Noël 2020 : notre sélection coup de cœur des livres de sport à offrir pour les fêtes de fin d'année
► Une ode aux surfeuses
C’est un ouvrage qui fait voyager les esprits, et quoi de mieux après la morosité de l’année 2020. Ce bel ouvrage illustré magnifie ces femmes qui ont l’amour de la glisse. A travers des centaines de photos, dont le regard du photographe sublime, sur chaque cliché, la beauté de l’océan et de ces femmes, cet ouvrage dresse le portrait de 36 surfeuses. Qu’elles soient championnes, chasseuses de grosses vagues, surfing mamas, créatrices de mode, photographes, globetrotteuses, activistes, toutes racontent leur histoire à travers le surf, leur parcours et leurs choix de vie ainsi que leur rapport à l’océan et au surf. On retrouve ainsi, Maria Fernanda, la seule photographe mexicaine qui recherche à tout prix les grosses vagues directement depuis le spot ; Anne Travet qui a commencé à surfer dans les années 1970 au Maroc, et qui aujourd’hui aime toujours autant la glisse ; ou encore Stéphanie Goldie, cette mère de deux garçons, qui raconte avoir continué à surfer à huit mois et demi de grossesse.
Nées pour surfer, de Carolina Amell, Ed Glénat, 256 pages, 39,50 €.
►Le tennis, un sport qui rend fou ?
C’est plutôt rare les livres de sportif de haut niveau encore en exercice sans langue de bois et qui ne retracent pas "sa vie, son œuvre". Dans cet ouvrage, vous n’y trouverez que peu d’informations sur la vie de Gilles Simon, lui dont la parole se fait discrète dans les médias. Mais l’intérêt de son livre se trouve dans le regard qu’il porte sur le tennis français. Il n'est pas question pour lui de dénigrer la Fédération française de tennis (FFT), mais plutôt de poser les premières pierres d’une remise en question de la formation française des joueurs et joueuses. Dès les premières lignes, il installe le décor : "La France possède une excellente école de formation, appuyée sur l’une des fédérations les plus riches et puissantes au monde". Alors pourquoi Yannick Noah ne trouve-t-il pas de successeur ?
Pour répondre à ce constat alarmant, Gilles Simon explique que le problème vient notamment d’un discours identique depuis des décennies, avec dans les esprits de tous, sans exception, une manière de jouer et de gagner avec "l’élégance à la française". Le Tricolore consacre également un chapitre à détricoter le mythe Roger Federer, mais avec une approche juste et sans mauvaise foi. "Ce n’est pas Federer qui pose problème en lui-même, c’est l’utilisation qu’on en fait", écrit-il. Le souci, selon Simon, c’est qu’en France "quand on a un gamin à l’entraînement, on lui apprend que pour gagner, c’est Roger ou rien". Pour lui, le problème de ce manque de résultat n’est donc pas les joueurs, mais le discours, qu’il est aujourd’hui "urgent de changer".
Ce sport qui rend fou, de Gilles Simon, Ed Flammarion, 192 pages, 18 €.
► Une vie de combats
Megan Rapinoe joue carte sur table et ne mâche pas ses mots dans son autobiographie. Elle passe tout au crible, ou presque. La double championne du monde, championne olympique, et Ballon d’or revient sur sa vie, sans langue de bois. Elle se confie sur elle, ses histoires de cœur, sa famille, son enfance, son éducation, sa sœur jumelle Rachel et son frère Brian, tombé dans la drogue, ainsi que sur son parcours sportif. Plus que sa vie personnelle et professionnelle, Megan Rapinoe retrace le fil de ses engagements militants, de la lutte pour l’égalité salariale au combat pour le mouvement LGBT en passant par sa bataille contre Donald Trump, sans oublier, bien évidemment, son engagement dans le mouvement "Black lives Matter" et l’injustice raciale. On y découvre comment elle a su profiter des belles tribunes qui lui ont été offertes par ces résultats sportifs pour s’engager publiquement pour les causes qui lui tenaient à cœur.
