Procès Pistorius: des récits troublants
Que s'est-il réellement passé ce 14 février dernier dans la maison d'Oscar Pistorius ? Depuis cinq jours, les témoignages se succèdent à la barre du tribunal de Pretoria. Et de plus en plus, le récit de l'athlète semble remis en cause par les récits des témoins.
Depuis l'ouverture du procès, certains affirment avoir entendu des cris de femme, des appels à l'aide. Jusque-là, Barry Roux, l'avocat du prévenu, avait joué la carte de la confusion, avançant que la voix de Pistorius pouvait ressembler à celle d'une femme et tirer vers les aigus dans les moments de stress. Samantha Taylor, une ancienne petite amie, a rejeté cette possibilité: "J'ai vu Oscar très anxieux (...) je l'ai entendu crier plusieurs fois contre moi, c'était le son d'une voix d'homme", a-t-elle répété à plusieurs reprises. Bien sûr, l'avocat de Pistorius a bien rappelé qu'elle ne l'avait jamais entendu crier après la mort de la femme qu'il aime, mais les propos demeurent.
Enervé, il tire d'une voiture
Quittée par Pistorius pour Reeva Steenkamp, la jeune femme a dépeint un homme capable d'accès de rage et de gestes pour le moins surprenants. Lors d'une arrestation de la police de leur véhicule, conduit par un ami, elle a raconté: "Les policiers ont fait sortir Oscar et Darren (le conducteur) de la voiture. Oscar a laissé son pistolet sur le siège passager", a-t-elle témoigné. Lorsque le policier a vu l'arme, il l'a saisie. "Oscar était très en colère. Il a dit au policier qu'il n'avait pas le droit de toucher l'arme". Autorisés à repartir, les deux hommes ont dit vouloir tirer sur un feu de circulation pour se défouler. Finalement, Oscar a tiré par le toit ouvrant de la voiture (...) Darren et Oscar riaient", a ajouté Samantha Taylor, précisant que le toit était ouvert à ce moment-là. En revanche, elle a confirmé qu'il faisait "noir" dans la chambre de Pistorius la nuit, les volets fermés. Or, c'est aussi l'un des points de la défense pour expliquer le fait que Pistorius pensait qu'un intrus s'était introduit chez lui, et qu'il pensait que sa petite amie était toujours dans le lit.
Samantha Taylor n'a pas été économe en terme de récits. A plusieurs reprises, il l'avait réveillée en pleine nuit après un bruit suspect. Une fois, Oscar Pistorius a jailli de sa voiture pour menacer de son arme un automobiliste qui le suivait devant le porche de sa résidence. "C'était pour vous défendre", a rétorqué l'avocat de l'accusé. Une autre, il avait faili estropier un ami boxeur au restaurant après avoir tiré avec l'arme qu'un autre ami venait de lui passer sous la table: "Pistorius n'avait pas réalisé qu'une balle était enclenchée", a corrigé Barry Roux.
Mais lors de cette cinquième journée, ce sont surtout les récits des membres de la sécurité de la résidence qui ont semé le trouble. Et qui ont même provoqué les larmes d'Oscar Pistorius. Alerté par des voisins qui avaient entendu les coups de feu, Pieter Baba, un garde en servie cette nuit là, a appelé le domicile de Pistorius: "J'ai parlé (au téléphone) avec M. Pistorius , et il m'a dit 'Sécurité, tout va bien'. C'est alors que j'ai réalisé que M. Pistorius pleurait". Et de raconter: que peu après, Pistorius "m'a rappelé. Il a juste commencé à pleurer au téléphone. Peutêtre qu'il ne réalisait pas qu'il m'appelait." S'étant rendu sur place avec le responsable de la résidence, Pieter Baba a vu sortir de sa maison Pistorius, avec dans ses bras le corps de Reeva Steenkamp: "Je l'ai regardé, choqué qu'il m'ait dit que tout allait bien, alors que je le voyais porter Reeva"
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