à l'outsider Munich, la ville savoyarde n'était pas bien placée pour le vote des membres du CIO. Cela a été confirmé à 17h18, avec l'ouverture de l'enveloppe désignant le vainqueur: Pyeongchang, par 63 voix, contre 25 à Munich et seulement 7 à Annecy.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

Atteindre le 2e tour aurait déjà été une belle performance. Encore fallait-il qu'un 2e tour ait lieu. Le retard accumulé au début de la candidature par Annecy par rapport à Pyeongchang et Munich avait, un temps, failli mettre la candidature dans l'eau. Elle a tenu. Mais elle n'a pas pu renverser des montagnes. "Mes amis, vous avez élu une ville pour les JO -2018. Le scrutin est clos", a annoncé Jacques Rogge après le premier tour de vote. Cela signifie qu'une des trois candidates, Annecy, Munich ou Pyeongchang, a obtenu la majorité absolue, soit au moins 48 voix. 95 membres du CIO étaient en effet habilités à voter au premier tour. Le favori annoncé, Pyeongchang, a raflé la mise. Sans surprise. Et le vote démontre bien la supériorité des Asiatiques dans cette élection: 63 voix pour ce dossier sur un total de 95, 25 pour Munich, et 7 pour Annecy. La Corée du Sud n'a organisé qu'une seule fois des Jeux Olympiques, ceux d'été, en 1988 à Seoul. Pyeongchang devient ainsi la troisième ville asiatique à accueillir des Jeux d'hiver, après deux cités japonaises, Sapporo en 1972 et Nagano en 1998. Et la règle non-écrite de l'alternance des continents donnait un net avantage aux Sud-Corées, après le continent américain en 2010 (Vancouver) et le continent européen en 2014 (Sotchi). Sans oublier que le continent asiatique représente un futur marché prospère si la "greffe" des sports d'hiver prend pleinement à l'issue de ses JO.

Le président sud-coréen Lee Myung-bak a remercié le CIO: "J'organiserai de bons jeux Olympiques. C'est une victoire pour les Sud-Coréens. Je vous remercie de leur part", a-t-il déclaré, le pouce levé, en marchant le long de l'estrade où étaient assis les membres du CIO. Pour Kim Jin-seun, l'ancien gouverneur de la province et président du comité de candidature des deux précédentes tentatives de Pyeongchang, c'était aussi une très grande joie. "Pendant 17 ans, je parcouru des chemins vraiment difficiles. Je ne sais pas quoi dire. Je suis submergé. Je suis juste très, très heureux", a-t-il affirmé.

Lors de cette ultime journée à rallonge, théâtre des oraux de chaque candidature, Thomas Bach, vice-président du CIO et partisan de la candidature de Munich, avait invité ses collègues à "renforcer les fondations du mouvement olympique" en donnant les JO à un pays expérimenté, plutôt que "d'explorer (les) nouveaux territoires" promis par Pyeongchang. Cette dernière, par la voix du président de la République sud-coréen Lee Myung-bak, avait promis aux membres du CIO qu'ils seraient "fiers" de leur choix s'ils élisaient Pyeongchang, une ville bâtie presque exclusivement autour de son projet olympique et synonyme de nouveaux marchés en terme de pratiquants et de public pour les JO. Annecy avait, elle, joué sur l'authenticité de sa candidature, par l'intermédiaire de Jean-Claude Killy, membre français du CIO, qui a prôné l'alchimie de "l'âme et du savoir-faire" proposée par Annecy. Certains arguments ont plu davantage que d'autres, même si le choix de Pyeongchang devait déjà être fait bien avant pour que la victoire soit aussi large.

Voici donc une quatrième candidature tricolore laissée sur le bas de la route par les membres du CIO, après Lille, et Paris à deux reprises. Mais cette fois, pas grand-monde ne donnait Annecy vainqueur, même en France. C'était également la troisième fois que Pyeongchang présentait son dossier pour les Jeux d'hiver, après avoir échoué en 2010 contre Vancouver, puis en 2014 face à Sotchi. Avec le meilleur dossier technique, la persévérance sud-coréenne a été récompensée. La France n'a plus qu'à se raccrocher à cet espoir d'un futur plus joyeux dans le monde olympique.

Réactions

François Fillon (Premier ministre de la France): "Il y a une sorte de logique géostratégique à ce que la Corée du Sud soit choisie. Nous parlons chaque jour de l'émergence de l'Asie. C'est un immense continent qui aspire a participer au développement du monde, qui veut les premières places. Elle s'est battue avec beaucoup d'efficacité. C'était une compétition sportive. Dans une compétition, il y a des vainqueurs et d'autres qui ont fait des performances et qui n'ont pas remporté l'épreuve. Nous sommes de ceux là. Je veux féliciter l'équipe de France, et en particulier les jeunes athlètes, car ce sont eux qui porteront les projets futurs de la France."
Charles Beigbeder (président du Comité de candidature d'Annecy): "Nous sommes très fiers de ce que nous avons fait et nous pensons avoir contribué au mouvement olympique mais nous avons perdu et c'est extrêmement décevant. Nous espérions être retenus mais nous félicitons PyeongChang car ils ont fait une belle compétition et nous remercions le CIO de nous avoir permis de présenter notre candidature. J'espère que les messages délivrés par la candidature d'Annecy porteront  leurs fruits."
Guy Drut (membre du Comité international olympique): "C'est la douche froide, vraiment la douche froide. J'avais toujours dit que ce serait très, très difficile. Après la présentation qui a été très bonne, où chacun a donné le meilleur de soi-même, on ne s'attendait pas à ça... En plus, on a eu les félicitations des gens du CIO et des gens qui sont tout autour. Cela veut dire que c'était écrit. Des tas de gens, des membres du CIO attendent une candidature française pour les Jeux d'ét 2020 ou 2024. Cela apparyient au président du Comité olympique français, et en priorité au président de la République française, mais il ne faut pas rester sur un échec."
Dmitry Chernyshenko (président et directeur général du comité d'organisation des Jeux de Sotchi-2014): "Au nom de tous les membres de Sotchi-2014, j'aimerais adresser mes plus sincères félicitations à Pyeongchang 2018. Tout comme Sotchi-2014, leur candidature apporte au mouvement olympique un nouvel horizon très stimulant (en référence au slogan de la candidature sud-coréenne: "New horizons"). Ensemble, nous étendrons la puissance de l'Olympisme à de nouveaux territoires. Pyeongchang sera une excellente ville hôte et je suis impatient de commencer à travailler avec son équipe. Pour Annecy et Munich, je ne peux que leur exprimer ma plus sincère sympathie. Les deux villes ont présenté des candidatures très solides et je suis sûr qu'elles auraient organisé des Jeux d'hiver incroyables. Je souhaite à tous ceux qui se sont investis dans les candidatures de Munich et d'Annecy le meilleur pour l'avenir. Ils resteront des membres précieux de la famille olympique".
Jacques Rogge (président du CIO): "Pour être franc, je ne m'attendais pas à une victoire au premier tour. Je pensais qu'il allait y en avoir au moins deux. Le meilleur l'a emporté clairement. Bravo. Je pense qu'on peut tirer une leçon de ce succès de Pyeongchang. C'est la victoire de la patience et de la persévérance. Je ne suis pas du tout pessimiste. Il y a déjà des candidatures en préparation en Europe et aux Etats-Unis, et dans d'autres pays aussi. Je ne pense pas qu'il y ait un danger quelconque. En revanche, je crois vraiment que c'est une bonne nouvelle chose d'avoir une candidature asiatique. Cela va renforcer les sports d'hiver en Asie."

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