Elle revient aussi longuement sur ce jour où, en 2016, elle s’est agenouillée pendant l’hymne national américain pour dénoncer les inégalités raciales et rejoindre ainsi le mouvement lancé par Colin Kaepernick. Une prise de position publique qui a failli lui coûter sa carrière. "Dans les jours qui ont suivi celui où je me suis agenouillée, j’ai compris que je m’étais trompée. Il existe une certaine indignation perplexe que les Blancs réservent aux autres Blancs qui 'trahissent' leur race, et, cette semaine-là, j’ai pris la pleine mesure de sa puissance. Les critiques ne cessaient d’affluer. (…) Les courriers haineux déferlaient au bureau de mon agent. (…) Je ne m’attendais pas du tout à une indignation de cette ampleur", écrit-elle.
Si son écriture reste un peu trop parlée, et où les apartés sont nombreux, ce style a le mérite de rythmer le livre. Cet effet donne l’impression que Megan Rapinoe discute avec le lecteur, et que parfois elle se confie directement à lui. A travers des petites touches ici et là, elle dresse par ailleurs un portait de l’Amérique d’aujourd’hui, son Amérique, qui permet parfois de mieux comprendre, si cela était nécessaire, l’origine de son militantisme.
One life, de Megan Rapinoe, Ed Stock, 280 pages, 20,50 €.
► Une histoire de vie hors du commun
Il y a des parcours de vie qui impressionnent, qui laissent parfois sans voix. Celui de Damien Seguin en fait partie. Né sans main gauche, ce Briançonnais de 41 ans est devenu le premier skipper handicapé à s’élancer dans la mythique course du Vendée Globe. Et durant toute sa vie, Damien Seguin a écrit l’histoire. C’est justement cette histoire de vie qu’Eric Cintas, journaliste à France Télévisions, a voulu retracer. On se laisse rapidement séduire par ce marin, décrit dans cet ouvrage comme un personnage drôle, attachant, courageux, méticuleux et ambitieux.
A travers un récit fluide, qui se lit d’une traite, le journaliste narre sa vie, de son enfance à ses succès, des trois Routes du Rhum accomplies, aux deux titres paralympiques en passant par les nombreuses distinctions qu’il a reçues comme les titres d’officier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Ordre national du Mérite. Au milieu du livre, quelques pages retracent en photos toute la vie de Damien, de sa naissance au Vendée Globe 2020. Une véritable leçon de vie.
Damien Seguin, le défi d’une vie, d’Éric Cintas, Ed Glénat, 236 pages, 19,95 € .
► Le trail en montagne version XXL
Cet ouvrage plaira aux aventuriers, ou aux amoureux de l’aventure et de l’évasion. François Suchel raconte dans son livre sa traversée de l’Himalaya, en alternant la marche et la course. En trois mois, ce baroudeur a parcouru 2500 km et gravi 105 000 mètres de dénivelé, sans assistance, avec pour seul équipement son petit sac à dos. L’objectif : se rendre de Dharamsala, lieu de résidence du Dalaï-lama en exil dans le nord de l’Inde, à Katmandou au Népal. Parti seul de Dharamsala, il arrive donc à Katmandou, après être passé par le Zanskar, les sources du Gange, la Nanda Devi, le Mustang, les massifs mythiques de l’Annapurna et du Manaslu. Sa femme et un de ses amis, Nicolas, l’accompagneront à tour de rôle sur des parties du parcours. En fil rouge de cette expédition, François Suchel admire l’Himalaya immense, magique "avec ses paysages grandioses, ses glaciers, ses déserts et ses jungles, ses villages accueillants et ses dieux partout".
Des nuits glacées, à la fatigue, à la faim, aux petites blessures et aux moments de doute, en passant par les belles rencontres, François Suchel se livre à cœur ouvert aux lecteurs, en y décrivant toutes les sensations vécues lors de cette expédition. Un défi tant physique que mental que nous partage ce "simple amateur" de course à pied. Plus que le défi, ce carnet de route exaltant est aussi le récit d’une aventure humaine et spirituelle. Il en profite pour questionner le lecteur sur l’industrie formatée du trail et sur le tourisme, et l’invite à réfléchir à voyager autrement.
Liberté, foulées, fraternité, 2500 km de trail en Himalaya, de François Suchel, Ed Glénat, 168 pages 19,95 €.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.