Plongée dans le monde des futurs agents de joueur, un métier médiatique mais méconnu
Cent-soixante-dix. Ils sont 170 à avoir le même rêve: devenir agent sportif licencié par la Fédération française de football (FFF). Ils étaient plus de 400 lors de la première partie de l’examen. Moins de la moitié est en course pour ce QCM de 1h30. Le dernier pas vers ce métier. En cet après-midi, porte de Charenton à Paris, le ciel est bas. Certains visages sont crispés, d'autres plaisantent, tandis que les révisions de dernière minute sont au menu des plus stressés. Les plus pressés sont déjà à l'intérieur de cette grande salle où leur avenir va s'écrire. Un retardataire arrive, visage blanc, souffle court, cinq minutes après l’heure de la convocation. La porte se referme quelques minutes après. Cette deuxième partie de l'examen pour obtenir le diplôme d'agent sportif, certifié Fédération française de football (FFF), c'est le dernier pas avant le grand saut. Chacun a son parcours, sa motivation, sa vision du métier.
L'agent, un facilitateur
Johan et Youssef ont déjà eu affaire à un agent. De l'autre côté de la barrière. Le premier a 28 ans, et sa carrière de joueur l'a mené en Belgique, essentiellement en 2e division. Le second, 35 ans, a vécu une courte expérience de professionnel du ballon rond en Italie. En commun: des expériences mitigées avec des agents. "Dans une carrière, il y a des trains à prendre. A chaque fois, j'ai suivi des personnes qu'il ne fallait pas", raconte Johan. Pour Youssef, l'agent est là pour soutenir "le joueur après sa carrière aussi. C'est ce que certains oublient." Les deux hommes ont suivi une formation au sein de l'Ecole des agents de joueurs de football (EAJF), basée à Neuilly. Sidney Broutinovski, le fondateur de l'Ecole, explique: "L'agent est la personne capable de faciliter les transferts, les liens avec le club... Ce n'est ni une nounou, ni une conciergerie. Car il a l'obligation de responsabiliser ses clients qui sont souvent rentrés très jeunes en centre de formation."
Dans un monde du football marqué par les salaires mirobolants, l'appât du gain pourrait motiver pour se lancer dans cette carrière. "Je préviens toujours les étudiants qu'on ne fait pas ce métier pour devenir millionnaire", affirme Sidney Broutinovski. Un message entendu par Jessy, un de ses élèves, âgé de 28 ans, qui a mis entre parenthèse son activité dans sa société familiale de VTC pour passer ce diplôme: "Il faut plus être passionné que rêveur." Pour Johan, "agent, c’est synonyme de solution". Comme Hermina, 24 ans, l'une des filles (en nette minorité) qui passaient l'examen, cette préparation s'est soldée par "beaucoup plus de travail que je ne pensais." Pourtant, elle était étudiante en droit, rompue à l’examen des lois et des règlements dans tous les sens.
Un travail sur la durée
Et c'est bien cela que tous ces candidats au métier d'agent doivent ingurgiter. Réglements français, européens, mondiaux, tout doit être connu. Pour donner toujours les bons conseils. "Etre agent, c'est être un chef d'entreprise", avertit Broutinovski. "Il y a une réalité économique à connaître. Chaque club est différent. Et pour l'agent, l'intérêt du joueur est sa priorité. Il se doit de faire les bons choix. S'il y a réussite sportive, il y aura reconnaissance économique. Et la rémunération se fait sur la longueur." Une façon de rappeler que le bon transfert, c'est quand le joueur, le club et l'agent son satisfaits, et que le pactole d'un jour ne fait pas une carrière.
Aujourd’hui, ils sont 392 agents sportifs répertoriés à la FFF. Avec cette seule session annuelle, la barre des 400 sera certainement passée. Cela ne veut pas dire que tous travaillent. Car au-delà de la connaissance des lois, être agent, c'est d'abord du relationnel, du contact, des liens humains et du travail de terrain.
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