Nuit d'ivresse et d'allégresse dans toute l'Espagne
Un concert d'avertisseurs et de vuvuzelas s'est élevé dans les rues de Madrid, où les automobilistes agitaient des drapeaux espagnols. Des fans enthousiastes déambulaient enveloppés dans un drapeau rouge et or, en hurlant leur joie. "Ils ont joué avec un véritable esprit d'équipe et méritaient de gagner dès la première minute. C'était la meilleure équipe. Je ne peux pas singulariser un seul joueur. Ils ont tous bien joué", a déclaré un homme de Valladolid, qui a regardé le match dans un bar bondé de la capitale. "Formidable! C'est notre coupe du monde et nous allons la gagner!", assurait une autre personne à un reporter qui avait bien du mal à faire correctement son métier dans cette allégresse. La fontaine de Cibeles, où les fans du Real Madrid célèbrent habituellement leurs triomphes, a été prise d'assaut.
"Oui, Oui, Oui, cette année oui!", se sont époumonés plus de 30.000 fans de la Roja, surtout des jeunes portant le maillot de la Seleccion ou enveloppés dans des drapeaux espagnols, devant les écrans géants du fan park installé aux portes du stade Santiago Bernabeu du Real Madrid. "Je suis Espagnol! Espagnol! Espagnol!", reprenaient-ils en coeur. "Nous sommes euphoriques, pleins de joie, nous méritions de gagner", exultaient Julia et Nuria, deux jeunes Espagnoles de 18 ans. A l'exception notable de la capitale catalane Barcelone, où le succès s'est fêté timidement, surtout par des touristes, immigrés sud-américains, et Espagnols originaires d'autres régions, toutes les régions du pays, les fameuses generalidades, ont célébré Casillas, Puyol et les autres héros d'une Espagne moderne et décomplexée où le sport et ses stars prennent une place de plus en plus conséquente (Nadal, Alonso, Lorenzo en plus des footballeurs).
Sur l'île de Majorque, surnommée "le 17e land allemand" pour son tourisme de masse germanique, c'était en revanche une amère déception pour la colonie d'outre-Rhin. "Nous avions déjà perdu contre l'Espagne en finale de l'Euro 2008. Maintenant nous perdons contre eux au Mondial: deux fois dans des matches si importants, c'est trop!", se lamentait Judith, 18 ans. La revanche sera peut-être pour dans quatre ans. Pour les Espagnols, l'heure est à la fête. Et, en cas de succès dimanche soir, elle pourrait bien se prolonger tout l'été, de façon "muy caliente". Arriba Espana !
La presse espagnole dithyrambique
La presse espagnole célébrait ce matin comme un véritable titre la victoire de la "Roja", soulignant la manière "spectaculaire" avec laquelle elle a su s'imposer face à la jeune et redoutable Mannschaft. "La meilleure Espagne en finale", titre en Une le premier quotidien national El Pais, ajoutant sous une photo du buteur Carles Puyol que la "seleccion" a gagné face à l'Allemagne au terme d'une partie "spectaculaire". "L'Espagne disputera pour la première fois de son histoire la finale d'un Mondial après avoir montré le meilleur jeu du tournoi. L'imagination et le génie ont désactivé la machine allemande", estime ce journal avant de consacrer neuf pages à la qualification. "La meilleure Espagne"? titre également El Mundo en qualifiant le match de mercredi soir de "grandiose" et consacrant plusieurs pages à la "folie" qui s'est emparée de Madrid avec "des dizaines de milliers d'aficionados qui ont inondé le centre de la capitale".
"L'Espagne touche la gloire", écrit en Une le quotidien conservateur ABC sous une photo en pleine page du défenseur du FC Barcelone Puyol qui a inscrit à la 73e minute le but libérateur d'un coup de tête qui sonne comme une "récompense" pour la "classe ouvrière" du foot qu'est la défense centrale. Les journaux de Barcelone où évolue le buteur ne sont pas en reste. "Gloire rouge", exulte El Periodico, célébrant un "superbe coup de tête de Puyol" et un "match mémorable", tandis que La Vanguardia barre sa Une d'un "Feu d'artifice!" et relève la "furia de Puyol" et l'excellence de son jeu ainsi que de celui de Pedro, un autre joueur du Barça. Les journaux sportifs multiplient les points d'exclamations et les superlatifs. "Les meilleurs du monde", souligne Marca relevant en plus du "coup de tête historique de Puyol", la "leçon magistrale en terme de placement et de force de Piqué", l'autre défenseur central espagnol. "L'Espagne a écrasé la redoutable Allemagne de la première à la 93e minute", souligne le premier journal sportif espagnol avant de pronostiquer "dimanche, champions du monde!".
Son principal concurrent AS titre sobrement en Une "Espagne!", reprenant le commentaire du sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque: "Tous les joueurs ont été des lions". Côté commentaires en pages intérieures, le lyrisme est également de mise: "Si le foot c'est des sentiments, l'Espagne représente un pur plaisir. Si c'est une épopée, l'Espagne est l'équipe à suivre", écrit El Pais. "Dans son match face à la redoutable et éblouissante Allemagne, elle a tout montré: elle fut sublime dans le jeu mais a aussi su se relever les manches", estime le journal espagnol de référence.
Avec AFP
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