Pluie et humidité, casse-tête en cascade pour les joueurs
"Il faut savoir se gérer, se connaître. C’est compliqué." Arnaud Boetsch, consultant France Télévisions, sait la difficulté de ces moments d'attente liées à la pluie. Durant ses douze années de professionnalisme, l'ancien joueur a connu ces périodes de patience. "C'est fatigant. Psychologiquement, il faut gérer ces périodes d’attente. Si on imagine que son match ne se jouera pas avant la fin de l’après-midi, et qui finalement cela se joue plus tôt, cela perturbe. Et si au contraire on essaye d’être prêt en permanence alors que le match est repoussé, on perd de l’influx", raconte-t-il.
Pousser plus la balle, et se motiver davantage
Sur le plan physique, il faut aussi s'ajuster. Pour les joueurs et les joueuses dont les matches ont été reportés au lendemain sans être entrés sur le court, il s'agit de se dépenser: "Ce qui est important, c’est de bouger, suer, de sentir la balle, faire des services, enlever l’acide lactique des matches précédents qui peut être encore présent dans l’organisme." Serena Williams, juste après sa qualification pour les quarts de finale, a ainsi explique au sujet de son mardi: "Hier, je me suis entraînée un peu en couvert. J'ai tapé quelques balles. Puis je suis restée ici."
Mais tous doivent aussi se confronter à des changements de sensations par rapport à cette pluie qui alourdit tout: des balles au terrain, en passant par la tête. "L’ambiance est moins gaie, il fait plus froid, c’est plus lourd, cela peut peser sur le moral des joueurs. Pour rester vif, efficace et heureux d’être sur le court ce qui permet aussi de bien jouer, c’est plus difficile. Il faut se pousser plus", glisse l'ancien N.1 français dans les années 90.
Et il faut aussi beaucoup plus pousser les balles. "Les balles sont imbibées d’eau", souligne Boetsch. "La conséquence c’est qu’elles grossissent, et qu’elles vont moins vite. Les joueurs peuvent donc décider de détendre leur cordage, pour avoir plus de facilités pour la faire partir, la faire avancer dans l’air." Un avis confirmé par Sylvain Triquigneaux, responsable du service cordage chez Babolat à Roland-Garros: "Les balles se chargent en eau, en humidité. Elles sont plus lourdes et vont un peu moins vite."
Des tactiques différentes
Une fois le matériel en place, il y a le jeu. Et là, cela peut aussi être modifié avec ce temps couvert voire pluvieux. "Certains vont frapper plus fort, d’autres vont slicer plus pour que la balle s’écrase plus, d’autres attendent plus dans les échanges…", énumère Arnaud Boetsch. "Cela éprouve encore davantage le physique." Là où un Nadal préfère jouer sur des terrains très secs afin que son lift donne tout son rendement, des joueurs qui frappent "plus à plat, qui font service-volée, ou qui sont puissants naturellement, sont moins gênés. Un Murray court partout, et est très puissant, comme Djokovic. Comme ils sont très forts physiquement, ils usent encore plus leur adversaire dans ces conditions." Et avec une terre humide, les glissades sont plus difficiles à réaliser: "Cela collait un peu plus que d'habitude. Je ne suis pas sûr d'avoir fait beaucoup de glissées sur la terre", a précise Serena Williams. "J'ai rarement vu un court aussi lent et des balles aussi grosses", constatait amèrement Richard Gasquet après son élimination face à Andy Murray. "C'est sûr que ça ne m'aide pas: je fais un point en quinze frappes." Toute la difficulté de ce temps est résumé en une phrase.
Après sa défaite au contre Pironkova au 3e tour, Agnieszka Radwanska n'a pas caché son mécontentement: "Je suis en colère, on a joué sous la pluie. Ce n'est pas un tournoi à 10 000 dollars, c'est un Grand Chelem. Je ne peux pas jouer dans ces conditions de jeu, ce n'est pas possible. Jouer sur ce type de court, avec ce type de balles, ce n'est pas possible." Une chirurgie à la main ne l'a pas aidée à tenir son rang dans ces conditions. Pluie et intempéries, c'est un casse-tête à tous les étages aussi pour les joueurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.